lundi 30 novembre 2020

Prix Boréal de la meilleure nouvelle!

Eh bien... Au nombre de nouvelles que je publie chaque année, il m'est quand même arrivé souvent d'être finaliste au prix Boréal de la meilleure nouvelle. Cependant, depuis "Le Chasseur" en 2013, je ne l'avais pas remporté. 

C'est donc avec grand plaisir que je vous annonce que "Oikos cherche cuisinière" (parue dans le #210 de la revue Solaris) vient de recevoir le prix Boréal de la meilleure nouvelle!!!

Ça tombe bien : je suis particulièrement fière de ce texte. Il contient à la fois l'amour d'une mère pour sa fille, le souvenir d'une mamie au grand coeur et les germes d'une organisation sociale différente, pas toujours facile, mais imprégnée de chaleur humaine. 

La chaleur qui me manque tant depuis mars...

(Pour l'anecdote, ce texte a été présenté au prix Solaris l'année où Luc Dagenais est arrivé avec "La déferlante des mères" aussi connu comme "Les plus belles pages jamais écrites sur le fait d'être mère pis le texte qui a remporté tous les prix possibles cette année-là, incluant le GPI de la meilleure nouvelle qui n'avait jamais été gagné par un Québécois!"... bref, mon oikos avait aucune chance! hihihihi! Une chance que j'aime Luc ;)

Les autres gagnants des prix Boréal de cette année sont :

Meilleur roman - Patrick Senécal : Ceux de là-bas (Éditions Alire)

Meilleure bande dessinée - Axelle Lenoir : Si on était T.1 (Front Froid)

Meilleur ouvrage connexe - Brins d’éternité 52-54

Création artistique visuelle - Émilie Léger

Et finalement, catégorie Fanédition, c'est le blogue de Mariane Cayer aka Prospéryne qui emporte les honneurs bien mérités!

jeudi 26 novembre 2020

Découper les scènes

 Annie se réveille dans sa chambre jaune, se lève, s'étire, s'habille chic parce qu'elle a une entrevue aujourd'hui. Puis elle se rend dans la cuisine et se sert son déjeuner habituel : bagel et café. Au moment de prendre sa première journée de café, elle le renverse sur sa blouse... *suit une série d'événements qui découlent de ce dégât*

***

Au moment de prendre sa première gorgée de café, Annie le renverse sur sa blouse. La tenue préparée pour son entrevue est gâchée! *suit une série d'événements qui découlent de ce dégât*

***

Est-ce que vous remarquez une différence entre ces deux bouts de texte? Aucun des deux n'est digne d'un prix littéraire, mais lequel vous semble le plus efficace? Et pourquoi?

Si vous avez répondu le deuxième et "parce qu'il commence plus près de l'action importante", vous partagez mon interprétation des choses. Je dirais que vous êtes, comme moi, sensible au découpage de l'action, aux scènes d'un récit. 

C'est quoi une scène? Laissez-moi faire un détour par ce qui m'a servi d'école de narratologie : les jeux de rôle. 

Dans les jeux de la compagnie White Wolf (Vampire the Mascarade et Mage the Ascension entre autres), une scène était définie comme un moment où le joueur devait soit jouer minutieusement son personnage (par exemple lors d'un dialogue avec un autre personnage) soit effectuer des lancers de dés en rapport avec ses capacités physiques ou pouvoirs surnaturels. Bref, une scène, c'était le moment où il se passait de quoi. Où on se contentait pas, en tant que joueur, d'écouter le maître de jeu nous raconter qu'on se baladait en voiture à travers la ville endormie. 

Cette unité narrative se transpose parfaitement en termes littéraires : une scène, ça peut être un chapitre ou une section de chapitre (ou une section de nouvelle si vous travaillez le texte court). C'est dans tous les cas, le moment d'une histoire où il se passe quelque chose d'important. Un personnage apprend une information, prononce une parole, pose un geste, subit un événement ou vit une émotion qui seront significatifs dans le dévoilement de leur personnalité ou l'avancement du récit. 

J'ai lu récemment plusieurs romans où les scènes n'étaient pas découpées. Un personnage se levait, déjeunait en jasant avec ses parents, puis allait se balader, regardait un jardin bien paysagé, se faisait attaquer par un voleur et se défendait, puis s'enfuyait... et toutes ces actions semblaient aussi importantes les unes que les autres. L'attaque, le combat, la fuite, ça ne ressortait pas du texte, ça n'avait pas l'air d'un moment fort, car ça occupait autant d'espace que le déjeuner où il ne se passait rien d'important. 

