mardi 30 avril 2013

Scène de bureau (19)

Une nouvelle collègue passe près de moi durant mon heure de dîner. Café dans une main, je fixe mon écran en fronçant les sourcils. Je ne m'en aperçois pas, parce que je suis concentrée, mais elle reste debout, juste à l'extérieur de mon champ de vision, pendant un bon trois minutes avant de me demander :

Elle - S'cuse-moi, mais... Tu fais quoi exactement?

Moi, ramenée brutalement à la réalité et n'ayant pas encore remis tous mes filtres "sociaux" - J'essaie d'écrire une histoire sans tuer personne.

Elle - Euh... Tu veux dire que tu essaies d'écrire une histoire dans laquelle il n'y aura pas de mort?

Moi, surprise de sa question - Oui, pourquoi?

Elle - Oh, rien.

Et elle a disparu dans son bureau avant que j'aie le temps de réaliser toutes les implications des paroles exactes que j'avais prononcées. Oups! ;)

lundi 29 avril 2013

Indulgence narrative circonstancielle

En fin de semaine, je jouais une partie de Donjons et Dragons (DnD) avec des amis. Et, comme toujours, j'occupais la fonction de maître de jeu (Dungeon Master ou DM pour les intimes... pour les autres, ça veut dire que je joue les ennemis et que je raconte le corps de l'histoire). Arriva en cours de partie une circonstance typique d'une histoire de DnD : les personnages ont été capturés, enchaînés, bâillonnés et s'apprêtaient à subir un sort funeste.

Malheureusement, suite à une série de malencontreux jets de dés (pour les non initiés : à DnD, quand vous voulez savoir si vous réussissez une action, vous roulez les dés et, selon le personnage joué, vous avez un certain pourcentage de chance de réussir ou d'échouer), le voleur du groupe avait perdu connaissance et ne pouvait donc crocheter le cadenas des chaînes de ses amis et le guerrier venait d'échouer le jet qui lui aurait permis de briser ses chaînes grâce à sa grande force. Dans la salle voisine, le bourreau affûtait sa hache. Bref, on s'enlignait pour une fin de partie un peu abrupte. C'est alors que le joueur du mage m'a lancé :

- J'active le sort qui me permet de faire apparaître mon dragonnet-familier et il fait fondre nos chaînes avec son souffle. Ça va brûler un peu, mais...

J'ai regardé le joueur de travers.

- C'est un sort qu'il faut que tu lances d'avance. Tu ne m'as jamais dit que tu l'avais fait dernièrement.

- Voyons, m'a dit le joueur, tu sais bien que mon personnage lance ce sort tous les matins.

Et là je me suis retrouvée dans une situation bien connue de tous les DM du monde. La situation où tu considères l'idée d'être ultra-indulgent envers un joueur parce qu'il :
A- possède un livre de règles important et tu ne veux pas risquer qu'il se frustre et parte avec;
B- est un bon ami, mais trop attaché à son personnage, et tu ne veux pas te le mettre à dos;
C- est la blonde ou le chum d'un autre joueur et tu tiens à ce que le conjoint continue à jouer;
D- a eu une idée permettant de sauver le groupe et de continuer à faire avancer l'histoire que tu as pris des semaines à préparer, mais qu'une série de jets de dés malchanceux est en train de massacrer.

Comme la situation tombait clairement dans la catégorie D (la circonstance la plus valable, mais malheureusement pas la seule auxquels les DM doivent se plier), j'ai accepté que le joueur puisse activer son sort, même s'il n'avait pas mentionné l'avoir lancé lorsqu'il m'avait narré les faits et gestes de son personnage. Les personnages se sont libérés de leurs chaînes et l'histoire a repris son cours...

J'ai été indulgente, donc, pour le bien de l'histoire. Et parce que, lorsque je suis DM, je veux avant tout que tout le monde autour de la table ait du fun. Le but, c'est pas tant de raconter une bonne histoire (celle-là, en l'occurrence, parlait d'aller sauver une princesse détenue dans un château!), juste de mettre en place une trame dans laquelle les joueurs pourront improviser les actions et réactions de leurs personnages.

Quand quelqu'un improvise, faut être indulgent à son égard.

Mais transposez-moi le même genre de situation dans un roman (un personnage qui active quelque chose de "préparé à l'avance", alors qu'on ne nous a jamais mentionné qu'il se préparait) et là, je n'aurai aucune indulgence. Premièrement, les chances sont grandes pour que l'auteur ne puisse pas partir avec mes livres de règle, qu'il ne soit pas un ami assez proche pour que son opinion me dérange, qu'il ne sorte pas avec un de mes amis proches... et que si son histoire s'en va à vaux l'eau, ce ne soit pas mon problème.

Bref, quand on écrit et qu'on improvise une solution, faut oublier le conseil "ne relisez pas ce que vous avez écrit". Faut prendre le temps de retourner huit pages en arrière pis de rajouter une petite mention ou deux, histoire que vos lecteurs ne s'aperçoivent pas que vous venez de leur sortir un lapin d'un chapeau. Attendez pas la direction littéraire pour faire la correction.

D'un coup que ça passerait tout droit, que ça se retrouverait imprimé pis que ça inspirerait un billet de blogue... :p

vendredi 26 avril 2013

Scène de bureau (18)

Arrivée au bureau. Yeux collés d'avoir écrit trop tard la veille. Piscine de café latté dans une main. Bagel dans l'autre. Patron est au téléphone. Parfait. Besoin de boire mon café avant de pouvoir jaser. Saluer le patron de la tête. M'asseoir à ma place. Prendre une grande gorgée de café. Une autre. Ah! Une fois la caféine introduite dans mon système, on dirait que mes neurones daignent se remettre en marche.

