mardi 17 septembre 2024

Vivre à deux écrivains

L'avantage de vivre à deux écrivains sous le même toit, c'est qu'on rencontre toujours beaucoup de compréhension quand on dit "je veux écrire" (on n'a même pas besoin de préciser "sacrez-moi patience") ou quand notre corps est autour de la table au souper, mais que notre tête est restée dans une carapace d'escargotte géante, dans un hôpital futuriste ou dans un autre recoin de notre imaginaire. 

En plus, on se nourrit mutuellement. Discuter de problèmes autour d'un café ou d'un martini (selon l'heure de la journée), c'est parfait pour les dénouer. Lire côte à côte permet aussi de faire rebondir en direct nos trouvailles, nos idées... À d'autres moments, on se dit carrément "Hé, j'ai pensé à X, me semble que ça irait bien dans Untel de tes projets". 

Le seul désavantage, c'est que... des fois l'autre a raison! Comme lorsqu'on explique un nouveau concept, qui pourrait devenir un quatrième projet de roman, et qu'on se fait répondre que ça s'hybriderait fort bien avec le projet numéro deux... Mais non! Il est commencé ce roman... Ça marcherait pas... Il faudrait le changer d'univers... Ça marcherait pas... Faudrait faire des recherches de plus... Surtout, il y a tel point de l'intrigue qui marcherait p... Ah merde oui, ça marcherait. Et ça aussi, ça irait mieux. Et ça. Et... Et merde!

Bilan : une conversation de fin de soirée autour d'un verre de vin m'a fait scrapper des pages déjà écrites et j'ai des semaines de recherche devant moi. Mais le projet vient de prendre le souffle qui lui manquait.

Parlant de souffle, j'ai un peu perdu le mien en voyant ça ce matin : 


Je compte les dodos d'ici au Boréal!!!

vendredi 30 août 2024

Douceurs d'automne

La chaleur humide d'août m'a été pénible. Je m'étonne un peu de ne pas avoir noyé mon ordinateur dans une flaque de sueur!

Mais, enfin, l'automne pointe le nez. Ma fille est de retour à l'école. Les matins sont assez frais pour que le café se boive chaud, sur la terrasse, avec un châle sur les épaules. 

J'aime l'automne et sa fraîcheur qui se combat à coup d'étoffes douces et de plats réconfortants. 

En plus, c'est la rentrée littéraire moment... ok, moment un peu trop chargé de mon année! Même en essayant de réduire les engagements au minimum nécessaire, je me retrouve souvent à devoir allonger mes journées de travail et sacrifier mes fins de semaine. 

C'est ma première rentrée comme éditrice adjointe et j'essaie de me rendre aussi utile que possible. 

En tant qu'autrice, je viens d'achever la préparation de mon prochain recueil, à lire en 2025 aux Six Brumes. 

J'ai aussi écrit un texte pour un contrat trippant, mais dont je ne peux rien dire pour le moment. 

Je participe à un jury. 

Je me suis inscrite à un atelier d'écriture. 

J'essaie d'avancer mes romans. 

Et puis il y aura le Boréal, où j'animerai une table-ronde et participerai à deux autres, non, trois autres. Plus la projection de "La Barque" en soirée. Ouf. 

Mais après le Boréal, j'ai prévu du repos. Pas d'engagements professionnels en octobre cette année. Je veux profiter du mois. Faire une escapade en amoureux. Savourer l'Halloween et ses préparatifs. Manger du pain à la citrouille sous les arbres qui changeront de couleurs. 

En lisant le recueil de nouvelles d'Halloween des Six Brumes, tiens! J'y signe un texte qui revisite un folklore celte cher à mon coeur, celui des deux Cours des fées et de leur règne en alternance. 

Si vous voulez m'imiter, la prévente est par ici : 

https://sixbrumes.com/prevente/

Et je vous réécris en octobre, pour vous dire si j'ai vraiment réussi à alléger mon horaire! hihihihi!

vendredi 2 août 2024

Vacances tranquilles

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre de nos vacances-à-la-maison ("staycation") avec la Communauto sous la main pour explorer les environs. On avait surtout besoin de se reposer et de mettre de côté les horaires, alors c'était un bon plan, mais j'avais peur que ce soit un peu plate. Après tout, on habite pas exactement une région touristique. Mais pourtant, on a trouvé en masse de quoi s'occuper! Bon, on est sortis un peu de la région à l'occasion, mais le moment fort des vacances - tenir un oiseau de proie sur notre poing -  il s'est passé à même pas 30 minutes de la maison! (Ma puce veut maintenant devenir fauconnière, hihihi!) 

Petit collage souvenir

On s'est aussi enivrés de l'odeur de la lavande, on a exploré des sentiers, joué au lasertag, observé les carpes des jardins botaniques, abusé de la piscine, fait un saut en Outaouais pour voir le parc Oméga, lu, écrit et profité abondamment du marché fermier local. Bref, on a fait tout ce qu'on a pas le temps de faire d'habitude, ce qui est pas mal le but des vacances. 

