J'ai toujours eu une position souple sur la question d'avoir ou non des enfants. J'ai planifié en avoir, parce que je vois de beaux côtés à la maternité, mais je me suis toujours dit que si j'arrivais pas à tomber enceinte, ce serait pas une catastrophe. Que je laisserais la nature décider, quoi.
Ou attendez, non, je reformule ça : au départ l'idée que je puisse avoir du mal à tomber enceinte ne m'a jamais traversée l'esprit. Que ça adonne jamais, que je ne trouve jamais le "bon gars", oui, mais que physiquement ça marche pas? Non, j'y avais jamais pensé, puisque comme toutes les filles qui ont été adolescentes dans les années 90, j'ai été élevée à coup de "il suffit d'une relation non protégée pour tomber enceinte, alors prends jamais de chance!" Donc, quand j'ai eu 27 ans, jeune mariée avec le meilleur "bon gars" de la création, installée depuis peu dans ma maison de banlieue fraîchement repeinte, j'ai arrêté la pilule en toute confiance (et insouciance). Mais, contrairement à la plupart de mes amies, je ne me suis pas mise à calculer ma date d'ovulation. J'allais laisser faire la nature (et la spontanéité... et le romantisme...).
Six mois d'essais plus tard, j'étais enceinte. Ça a résulté en une grossesse ectopique. Alors que je pensais que ça existait juste dans les thriller médicaux de Robin Cook! On attendu un peu, puis essayé encore. Fausse couche. On a patienté les mois requis, puis on a recommencé à essayer. J'ai remporté le prix Alibis, j'ai eu peur d'être enceinte pis de pas pouvoir partir en France, mais non, on a plutôt essayé de concevoir là-bas... J'ai publié un roman, mon chum a changé de job, on continuait à essayer... J'ai publié deux autres bouquin, ma job est devenue un enfer, on a essayé les test d'ovulation pour mieux se
timer, on a découvert que mon chum avait la maladie céliaque, j'ai gagné un prix pour Le Chasseur, on a banni le gluten de nos vies, on continué à essayer d'avoir un enfant, mais sans les test d'ovulation parce que c'est franchement chiant, j'ai changé de job...
Au bout de deux ans sans résultat, on est devenus éligibles à une aide médicale. Bon, après tout ce temps à essayer, pourquoi ne pas chercher à comprendre ce qui clochait? Alors on a passé tous les deux une batterie de tests...
Les résultats? Bof, rien de concluant, sinon le fait que c'est pas mon chéri le problème et que les médecins ne semblent pas vraiment intéressés à investiguer davantage. À la place, ils me proposent de me
doper pendant quelques mois pour forcer mon corps à produire des surplus d'estrogènes, en espérant que ça augmente ma fertilité.
Vous trouvez qu'on est pas mal loin du "laisser faire la nature"?
Ouais, moi aussi. (Pis on parlera pas de la spontanéité et du romantisme...)
Difficile de s'en remettre à la nature dans un monde où la médecine peut maintenant pallier à tous les problèmes ou presque... Désormais, il faut, à un moment ou un autre, prendre une décision consciente, avec tout ce que ça impliquera comme conséquences, jugements extérieurs, doutes, regrets et culpabilités.
J'suis pas encore rendue là.
Voyons d'abord comment je vais réagir aux hormones... Pour le moment j'ai perpétuellement l'impression d'avoir pris quelques verres, parce que je suis un peu étourdie. C'est pas agréable (il manque la détente qui vient avec l'alcool!), mais ça s'endure. J'ai aussi des maux de tête solides (la journée de bureau va être pénible), mais j'suis encore fonctionnelle (j'espère). Par contre, j'ai vraiment l'humeur affectée : j'alterne entre la déprime pis, ben, la déprime. D'ailleurs si jamais, parce que je suis en quête de réconfort, des photos de chat apparaissent sur le blogue dans les prochains jours, je m'en excuse d'avance! :p