Sans même vouloir tendre l'oreille, la rumeur indistincte de la conversation de mon patron devient soudain plus nette. Je surprends la phrase suivante :

- Pas de problème! Notre nouvelle technicienne est écrivaine. J'vais lui demander de donner du style à ce rapport-là.

Oh oh! Mes facultés mentales passent en alerte rouge, comme chaque fois que le mot "style" est utilisé en conjonction avec toute idée de communication corporative!

Voyez-vous, selon mon expérience personnelle, toute communication de la famille des lettres se terminant avec "Dans l'attente de votre réponse, veuillez agréer nos distinguées salutations" peut se présenter sous deux formes : A- balourdement maladroite ou B- platement précise. Lorsque mes patrons me demandent de donner du style à une communication de forme A, il est assez facile de les satisfaire en l'amenant à la forme B.

Mais j'ai toujours peur qu'un jour, sous prétexte que je suis écrivaine, il se trouve quelqu'un pour me demander de donner "du style" à une communication corporative de forme B.

S'cusez, mais y'a pas grand chose à faire avec une communication corporative si elle est déjà claire et précise. Mettons que j'y appliquerais le style infinitif-télégraphique de mes histoires d'espionnage... La salutation deviendrait "Attendons votre réponse. Agréez nos salutations." Hum... Pas sûre. Je pourrais peut-être essayer le style japonisant d'Hanaken? "Dans l'attente de votre réponse, nous vous invitons à admirer les fleurs de cerisier, car la vie est aussi fugace que l'ombre des nuages sur la plaine." Mouais... Peut-être si je travaillais pour une compagnie de produits nouvel-âge... ou de jardinage...

Alors que j'essaie de contrôler mes angoisses, et d'imaginer une salutation "stylisée" qui demeurerait professionnelle, mon patron sort de son bureau.

- J'ai vraiment besoin de toi, me lance-t-il. Faut que tu donnes un peu de style à ce rapport-là!

Il me tend une liasse de paperasse. Je regarde un paragraphe au hasard. "L'assurance sus-mentionnée est au surplus de l'assurance supplémentaire qui assure l'assuré selon une couverture d'assurance..."

Au moment même où les répétitions me vrillent le nerf optique, submergeant de douleur mon sens esthétique, je ressens un intense soulagement. Ouf, le défi stylistique insurmontable ne sera pas pour cette fois! ;)

Un jour, faudra quand même que j'essaie de leur expliquer la différence en un style littéraire et une simple rédaction intelligible...

jeudi 25 avril 2013

Colle, peinture et tissu

Je sais pas si aujourd'hui c'est la journée internationale du kiwi ou de la lutte contre le cancer du petit orteil, mais là après deux journées mondiales de suite (livres et secrétaires), je crois que je vais prendre une pause de célébration! ;)

Pendant que je décolle patiemment mes bouts de doigts pognés ensemble par la crazy glue, que je gratte la peinture dorée qui s'est ramassée dans mon front et que j'essaie de débarrasser mes cheveux des bouts de tissu qui y sont emmêlés, je vous invite à aller consulter le programme du Congrès Boréal.

Ouaip, le congrès, c'est dans une semaine à peine.

Et, oui, la première activité à laquelle je participerai, c'est la Mascarade du vendredi soir.

Ah, là vous comprenez d'où vient cette histoire de colle, peinture et bouts de tissu? Vous êtes bons! ;)

À part moi (et Vincent), qui viendra costumé à la Mascarade?

mercredi 24 avril 2013

De secrétaire à technicienne

Dans l'univers du secrétariat, où j'évoluais depuis mes 16 ans, il y a une hiérarchie...

Vous commencez généralement réceptionniste et 90% de votre temps se passe à répondre au téléphone ou à accueillir des clients en chair et en os. Vos journées se résument à interagir avec des gens qui savent pas trop ce qu'ils veulent, sauf qu'ils le veulent maintenant. À vous de les diriger vers les bonnes ressources, tout en projetant une image permanente de gentillesse et de bonne humeur!

Si vous survivez à votre expérience (et vous démontrez votre capacité à timbrer des enveloppes entre deux appels), vous pourrez ensuite devenir secrétaire-réceptionniste. Ce qui signifie généralement que répondre au téléphone et aux clients qui se présentent en personne constitue 20% de votre description de tâche, mais occupe 50% de votre temps... Vous taperez vos premières lettres, imprimerez des factures et accomplirez d'autres petits boulots qui ne vous demandent pas trop de capacités cognitives, hormis une bonne faculté d'adaptation aux nouvelles versions des logiciels bureautiques, qui changent constamment, ainsi qu'aux différents modèles de photocopieurs, ou plutôt aux différentes manières de les débloquer...

Un moment donné, vous vous dégotterez un boulot de secrétaire tout court. Dans les boîtes "modernes", on vous appellera peut-être une "adjointe", mais ça revient au même. La bonne nouvelle, c'est que vous passerez désormais beaucoup moins de temps au téléphone. La mauvaise nouvelle, c'est que désormais votre travail vous sera délégué directement par un ou plusieurs patrons. Si ces patrons sont des personnes intelligentes et gentilles, à l'écoute de votre rétroaction et prêtes à utiliser votre plein potentiel, vous aurez un boulot stimulant et vous sentirez que vous êtes un membre précieux de l'équipe, même si vous accomplissez surtout des tâches humbles (faire de la correction, de la mise en page, gérer de la correspondance papier ou électronique, rédiger des premiers jets à partir d'idées éparses, classer des dossiers, organiser des réunions, coordonner des agendas, etc). Si vous héritez de patrons condescendants et obtus, ben vos tâches seront emmerdantes et répétitives. Mais bon, suffira probablement d'envoyer quelques CV pour vous trouver un autre boulot de secrétaire ailleurs...