Seule ombre au tableau : maudit que ça passe toujours trop vite! Lundi, c'est le retour au boulot!

vendredi 12 juillet 2024

La vie, l'univers et tout le reste...

J'ai eu 42 ans la semaine dernière. 

Depuis janvier, j'ai écrit 5 nouvelles, reçu mon 4e prix Boréal, vu un film tiré d'un de mes textes prendre forme, tenu dans mes mains ma troisième traduction, édité des romans, révisé des épreuves, cherché de l'or dans la slush pile... 

Dans la série "The Hitchhiker's Guide to the Galaxy" de Douglas Adam, le chiffre 42 est la réponse à  "Life, the Universe and Everything"... mais la question exacte reste à trouver. 

Pour moi, j'ai l'impression que la question aura été "À quel âge tu vas arrêter de courir sans savoir après quoi?"

D'aussi loin que je me rappelle, je cherchais... cherchais l'amour, cherchais les opportunités de carrière, cherchais le calme, cherchais le bonheur, cherchais un sens, me cherchais moi-même...

J'ai sans doute pas tout trouvé de manière définitive (soyons honnête, ça deviendrait vite ennuyant!) mais j'ai l'impression que, à l'avenir, je n'aurai plus autant besoin de courir. 

Je suis en sécurité, au calme, entourée d'amour, ma carrière semble s'être placée : j'adore mon boulot d'éditrice adjointe et ça me donne la stabilité pour que l'écriture avance lentement mais sûrement. 

J'essaie de cultiver le bonheur quotidiennement, par petits instants, autour d'un café, d'un câlin, d'un bouquin... Sans attendre la perfection, juste en appréciant les moments qui passent. 

Et, justement, je vais avoir plein de moments à apprécier, parce que ce soir, les vacances commencent. 

Au programme? Rien. 

On a loué une Communauto, on va faire des excursions d'une journée, explorer notre région, puis rentrer boire l'apéro sur la terrasse en lisant un bouquin, nager dans la piscine et dormir dans nos lits.

J'ai hâte! Hihihihi! 

(Ok, la question pourrait aussi être "À quel âge as-tu accepté que c'est reposant d'être plate?")

vendredi 7 juin 2024

La fin du cumul

Avant-hier, j'ai envoyé ma troisième nouvelle écrite depuis janvier. 

Hier, j'ai pris congé. 

Il était mérité. Parce qu'en remettant ce troisième texte, j'ai accompli un truc important : j'ai vidé mon agenda d'écrivaine/travailleuse autonome. Je n'ai plus d'engagements devant moi : pas d'ateliers, d'animations, de dates de remise...

Il y a un an, ça m'aurait fait mourir d'angoisse. Mais j'ai un emploi stable à présent comme éditrice adjointe. Je n'ai plus besoin de remplir mon horaire de milliers de petits contrats qui me procureront peut-être, à la fin de l'année, un revenu à peu près viable. C'est fou l'espace mental que ça m'a libéré!

Je peux lever le pied sur les tâches cumulées. Accepter uniquement les mandats qui me plaisent réellement. Recommencer à explorer hors de mes zones de confort.

Me concentrer, enfin, sur mes romans. 

C'est amusant, car cette liberté retrouvée coïncide avec l'année scolaire de ma puce qui achève. On va être deux en mode festif dans les prochaines semaines! hihihihi! Car avant de me mettre à écrire, je dois résoudre un dilemme : fantasy ou fantastique?

samedi 18 mai 2024

Émotions et rationalité

La physique nous dit que si on pousse un vase en bas d'une table, il va tomber et, selon la nature du sol et le matériau du vase, peut-être se briser. 

Cause, effet. Raison, conséquence. 

La psychologie nous dit que si on insulte quelqu'un, il va réagir, soit avec colère, soit avec tristesse, selon ses dispositions psychologiques et la nature de l'insulte. 

Cause, effet. Raison, conséquence. 

Alors pourquoi est-ce qu'on essaie de nous faire croire depuis des siècles que l'émotivité est dépourvue de logique? Qu'elle s'oppose en tout point au raisonnement, à la rationalité, qu'elle n'est pas issue de notre intelligence humaine? 

Parce que ça permet de contrôler les moins privilégiés de la société. De minimiser leur révolte et leur colère. C'est facile d'avoir l'air froid et rationnel quand on ne souffre pas d'une situation quelconque. De se poser en pur esprit. De rire de l'émotion, de l'emportement et des larmes de son vis-à-vis. De le déshumaniser.

Mais on ne dit pas au vase qui se brise en tombant qu'il réagit exagérément à la cause. Ou qu'il réagit trop vite. 