Oui, raconter tous les moments comme s'ils avaient la même importance, ça peut donner, parfois, un "effet de réel"... mais la plupart du temps, ça va juste ennuyer le lecteur, diminuer la tension. 

Un exemple : en règle générale, si votre personnage doit sortir de son bureau et gagner celui de son collègue, le lecteur n'a pas besoin de savoir que, pour ce faire, votre personnage doit tourner à gauche, passer devant la salle de bain, tourner à droite, puis... Il se lève et gagne le bureau de son collègue, point. On raconte ensuite la conversation. Si le trajet jusqu'au bureau est important parce qu'il servira plus tard (par exemple parce qu'un zombi sera en embuscade dans la salle de bain) alors oui, vous devez le décrire. Cependant, si vous voulez que votre lecteur y porte attention, il faudrait éviter d'avoir aussi décrit le trajet entre la chambre et la salle de bain, la maison et le café du coin, le café du coin et le travail, alouette! Quelques détails superflus dans un texte, c'est comme une musique en bruit de fond durant un souper: ça met de l'ambiance et de la vie, mais si vous poussez trop le volume, on ne s'entend bientôt plus penser et on perd la conversation principale. En cas de doute, coupez le son, vous le remonterez plus tard, à petites touches. 

Mon truc personnel pour savoir si j'ai bien découpé mes scènes : si je me retrouve en train d'écrire un passage fastidieux, un bout que je trouve moi-même plate, les chances sont que j'ai mal cadré ma scène. Que je suis en train de raconter des trucs qui devraient se produire dans l'ellipse, dans les blancs entre deux chapitres. Qui se résumeraient aisément en une phrase de flashback. Parce qu'ils servent simplement à faire le pont entre deux scènes. 

Dans ce temps-là, je prends un pas de recul. J'observe mon texte (ou je retourne à mon plan). Je me demande ce que je dois raconter ensuite... et je m'y mets. Sans finir le bout de texte (plate) qui pendouille. Souvent, en écrivant cette nouvelle scène, je trouve les manières de combler les blancs, d'inclure en résumé les informations que j'allais raconter au long. Alors, je retourne en arrière et je coupe les bouts de texte inutiles. Comme on rognerait le décor d'une photo mal cadrée. 

Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire?

vendredi 6 novembre 2020

Un semblant de normalité

Mon amoureux est installé chez moi depuis août. On s'est trouvé une routine pas mal agréable (je mens : c'est le paradis!) et il s'acclimate bien à la vie de famille (traduction : avoir Passe-Partout en bruit de fond pendant le souper ne le dérange pas). 

La puce est de retour à l'école. Et l'école semble vouloir rester ouverte. Mon ex étant revenu de voyage, on alterne la garde et les répits me font du bien, même si j'ai tendance à m'ennuyer après quelques heures (il arrive aussi que j'oublie qu'elle n'est pas avec moi le soir et j'suis surprise de trouver sa porte de chambre ouverte alors qu'elle devrait dormir). 

J'ai retrouvé une certaine routine de travail. Mes journées, calquées sur l'horaire scolaire de ma fille, ne sont pas longues (parce que j'ai toujours pas retrouvé l'énergie de vraiment travailler le soir), mais au moins mes trucs avancent un peu. 

Je viens de terminer une autre ronde de révision de mon roman policier. Il partira chez l'éditeur demain. 

Un contrat de direction littéraire devrait démarrer sous peu. 

J'ai deux critiques à écrire. 

On m'a demandé de faire partie d'un jury, alors j'attends les livres associés. 

Il y aura peut-être des activités en virtuel dans un futur proche. 

Bref, la vie reprend peu à peu. Retrouve un semblant de normalité. Mon quotidien est fait de douceur. J'ai pas envie d'être bousculée, stressée, essoufflée. Il y a eu une époque où ça me faisait me sentir vivante. Maintenant, ça m'épuiserait. Est-ce l'effet du divorce, du déménagement, du nouveau couple, de la pandémie? Mystère. Peu importe. Je me donne le temps qu'il me faut. 

Et j'écris. Enfin!