Et ce boulot suivant pourrait être un poste de secrétaire de direction ou d'adjointe exécutive. Le haut de la hiérarchie! La job de secrétaire comportant, théoriquement, le plus de responsabilités. Par expérience personnelle, je vous dirais que c'est surtout le poste où vous êtes le moins impliquée dans les dossiers, mais où vous avez le plus de maternage de patron à faire, parce que les directeurs ne créent pas de contenu, ils gèrent le contenu créé par d'autres et ils ont tendance à être débordés. Alors vous allez devoir pédaler pour tenir l'agenda de votre patron à jour, rassembler ses dossiers, répondre à ses courriels et vous assurer qu'il remettra ses rapports dans les temps. Si votre patron est sympathique et que vous êtes du genre à tirer satisfaction de la reconnaissance exprimée à votre égard, vous serez heureuse.

Si vous êtes plutôt de caractère indépendant et/ou que vous êtes tombée trop souvent sur des patrons chiants, vous déciderez peut-être, après avoir goûté à ce "couronnement de carrière" qu'est un boulot de secrétaire de direction, soit de redescendre dans la hiérarchie (parce qu'il y a des boulots de "simple" secrétaires beaucoup plus stimulants), soit de faire le saut vers un boulot de technicienne.

Plusieurs options sont alors possibles : technicienne juridique, comptable, d'assurance, en documentation, etc. Tous ces boulots demandent, en théorie, un diplôme collégial, mais les diplômés sont rares, alors avec vos expériences antérieures, vous pourrez impressionner les recruteurs et obtenir un poste. Après avoir appris quelques tâches spécialisées et quelques notions nouvelles, vous vous retrouverez, enfin, en charge complète de vos dossiers, sans patron constamment sur le dos!

Et vous passerez 90% de votre temps à répondre au téléphone ou à accueillir des clients en chair et en os. Vos journées se résumeront à interagir avec des gens qui savent pas trop ce qu'ils veulent, sauf qu'ils le veulent maintenant. À vous de leur répondre, tout en projetant une image permanente de gentillesse et de bonne humeur! Le tout, pour un salaire comparable à celui que vous gagniez en tant que secrétaire de direction.

Mais, hé, au moins vous avez un titre de "technicienne" à présent. Cependant, preuve que votre nouveau titre n'a pas changé grand chose, vous célébrez toujours la "journée des secrétaires", puisqu'elle s'appelle désormais la "journée du personnel administratif"! O_o

Enfin, au moins vos anciennes collègues, qui sont encore secrétaires, pensent que vous faites désormais un boulot stimulant et beaucoup plus complexe que le leur. Ça vous fait un petit velours! :p  Mais, malheureusement, vous apprenez en retard que votre ancien métier est celui qui fait fantasmer le plus la gent masculine. Oh well, de toute façon, j'suis déjà mariée! ;)

Bonne journée du personnel administratif à tous ceux que ça concerne!

Pour continuer sur le même thème, j'vous invite à lire la manière dont Isa parle du secrétariat. Ouaip, ça a ces bons côtés-là aussi... des fois! ;)

mardi 23 avril 2013

Ma journée mondiale du livre et du droit d'auteur

C'est la journée mondiale du livre et du droit d'auteur. Un peu partout, y'a plein d'activités qui sont organisées pour souligner l'occasion. (Comme dit mon chum, de nos jours, si t'as pas ta journée mondiale, tu dois être un homme blanc hétéro de la classe moyenne! ;)

Pour ma part, je sais pas si c'est relié, mais je m'en vais dans une école secondaire de Montréal participer à un combat des livres. J'ai vingt minutes pour prouver à deux classes de jeunes élèves que Hanaken est le meilleur roman. Ouille, avec ma propension à me perdre en digressions, ce sera pas de la tarte!

Dire que j'étais toute contente quand on m'a parlé d'un combat des livres... Il semblerait cependant que j'ai pas le droit d'attaquer physiquement les autres écrivains. Ok, je vais essayer de les vaincre dans une joute d'art oratoire d'abord.

Mais ça risque d'être plus dur! ;p

Bonne journée à tous les livres et, surtout, à leurs lecteurs! ;)

lundi 22 avril 2013

L'ordinateur, ce truc de pauvres? (mise à jour)

Ça fait des années que je lis La Presse gratuitement, en format électronique sur le web. D'abord grâce au site Cyberpresse, puis, dernièrement, via La Presse.ca. Et c'était bien, ça correspondait à mes besoins. Pour les nouvelles en direct, c'était plus à jour que la version papier. Pour les chroniques et les dossiers, le papier avait la préséance, la version électronique sortait le lendemain (ou plus tard dans la journée).

Au début de la semaine passée, La Presse a inauguré sa version pour Ipad, La Presse +. Une application totalement gratuite. Je répète, une application gratuite. Destinée exclusivement aux détenteurs de Ipad.

Résultat? Depuis le début de la semaine passée, un article intéressant sur deux se termine avec "La version complète sur La Presse +".

Hé ho! C'est quoi ce niaisage-là? Si La Presse + est tout aussi gratuite que la version en ligne déjà disponible, pourquoi est-ce que vous réservez des contenus à votre version pour Ipad? Vous avez fait une entente avec Apple et vous êtes rémunérés si les gens se mettent à acheter plus de Ipad? Vous êtes pas intéressés à informer les gens qui ne détiennent pas le dernier gugusse informatique?

