L’article
34.3 exempte de l’application de certains articles de la Loi X, des
décisions importantes et fondamentales, prises en vertu des articles 34.7,
34.12 et 34.27, devraient être assujetties à l’ensemble de la Loi X,
notamment, afin de permettre aux clients de faire valoir leurs observations.
Hein?
Ça fait pas de sens. Je relis. Ça fait pas plus de sens. J’essaie quelques
permutations de virgules, des changements d’accord… Qu’est-ce qui devrait être
assujetti à quoi? Les décisions? Les articles? Aucune idée. Je vais voir l’avocat
qui a rédigé cette... "chose". Moi - Me Tête, dans ce paragraphe-là, je comprends pas ce que vous voulez dire, est-ce que...
Me Tête (Grosse de son prénom) m'interrompt avec hauteur - Tu comprends pas parce que c'est du droit.
Je serre les dents. Depuis le temps que je lis du droit, j'pense que je le comprends pas pire. Mais les avocats sont très chatouilleux à propos de leurs actes réservés et l'interprétation du droit en est un, alors j'insiste pas. De toute façon, c'est pas l'argument juridique le problème ici. Plutôt le crime abject à l'encontre de la syntaxe. Et la condescendance qui l'accompagne.
Moi - Je ne veux pas dire que je ne comprends pas le contenu. Je ne comprends pas la phrase, qu'est-ce qui est...
Me Très Grosse Tête - C'est du droit, bon, c'est clair pour un avocat. Envoie-la au client.
Normalement je m'obstinerais (le droit ça s'écrit en français que je sache! et on est pas pour envoyer une horreur pareille au client!), mais comme c'est pas la première fois que Grosse Tête fait l'erreur de me prendre pour une idiote, j'obtempère.
Sur le chemin vers mon bureau, je croise un autre "maître", plus parlable. Je lui mets la phrase sous le nez.
Moi - Est-ce que vous comprenez cette phrase?
Me Parlable, les sourcils froncés, relisant le truc - Hein? Qu'est-ce qui est assujetti à quoi?
Moi - Peu importe, vous venez de me prouver ce que je pensais.
Je retourne à mon poste et, tel qu'ordonné, expédie l'opinion au client. Sans surprise, une demi-heure plus tard, par retour de courriel, je reçois la phrase soulignée de rouge avec pour seul commentaire du client : "Pardon?". En souriant, je transfère le courriel à Me Grosse Tête.
La vengeance est un plat qui se mange froid.