D'habitude, je publie mon billet de "bilan" entre Noël et le Jour de l'An. Résultat : tout le monde étant occupé à fêter en famille (ou à se reposer intensément), ça passe plutôt inaperçu.
Alors cette année, j'ai décidé de procéder différemment : moi aussi je vais prendre une pause entre Noël et le Jour de l'An! (Ok, j'avoue que ma décision est en partie motivée par le fait que les maladies successives de tous les membres de ma famille ont mis à mal mes préparatifs soigneusement planifiés et que j'ai plus de cuisine à faire que prévu dans les prochains jours!)
L'année 2016 a marqué un tournant pour moi : c'est la première année où je pouvais vraiment dire que j'étais uniquement écrivaine (ma puce étant entrée à la garderie, le titre de "maman à temps plein" ne s'appliquait plus).
Écrivaine à temps partiel par contre. Trois jours par semaine. En théorie. Parce qu'en pratique, ces trois journées me servaient aussi à faire des animations, des critiques, du mentorat, de la rédaction commandée, aller à divers rendez-vous, abattre les tâches ménagères accumulées, préparer de la bouffe d'avance, m'entraîner, me reposer en cas de maladie, entretenir mon réseau social... et tout cela pouvait tomber à l'eau en cas de maladie de ma puce! Bref, en moyenne, je dirais que j'ai pu travailler deux jours par semaine.
Sachant que j'écris environ 1000 mots par jour, mettons que les projets n'ont pas avancé aussi vite que je l'aurais voulu. Surtout qu'il s'en est rajouté un en cours de route! Je termine donc ma première année d'écrivaine avec deux ouvrages à moitié rédigés au lieu du bouquin terminé que j'avais espéré.
Cependant, j'ai aussi complété l'écriture d'un guide pratique (à paraître en 2017) et de six nouvelles, dont quatre seront publiées en 2017 (n'ayant pas soumis l'une des deux autres, je trouve la moyenne pas pire pantoute!). Alors je n'ai pas trop besoin de m'en faire : mon année à venir sera quand même chargée.
Côté revenu, j'ai atteint entre 40% et 140% de mon objectif, dépendamment de la méthode comptable utilisée. En clair : le chèque relié au Prix Canada-Japon m'a été promis en octobre, mais je le recevrai seulement en mars prochain! Peu importe dans quelle année je le comptabilise, il renflouera mes économies et m'aidera à continuer d'essayer de vivre de ma plume. (En plus de me remonter le moral quand ça ira moins bien!)
Pourquoi est-ce que je dis "essayer" de vivre de ma plume? Parce que c'est pas gagné. Même en calculant que je vise un revenu minime qui servira surtout d'appoint à notre revenu familial (10 000$, soit de quoi payer ma part de l'épicerie, la garderie et mes dépenses personnelles), la route pour l'atteindre me semble longue. Surtout quand une revue où je publiais régulièrement (Alibis) ferme subitement (mine de rien, Alibis me rapportait 5% à 10% de mon revenu annuel!).
Pour me mettre à l'abri de ce genre de coups durs, j'ai récemment entrepris de diversifier mes activités (critiques, ateliers, animations, mentorat, rédaction) et j'ai réussi à me bâtir quelques revenus réguliers (une école, un atelier d'écriture, un client pour la rédaction), mais ce n'est pas toujours facile. L'investissement en temps (de préparation, d'entretien du réseau) est important et les retours sont incertains.
Avec les écoles, surtout, j'ai vécu beaucoup de déceptions. Parfois, les gens voudraient que je revienne régulièrement, mais les règles d'attribution des subventions à l'interne les en empêchent. Ou alors les profs changent et le projet tombe à l'eau. Je commence cependant à avoir une belle banque d'animations toutes prêtes, alors au moins quand on m'invite j'ai peu de temps de préparation à investir.
Côté ateliers, j'adore en donner, mais le temps de préparation et de correction post-atelier est vraiment grand, alors la rentrée d'argent (si on calcule un taux horaire) est toujours faible en comparaison (cette année au moins je suis arrivée à gagner à peu près le salaire minimum! youhouhou!). J'envisage cependant de créer une formule plus courte, axée sur des thèmes spécifiques (un peu comme le fait Éric Gauthier), ce qui me permettrait d'en faire plus d'un par année.
Pour sa part, le mentorat a été un peu décevant, mais c'est en grande partie de ma faute. Dorénavant, je vais me faire payer d'avance! Parce qu'il a été très difficile de faire comprendre à certains débutants que "payer un mentor" ne veut pas dire "acheter des bons commentaires". Et puis, payée d'avance ou pas, c'est épuisant de lire des textes bancals et d'essayer d'imaginer des manières de les corriger! (Chapeau à tous les directeurs littéraires qui font ça à temps plein!!!) Je ne sais pas si je vais continuer dans cette voix. Cela dépendra des opportunités je suppose.
C'est sans doute parce que j'émergeais d'une longue hibernation post-accouchement, mais il me semble que 2016 a été l'année où j'ai vu le plus de collègues se lancer dans les info-lettres, les pages d'auteur, l'auto-édition... et me semble que juste à les regarder aller, je suis épuisée! Oui, je pourrais sans doute publier des textes en format électronique, faire un effort de graphisme et de mise en page (malgré ce qu'on pourrait penser en voyant le blogue, je ne suis pas nulle en design graphique), transformer le blogue en info-lettre, essayer d'appâter des lecteurs, m'ouvrir un site web ou une page Facebook d'auteur, mettre du contenu exclusif à ces endroits-là... bref, jouer la
game des statistiques, de la course aux
like, de l'auto-promotion, dans l'espoir que ça me rapportera un meilleur revenu qu'en faisant affaires avec un éditeur...
Mais pour le moment, je n'en ressens pas le besoin. Je dirais même que la seule pensée de tous ces efforts me décourage. J'aurais l'impression de m'éparpiller. J'admire ceux qui le font (allo
Dominic et Pierre-Luc même si j'ai pas de billet à mettre en preuve!), mais je crois que ce n'est pas pour moi.
J'entends souvent des collègues-écrivains dire qu'ils veulent surtout être lus. Et à chaque fois, je me sens un peu mal, un peu anormale. Parce que moi, je veux surtout écrire. Comprenez-moi bien : j'ai toujours mon lecteur en tête, j'écris pour lui, pour le faire voyager, le faire vibrer, j'adore être lue, j'aime qu'on vienne me jaser de mes bouquins (ou qu'on commente mes billets de blogue)... mais si je dois choisir entre investir du temps pour gagner des lecteurs ou investir du temps pour écrire un nouveau texte, le texte gagne à tous les coups.
Bref, 2016 aura aussi été l'année où je me suis rendue compte que j'avais absolument besoin d'un éditeur pour faire une partie de la job de promotion à ma place! Hihihihi! (Restera à en trouver un qui s'y investira sérieusement...)
Sur des plans plus personnels, cette année m'aura permis de renouer avec le café chaud, de lire 76 bouquins (pas tous bons, loin de là, mais j'étais contente de recommencer à lire), de découvrir comment un mini-humain développe son langage, d'apprendre un nouveau terme médical (bronchospasme), de refaire ma garde-robe, de reprendre une forme physique acceptable (même si y'a encore beaucoup de travail à faire) et de désespérer de pouvoir enfin passer du temps avec mon chum.
Dans l'ensemble, ce fut une excellente année, dédiée à l'écriture et à l'expérimentation, qui a passé à la vitesse de l'éclair. J'en veux au minimum 70 autres de même!
Qu'est-ce que j'envisage pour 2017? Vous le saurez après Noël! ;)