Parce que oui, une tablette, à côté d'un ordinateur, ça reste un gugusse. Un gugusse de plus en plus performant, je vous l'accorde, mais un ordinateur, c'est quand même la machine qui vous permet d'éditer et de créer du contenu, pas juste de consulter des contenus déjà créés (on va me dire ici qu'il existe plein d'applications pour éditer des contenus avec des Ipad... ok, quand vous aurez tapé un roman complet sur votre Ipad, que vous l'aurez annoté, corrigé et publié, on en rejasera... j'suis bonne joueuse : roman peut être remplacé par film ou bande dessinée ou autre œuvre de longue haleine).

MISE À JOUR : Ok, Ed me dit que lui a écrit les Verrats sur son Ipad. Alors d'accord, la tablette n'est plus un gugusse. Reste que le texte qui peut être lu sur tablette peut être lu sur ordi. Donc, pourquoi le restreindre?

Bref, quand on a un budget limité pour les bidules électroniques, l'ordinateur, c'est la machine qu'on achète. Et, jusqu'à récemment, c'était un très bon choix. Bon, même un ordinateur portable c'est moins portable qu'une tablette et ça n'a pas le joli écran tactile, mais on arrive à consulter tous les contenus (photos, textes, musiques, vidéos, en ligne, hors ligne, en download, en streaming, alouette...) avec un ordinateur...

Ou plutôt, on y arrivait. Jusqu'à la création de La Presse +.

Je comprends pas du tout ce qui s'est passé. C'est quoi l'idée pour une grande organisation de négliger les utilisateurs de "simples" ordinateurs? C'est rendu dépassé un ordinateur? C'est un truc de petits pauvres?

En tout cas, c'est l'impression désagréable que ça me donne depuis quelques jours... On a même pas fini de combler la fracture numérique "traditionnelle" (le fossé entre les gens qui ont accès à un ordinateur et ceux qui ne l'ont pas) que l'industrie s'empresse d'en créer une nouvelle.

J'pense que je vais m'abonner au Devoir. Version papier.

vendredi 19 avril 2013

L'écrivain en entrevue d'embauche

Les écrivains passent rarement des entrevues d'embauche relatives à leurs écrits (quoique si vous écrivez une commande pour un éditeur ou que vous lui faites oralement un pitch de vente, vous aurez ptêt une discussion qui ressemble à une entrevue). Par contre, comme les écrivains gagnent rarement leur vie avec leur plume, ils doivent tous, un jour ou l'autre, se mettre en quête d'un boulot capable de payer les factures. Ils se retrouvent alors souvent en entrevue avec des gens qui n'ont aucune conception du milieu littéraire. Voici, selon ma propre expérience (et quelques anecdotes piquées à des amis), ce que ça risque de donner si vous avez mentionné votre art dans votre cv...

L'employeur dit : "Ah, vous avez listé l'écriture parmi vos intérêts personnels. Qu'est-ce que vous entendez par là?"
L'employeur pense : "Est-ce qu'il fait de la calligraphie?"
Vous réalisez : "J'aurais dû mettre une mini bibliographie de mes derniers titres publiés."
S'ensuivra une discussion au sujet de ce que vous écrivez et de vos publications. Préparez-vous d'avance à devoir expliquer qu'une nouvelle littéraire, c'est un très court texte de fiction. Parce que sinon, ça va donner...

Vous direz : "J'écris des nouvelles. J'en ai publié quelques unes".
L'employeur dira : "Ah oui, dans quel journal? La Presse?"
Vous réaliserez : "Je ne vais pas vraiment travailler pour cet inculte?!?"
Dans les minutes suivantes, vous devrez expliquer ce qu'est une nouvelle littéraire à un employeur gêné de sa bourde et/ou pas intéressé. Vous pourrez ensuite essayer de rattraper les pots cassés et de laisser une bonne impression ou alors vous pouvez tester discrètement la culture de votre vis-à-vis en parsemant vos réponses de citations ou de références culturelles... En passant, si vous faites ça, vous aurez probablement pas la job, à moins que le snobisme soit une qualité recherchée dans le milieu où vous postulez...

Si vous avez pris la peine de mettre vos publications dans votre cv, vous aurez droit à :
L'employeur dit : "Oh, vous êtes un écrivain publié."
L'employeur pense : "Il doit avoir un bon français." (Parce qu'il sait pas qu'on a des correcteurs)
Vous pensez : "Est-ce qu'il y a vraiment beaucoup de gens non publiés qui mettent "écrivain" dans leur cv?" (J'ai toujours pas la réponse à cette question, en passant).

Si les choses se déroulent bien et que vous pensez que vous avez des chances d'obtenir le boulot, ce sera le moment d'aborder la question délicate :
Vous : "Parfois, j'aurai besoin de prendre congé pour des salons du livre."
L'employeur répond : "Bien sûr, pas de problème."
L'employeur pense : "Le salon de Montréal, c'est en novembre me semble... C'est calme pour nous novembre." (Ici, remplacez "Montréal" et "novembre" par le nom de la ville du salon de plus proche et le mois correspondant)
Vous pensez : "Chouette, je vais pouvoir faire le Saguenay, l'Estrie, Montréal, Gatineau, Rimouski, Trois-Rivières, Québec..."

Dépendamment du milieu où vous travaillez, vous aurez peut-être droit à :
L'employeur dit : "Nous faisons signer à tout le monde des engagements de confidentialité."
L'employeur pense : "Faudrait pas qu'il base un roman sur un de nos dossiers."
Vous répondez : "Bien sûr, pas de problème."
Vous pensez : "L'engagement concerne les dossiers, pas ce qui se passe de croustillant dans le bureau... Et puis même si je m'inspirais des dossiers, si tu sais pas c'est quoi une nouvelle, c'est quoi les chances pour que tu lises celles que je publierai?"
Et vous aurez raison! ;) (mais c'est pas une raison pour en profiter, vilain écrivain! ;)

Bref, les entrevues d'embauche sont une belle occasion pour l'écrivain de tester les limites de la communication humaine! ;p

jeudi 18 avril 2013

Événement rarissime : je parle de mode

En entrant à l'université, quand j'ai à peu près abandonné le style vaguement gothique de mon adolescence (précision ajoutée puisque mon chum trouve que j'étais pas vraiment gothique... faut dire qu'on se tenait avec des gens qui l'étaient à fond!), j'ai adopté un espèce de style bohème-romantique à base de dentelles, tricots, chiffon et denim. Style qui fut brièvement à la mode au début des années 2000 et qui s'harmonise bien avec ma longue crinière...