Il faut cesser d'agir comme si les émotions (surtout celles des femmes) se sont pas les conséquences normales, naturelles et, oui, rationnelles de ce qu'on vit, voit, entend. Ce n'est pas parce que notre raisonnement humain réagit instantanément au stimulus (insulte, douleur, etc) qu'il a été court-circuité. 

Certains jours on réagit plus fort que d'autre? Encore là, il y a des raisons (hormones, fatigue, sujet, contexte...). Le vase peut tomber sur un tapis ou sur de la pierre. Il ne se brisera pas de la même manière.

J'ai l'impression que, comme écrivain, il est particulièrement important de mettre de côté cette idée que les émotions sont illogiques. Il faut, au contraire, s'attacher à bâtir la logique auxquelles elles obéissent. 

Là-dessus, je m'en vais essayer de trouver un peu de temps pour écrire. ;) 

lundi 22 avril 2024

La Barque - le tournage

L'aventure complètement folle de "La Barque" se poursuit. 

Il y a deux semaines, j'ai bravé 1h40 de transport en commun (aller seulement!) et je me suis rendue jusqu'aux studios où Vanessa et son équipe des Productions Montagnes Hallucinées tournaient la majorité des images du film. 

Ce n'était pas la première fois que je constatais qu'un studio d'enregistrement audio-visuel, ce n'est vraiment pas grand (j'ai eu droit à deux entrevues télé en carrière)... mais je crois que je n'imaginais pas la quantité de gens qui occupent un plateau de cinéma! 

En plus, à côté des coulisses de théâtre et de danse fréquentées dans mes jeunes années (et où règne une discipline presque militaire, car il est hors de question de chercher quoique ce soit quand on doit changer de costume et retourner en scène dans 87 secondes), un plateau de tournage c'est un chaos organisé! On alterne entre des moments d'activités frénétiques (retouches maquillages, discussions sur le jeu, ajout de ceci, retrait de cela) et des instants de silence chargé lorsque "ça tourne!" C'est à s'étonner que tout le monde arrive à se coordonner (sans se prendre les pieds dans tous les fils et rails qui parsèment le sol), mais pourtant, oui, ça fonctionne!

Quand je suis arrivée, après un accueil chaleureux de toute l'équipe, j'ai essentiellement vu ça :

Beaucoup de monde, perdus dans la boucane...
J'avais le dos au mur pour prendre la photo,
ça vous donne une idée de la taille des lieux!

Évidemment, s'il y avait autant de gens, c'est que (en plus des acteurs et actrices qui constituent la pointe de l'iceberg) il faut toute une équipe technique pour faire un tournage : construction, costume, accessoire, maquillage, coiffure, son, lumière, photo, caméra, effets spéciaux... Il y a toujours quelque chose à ajuster ou réparer entre deux prises (souvent, c'était le support de la barque!). 

Douze personnes à la technique! Plus la fameuse barque...
(photo de Claude Wauthier)


Assez grande pour l'acteur et les trois actrices...
(Photo de Claude Wauthier)

Ou pour une écrivaine et une réalisatrice.
Les comédien.nes ont le coeur solide :
pour des raisons de réalisme, la barque n'était pas très stable!
(Photo Claude Wauthier)

L'enthousiasme de toute l'équipe, unie dans le but de mettre en images cette histoire (mon histoire!), m'a vraiment touchée. Voir la barque, les costumes, entendre les voix, regarder avec Vanessa le résultat des prises de vue sur un écran... J'en avais les larmes aux yeux d'émerveillement!

À un moment, une actrice m'a prise dans ses bras et m'a remerciée de "l'avoir écrite". Elle était costumée et maquillée, alors j'ai ressenti un instant d'irréalité, comme si mon personnage était sortie du texte pour venir me parler! Une fois le choc passé, je me suis félicitée de pas avoir trop fait souffrir mes personnages dans ce texte... Enfin, pour la plupart! :p 

J'ai vraiment hâte de voir le résultat final. C'est prévu pour septembre. Je vous tiendrai au courant!

En attendant, les bonnes nouvelles se multiplient. Je crois que je ne réalisais pas ce que j'écrivais avec cette nouvelle. Pour moi, c'était une variation sur le thème des trois sorcières, une histoire de sororité touchante, certes, profondément féministe, mais toute simple, conçues pour répondre aux contraintes de l'appel à texte. Il semblerait cependant que cette histoire fait vibrer quelque chose chez mes lecteurs et, surtout, mes lectrices...

Au point où une jeune étudiante en traduction du Royaume-Uni (!) vient de me demander la permission de traduire mon texte pour son projet de fin d'étude! (J'ai évidemment accepté!) Les trois sorcières étant un motif bien connu en Angleterre (notamment à cause des "weird sisters" du Macbeth de Shakespeare), c'est vraiment génial de savoir que mon interprétation y sera publiée!

Si vous voulez vivre la même folle aventure, le concours de "nouvelles à adapter" connaîtra sa deuxième édition cette année! Allez, qui ne risque rien...