Depuis cette époque, à chaque fois que je dois renouveler un peu ma garde-robe (parce que les vêtements que je possède finissent par s'user, malgré mes soins, pensées positives et offrandes aux divinités du textile), je peste. Les trucs que je voudrais (genre une longue jupe à volants) ne sont en vente nulle part. Je dois faire 15 boutiques avant de trouver un morceau que j'aurais envie de porter. La plupart du temps, j'abandonne en cours de route cette "chasse au trésor" dont l'objectif (avoir du beau linge) ne me motive pas plus qu'il faut. Je m'achète donc un minimum de trucs passe-partout pas trop chers et j'espère que l'année suivante la mode sera davantage à mon goût.

Cette année, le miracle s'est enfin produit : un style vaguement grunge, pas trop loin du mien, est apparu dans les boutiques. À moi les blouses en chiffon, les robes de dentelle, les jeans brodés... J'ai magasiné comme jamais ces dernières semaines!

Et là, j'ai réalisé deux choses...

Premièrement, mon budget se porte beaucoup mieux quand les vêtements à la mode ne sont pas à mon goût!

Deuxièmement, ça me met franchement mal à l'aise de rencontrer plein de filles habillées comme moi dans la rue!

J'ai soudain très hâte que cette mode passe...

mercredi 17 avril 2013

Cervelle d'écrivain (6)

Une collègue remarque un post-it collé sur le côté de mon ordinateur, portant quelques numéros de dossier.

Elle - C'est quoi ces dossiers-là?

Moi - C'est des dossiers que j'ai trouvé intéressants et que je relis quand j'ai des temps libres.

Elle, examinant attentivement la liste - Hein? Mais pourquoi? C'est des dossiers plates, qui se sont réglés tous seuls ou presque. Pas de conséquence, pas de décision qui ont fait jurisprudence... T'en a même noté un qui était une tentative de fraude!

Moi - En effet.

Elle - Ben c'est quoi l'intérêt alors?

Moi - Entre autre, dans le dossier de fraude, y'a des rapports de police. Pis dans l'autre, là, j'ai une enquête complète du coroner.

Elle - Je vois pas...

Elle s'interrompt.

Elle - T'écris des histoires policières, hein?

Je lui souris. On est pas tous intéressés par les mêmes affaires! ;)

mardi 16 avril 2013

Relire Nelly Arcand

Je viens de lire "Putain" de Nelly Arcand. Ou, techniquement, de le relire. Parce qu'un prof un peu sauté l'avait mis dans la liste de nos lectures suggérées lors de ma dernière session de cégep en littérature. Le bouquin était fraîchement sorti, même le prof ne savait pas exactement ce qu'il nous avait suggéré de lire. On devait lire deux ou trois livres "suggérés". Une de mes amies avait commencé "Putain" et l'avait lâché, dégoûtée. Elle me l'avait prêté. J'en avais lu le début, puis, parce qu'on était en fin de session, j'en avais survolé suffisamment pour pouvoir pondre un commentaire de lecture.

À 18 ans, pour une jeune femme qui aimait se maquiller et jouer les séductrices, qui portait toujours des talons hauts parce que ça lui faisait une plus belle silhouette, ça ne semblait pas dur à comprendre du Nelly Arcand. Mon commentaire a dû ressembler à "Wow, cette fille-là, elle est sautée rare, j'pense qu'il s'est passé de quoi de bizarre avec son père, pis elle a besoin d'un psy. D'une femme idéalement, parce que dans le livre, elle parle de coucher avec le psy masculin qu'elle fréquente déjà".

J'avais redonné le livre à mon amie et je l'avais oublié. Un moment donné, probablement pas longtemps après sa sortie, je me souviens avoir lu "Folle", sans doute de la même façon brouillonne, encore une fois en l'empruntant à quelqu'un. Je cherchais des bonnes histoires, des aventures épiques, des romans historiques... Les monologues d'une cinglée, fussent-ils bien écrits, ils me passaient des mille au-dessus de la tête.

Ce n'est que dernièrement, en lisant un enième article sur Nelly Arcand, que je me suis dit que je devais lui redonner une chance. Plonger dans plus sérieux que Paradis clef en main. J'ai acheté "Putain".

Ouch.

Nelly Arcand, à 30 ans, même si on a abandonné la tyrannie du maquillage et des talons hauts, même si on est en couple depuis des années, même si on n'entre ni dans le moule de la femme-larve, ni dans celui de la schtroumphette, ça fesse. Surtout si on a commencé à blanchir, à voir l'effet des ans sur notre visage, sur notre capacité à plaire... Si on a eu, parfois, le réflexe de se comparer aux autres femmes pour se rassurer. Pour se dire qu'on sera toujours plus jolie que celle-ci, plus agréable que celle-là...

Sans jamais atteindre, ni même effleurer, les sommets de haine de soi que Nelly étalait, page après page, je crois que, maintenant, à 30 ans, je peux enfin la comprendre un peu, ou du moins accepter d'écouter ce qu'elle avait à raconter.

Je suis heureuse, enfin autant qu'il est possible de l'être avec un tel bouquin, d'avoir relu ce livre, pour vrai cette fois, phrase après phrase, page après page, parfois sans presque respirer, portée par l'effrayante fuite en avant qu'était l'écriture de Nelly, si semblable à sa courte vie.

C'est en terminant "Putain" que j'ai réalisé à quel point le suicide de l'auteure n'aurait dû surprendre personne. Ce livre, c'était en grande partie la chronique de sa mort annoncée.

lundi 15 avril 2013

Lundi de fous

Comme j'ai une journée chargée de rendez-vous et que lorsque je vais finalement m'asseoir devant un écran d'ordinateur, je sens que le boulot, autant le "vrai" que le "littéraire", va s'être salement accumulé, je vais laisser tomber le billet du jour.

Je remets ça à demain!

(Ben oui, je vous rappelle qu'en théorie, je ne blogue plus tous les jours...)

vendredi 12 avril 2013

Surqualifiés

Intéressante chronique hier dans La Presse. Le titre : "Serveuse surqualifiée cherche job en histoire".

Ce qu'on y raconte?

En gros, ce qu'on savait tous : que le marché du travail et le système d'éducation sont mal arrimés. Que beaucoup de gens suivent une formation universitaire poussée, puis aboutissent dans un poste pour lequel ils sont surqualifiés.

Dans la catégorie des "travailleurs suréduqués", les historiens comme moi sont pas loin d'être les champions. Y'a juste les artistes et les sociologues qui nous battent.

(Moment de réflexion ici : en fait je suis artiste et historienne... O_o)

Sauf que... Sauf que la chronique est, je trouve, imprécise sur un point. On y parle des gens qui sont surqualifiés en regard du poste occupé. Pas en regard des exigences d'embauche de ce poste.

Je m'explique : 100% des caissiers seraient surqualifiés pour leur emploi. Pas étonnant. Quand on y pense, il faut quel acquis "scolaire" pour opérer une caisse? De l'arithmétique. Niveau secondaire 2, mettons 3. Or, la dernière fois que j'ai vu des postes de caissier affiché, ça disait "Exigences : secondaire complété". Hum... Déjà, votre candidat "de base" va être un peu surqualifié. Pourquoi les employeurs en demandent-ils autant? Ajoutez à ça les étudiants de cégep ou d'université en attente de compléter leur diplôme ou de trouver une job dans leur domaine, les immigrants en attente de reconnaissance d'acquis, les retraités et les mères de famille qui n'ont pas trouvé d'autres emplois à temps partiel... Et voilà, vous avez votre 100% de surqualification.

Autre exemple, qui devrait éclaircir le "mystère" des historiens surqualifiés. Dès qu'on commence le Bac en histoire, on apprend qu'on a quatre voies professionnelles possibles : la recherche (exige des études poussées, maîtrise ou doctorat, promet un salaire relative bas, à contrat, mais c'est trippant!), l'enseignement (exige des études poussées, maîtrise ou doctorat, promet un salaire intéressant et une éventuelle stabilité d'emploi), l'archivistique (demande seulement un certificat, donne accès à une variété de boulots plutôt stables, mais pas toujours stimulants) et, finalement, la muséologie (avec un bac, complété ou pas, vous serez guide de musée, pour un salaire ridicule et des heures loufoques, mais si vous faites la maîtrise, vous pourrez espérer qu'un jour vous mettrez sur pied une exposition... si les subventions de votre musée ne sont pas trop amputées par les gouvernements).

Bref, pourquoi les historiens sont-ils surqualifiés? Parce que quand on entre en histoire et qu'on considère les options, on est nombreux à se dire qu'avec le Bac + le certificat en archivistique + une maîtrise (ou un doc), on a plus de chance de se trouver une job dans notre domaine. Et puis, une fois qu'on a commencé à étudier pis qu'on a du fun, pourquoi arrêter? (Parenthèse : j'avais une grande confiance en moi : j'ai pas fait le certificat en archivistique... J'aurais ptêt dû! ;)

Le chroniqueur a beau dire : "Plusieurs études le confirment: la correspondance formation-emploi augmente la satisfaction et le bien-être des travailleurs et le niveau de leurs salaires", je doute un peu. Les secrétaires avec une formation "correspondante" que je connais sont souvent les plus stressées (sauf les "bibittes bizarres" qui cultivent des intérêts secondaires en autodidactes). Souvent le moindre changement dans les méthodes ou les technologies de travail les éprouvent. Elles ne savent pas étudier, apprendre. Et en plus, les employeurs sont pas forts sur la formation...  Je connais aussi nombre d'informaticiens bien formés, qui travaillent dans leur domaine... J'suis pas impressionnée par leur bien-être professionnel, ni par leur salaire.

Le chroniqueur termine en disant que les politiques gouvernementales ne devraient pas encourager la surqualification. Là, je suis partiellement d'accord. Dans les universités, les facultés contingentées sont souvent celles pour lesquelles on manque de finissant (éducation, pharmacie, médecine), ce qui est une aberration selon moi. Ce n'est pas parce qu'un étudiant a eu du mal au cégep qu'il ne sera pas bon une fois à l'université (les frais d'étude et la passion, ça motive!). Faudrait abaisser les critères, donner une chance aux étudiants. Quitte à élaguer après un an et à diriger les "perdants" vers des techniques collégiales connexes.

Par contre, resserrer les critères d'admission des programmes moins désirables pour le marché du travail et faire l'adéquation "surqualifiés = frustrés", me semble une erreur. Tant qu'à moi, le caissier qui a une mauvaise journée et qui peut, une fois rendu chez lui, s'évader en discutant philosophie, littérature ou histoire de l'art avec des amis/anciens compagnons d'étude, sera moins frustré à long terme que celui qui pourra juste regarder Occupation Double et se demander pourquoi, lui, il a pas l'argent pour offrir des faux seins à sa blonde.

Mais bon, je suppose que je prêche pour ma paroisse! ;)

jeudi 11 avril 2013

Netflix

On vient de s'abonner à Netflix.

...

Ben oui, c'était ça mon billet du jour!

...

Quoi, vous trouvez que j'ai pas assez de contenu?

Relisez la première ligne. Réfléchissez bien aux implications.

Voilà, vous avez compris : vous êtes déjà chanceux d'avoir un mini-billet, au nombre de films gratuits qui s'offrent soudainement à moi!!! :p

(En fait, je vous rassure : on a Netflix depuis deux semaines et je trouve encore le temps d'écrire et de dormir! ;)

mercredi 10 avril 2013

Double nomination! :)

Wow! Double nomination aux prix Aurora-Boréal cette année! :)

"Le Chasseur" s'est classé parmi les finalistes dans la catégorie des nouvelles et novellas. Il est face à de la compétition féroce par contre... Espérons que Hugues "Le Chasseur" Dussault saura faire honneur à sa réputation de champion! ;) (Aux autres nominés : c'est pas que je crois que mon texte est vraiment meilleur que le vôtre, c'est juste que... ben... c'est mon bébé... Ah pis, vous comprenez, vous pensez la même affaire! ;)

Et ce blogue est nominé. Paraît que c'est parce qu'il anime la communauté SFFQ. Entk, il accompagne bien leur café! ;)

Merci à ceux qui ont voté pour moi. Rendez-vous au Congrès pour la ronde des votes finaux! ;)

Concours avorté

En voyant le sommaire du prochain Brins d'éternité, j'ai eu l'envie de lancer le concours "Devinez avec quels deux auteurs au sommaire je n'ai pas couché!".

... Mais connaissant mon chum, je me suis dit que c'était ptêt pas une bonne idée! :p

C'est quand même comique : au sommaire du prochain Brins, je me retrouve en compagnie de mon chéri (parce qu'on a co-écrit une nouvelle... je vous étonnerai pas si je vous avoue qu'on couche ensemble?), ma chère plume-sœur Isabelle Lauzon (avec qui je partage régulièrement des chambres d'hôtel pour les congrès et les ateliers) et Caroline Lacroix (dont j'ai fait la connaissance le jour où les gars des Six Brumes nous ont forcées à coucher ensemble... euh, attendez, je vais reformuler ça... avec qui j'ai partagé un lit dans un motel de passe au Saguenay... euh, voyons, c'est pas mieux... bon arrêtez de vous faire des idées là : on a juste dormi dans le même lit, parce qu'on étaient trop cassées pour se payer chacune une chambre!).

Y'a pas à dire, la vie d'auteur, ça rapproche de ses collègues! ;)

mardi 9 avril 2013

Mon égalitarisme accepte les compliments

Je sais pas si vous avez vu, mais, la semaine passée, le président Obama a dû faire des excuses publiques. Son délit? Il avait dit d'une ministre de la Justice américaine, après avoir longuement énuméré ses qualités comme son intelligence, sa ténacité, son dévouement, etc, qu'elle était aussi la plus belle ministre de la Justice du pays.

Les féministes (appuyées par les ennemis en tous genres d'Obama) sont montées aux barricades. Méchant Obama! Il a fait un commentaire sexiste! Vilain macho! Une femme n'est pas un objet! On n'en évalue pas ainsi l'esthétisme! Qu'est-ce que ça change que la ministre soit belle? Hein? Elle a pas été élue parce qu'elle était belle! Pourquoi en parler alors?

Euh... Pour être gentil? Pour terminer un discours sur une note légère? Pour faire un compliment?

Est-ce qu'on est rendus au stade où il est interdit de dire à une femme qu'elle est jolie?

Enfin, si on est vraiment rendus là, faudrait éliminer les termes "Monsieur" et "Madame" aussi. Ils sont nettement discriminatoires!

Je plains Obama, quand même. Le président le plus séduisant depuis Kennedy, pis il a même pas le droit de complimenter les rares jolies ministres qu'il rencontre...

Oups, je viens-tu de commettre un crime de lèse-féminisme là? Ah non, j'ai dit qu'Obama était séduisant, les gars, eux, on peut encore les complimenter...

Bon, enfin, moi de toute façon, ça fait longtemps que j'ai abandonné le féminisme. Je suis "égalitariste" : je veux l'égalité des sexes. J'accepte donc les compliments.

... Et si jamais y'a des personnes qui s'imaginent que parce j'accepte les compliments, j'accepte également qu'on se permette des gestes déplacés, je distribue moi-même les claques sur la gueule! :p

lundi 8 avril 2013

La multiplication des projets

Vous devez commencer à me connaître : je suis disciplinée. Probablement parce que ma nature profonde est celle d'une indécrottable paresseuse doublée d'une procrastinatrice crasse et que si je ne m'imposais pas des cadres stricts, je ne ferais pas grand chose de mes journées... Enfin, bref, dans à peu près toutes les sphères de ma vie, je fonctionne selon des routines et des disciplines auto-imposées.

En écriture, à date, la discipline avait été simple et s'était installée d'elle-même : j'avais toujours un projet en cours (ah, la création pure du premier jet), un projet en réflexion (c'est-à-dire pour lequel j'établissais mon plan détaillé et me livrais à des vérifications de détails) et quelques projets en recherche (pour lesquels je lisais des bouquins de référence et prenais des notes). De temps à autre, je laissais tout en plan le quelques jours afin d'écrire une nouvelle ou de retravailler un texte accepté pour publication.

Ça roulait bien, je me sentais productive...

Et arriva 2013!

Là, je sais pas si vous avez vu la colonne à droite où je liste mes projets en cours, mais j'ai TROIS trucs en écriture en même temps. Deux projets longs (dont Hanaken III) et une nouvelle. Et là, tous les projets donnent l'impression d'avoir calé. Pas parce qu'ils sont pas bons ou que j'ai pas envie de les écrire, mais parce que je passe plus de temps à me dire que je devrais avancer dans mes projets qu'à le faire réellement.

Voyez-vous, la multiplication des projets qui avancent de concert, ça me stresse!

En plus, depuis des lustres j'ai un projet que j'aime bien, le projet S, que je retravaille à temps perdus, mais je me suis aperçue, parvenue à la moitié du manuscrit, que c'est pas du retravail qu'il lui faut, mais une réécriture complète.

Alors là, finit le niaisage! Premièrement, le projet à retravailler quand j'aurai le temps, je l'ai fait disparaître de la liste, parce que je me suis rendue à l'évidence : j'ai pas le temps! Et là, au lieu d'avancer Hanaken à pas de tortue en me sentant coupable parce que ça va pas assez vite et que les autres projets (tous des commandes) attendent, je vais y aller logiquement : d'abord je vais finir les commandes, puis je vais travailler Hanaken à mon rythme, en le savourant.

En espérant que cette résolution règle mon problème de productivité!

(Entk, c'est bien parti : l'écriture de la commande longue, le projet LD, est plus qu'à moitié complétée!)

vendredi 5 avril 2013

Petit regret

Des fois, dans la vie, on prend une décision, la seule qui semblait logique, parce qu'on était à bout.

Puis, soudain, la situation change. Et on réalise que si on avait attendu juste un peu plus longtemps, on aurait ptêt eu le beurre et l'argent du beurre.

Évidemment, on peut pas être sûrs que la situation aurait évolué de la même façon si on avait attendu, si on avait pris une décision différente.

Mais le doute demeure. Il nous nargue. Nous tiraille d'un petit regret.

Ouais, y'a des jours où je m'ennuie de "mes" avocats.

Ça va finir par me passer je suppose! ;)

jeudi 4 avril 2013

Scène de bureau (17) - Prise deux

Le patron arrive dans un espace commun présentant trois cubicules vides et moi, stylo entre les dents, qui tape furieusement sur mon clavier.

Patron - Où sont les autres?

Moi, piquant mon stylo dans mon chignon pour pouvoir parler - C'est lundi, alors A est en congé à cause de son entente pré-retraite. B a pris la matinée pour profiter de la lumière sur le Mont-Royal et faire des bonnes photos pour son porte-folio. C est à Boston pour le marathon. Si elle se classe dans les 10 premières, elle a bon espoir de faire partie de l'équipe canadienne pour je ne sais plus quelle compétition mondiale.

Patron, l'air dépassé - Ok... J'ai un long document à faire corriger. Il me le faut avant la fin de la journée. Je te le laisse?

Moi - Non, mettez-le sur le bureau de B, elle va s'en charger en revenant. Moi je pars dans trente minutes : j'ai une séance de signature au salon du livre de Montréal.

Patron, déposant le document sur le bureau de B, en grognant - Ouin, on n'a plus les secrétaires qu'on avait.

Moi - En effet. D'ailleurs... Votre présentation PowerPoint pour la réunion de tout à l'heure est prête, il y en a une copie sur votre ordinateur portable, j'ai branché le projecteur dans la salle de conférence, j'suis en train d'envoyer un courriel qui explique à tout le monde comment récupérer les documents électroniques sur l'Intranet qu'on a monté pour l'occasion et C vous a envoyé une photo du départ du marathon, avec notre logo bien en évidence sur son maillot. Je vous l'ai envoyée sur votre Ipad et je l'ai mise sur la page Facebook du bureau. Vous pourrez la faire suivre sur votre compte Twitter... À moins que vous insistiez pour revenir à la grande époque des copies-carbones, des dactylos mécaniques et des secrétaires empressées d'aller vous faire votre café?

Patron, dépourvu d'arguments - Euh... Bonne journée au salon du livre?

Moi - Merci.

Mais non, j'ai pas de tendances passives-agressives! ;)

PS : Pourquoi "Prise deux"? Parce que le premier essai ne s'affichait nulle part dans les blogroll, pour une raison inconnue...

mardi 2 avril 2013

Première randonnée de la saison

Qu'est-ce que j'ai fait pendant mes quatre jours de vacances? Eh bien, quand j'écrivais pas (et que je mangeais pas de chocolat), j'ai profité de la longue fin de semaine pour me lancer dans ma première randonnée de la saison, en compagnie des deux hommes de ma vie (mon chum et mon papa) au très exotique Mont St-Hilaire. (Pas besoin d'aller loin pour faire le plein de lumière et de grand air.) ;)

On s'attendait à braver des sentiers couverts de boue et à subir les assauts d'un vent glacé. À la place, nous avons eu droit à ceci :
 
Le couple d'aventurier, au début de la piste. Pour ménager le dos de mon chéri, c'est moi qui porte le sac contenant l'eau, la trousse de premiers soins, la caméra et... le goûter de la victoire qu'on mangera rendus au sommet! ;)
Ciel uniformément bleu, chaud soleil (au point où mon chum exhibait des bouts de tshirt!), température douce, mais sentiers encore complètement enneigés. C'était féérique! Un peu difficile pour les muscles des chevilles (on s'enfonçait et ça glissait dans les montées), mais on avait choisi une piste assez courte. Et la récompense valait l'effort :

Mon père, philosophe admirant l'horizon.
Rien de tel que cette impression d'être debout sur le toit du monde. Le temps était tellement clair qu'on voyait le fleuve à l'horizon (la caméra et la photographe ne rendent pas justice à la beauté du paysage).

Vivement la prochaine sortie! :)