Dernièrement, alors que je révisais une nouvelle de quelques pages, je me suis rendue compte que des fois, quand je suis à l'étape de la réécriture, je vire un peu maniaque sur les bords.
Surtout pour les dialogues.
Voyez-vous, j'aime que chaque personnage ait sa voix propre, ses expressions, son vocabulaire.
Souvent, je me contente de noter, dans mon document de plan et de notes diverses, quelques expressions particulières et manières de parler des divers personnages (un tel fait des comparaisons, une telle pose beaucoup de questions, l'autre doit avoir un vocabulaire limité, celui-ci parle à moitié anglais...). Je m'y réfère avant de commencer à écrire un dialogue et j'espère que ça permet au lecteur, à la longue, de repérer facilement les interlocuteurs. J'ajoute des incises pour que ce soit encore plus clair (parce qu'il n'y a rien qui gâche mon plaisir de lecture autant qu'un dialogue où je me demande qui a prononcé la quatrième réplique!), mais j'aime penser que le lecteur reconnaît de toute façon les personnages à leur manière de parler.
Mais parfois, à l'étape de la révision, je pousse l'exercice encore plus loin (et c'est là que je me traite moi-même de maniaque) : je passe à travers tout le texte, j'en extraie toutes les répliques dialoguées et je les copie-colle dans un autre document en les classant par personnage qui les prononce. Ainsi, je me retrouve avec, à la suite, toutes les répliques d'un même personnage. Je ne peux plus suivre le sens du texte, mais je repère facilement les répétitions de vocabulaire, de structure de phrases, d'expressions choisies, d'onomatopées, etc.
Alors que dans le reste du texte je prends garde à conserver un vocabulaire précis et varié, dans les dialogues c'est tout le contraire. La plupart des gens utilisent à l'oral un nombre limité de mots. Ils ont des tics de langage. Ils font des détours inutiles ou changent de niveau de langue lorsqu'ils s'énervent. Leur éducation transparaît dans les termes choisis pour expliquer certaines réalités, mais leur milieu d'origine peut également se deviner à d'autres moments. J'essaie donc, en étudiant l'ensemble des répliques d'un personnage, de refléter ces réalités, d'insuffler une identité, de créer une manière de parler distincte de celle des autres intervenants de l'histoire.
Et la raison pour laquelle je me traite de maniaque est que... ben je sais pas si ça fonctionne!
Mais c'est pas grave : j'aime bien me livrer à cet exercice. Ça me rappelle mes études en théâtre. :)
Et vous, avez-vous une façon particulière de traiter les dialogues?
10 commentaires:
Oh oh, j'aime ça! Ça me donne le goût de faire pareil pour voir ce que ça donne pour mes personnages! Parce que je n'ai jamais été si exhaustive, mais je sais que je répète très souvent les répliques dans ma tête quand je n'écris pas et que je deviens maniaque si la phrase ne colle pas "parfaitement à la personnalité du personnage". Je me dis: "Ah non, il ne dirait pas ça comme cela, ce serait plutôt ainsi." Je me demande si en analysant les phrases comme tu le fais, je verrais cela. Mais bon, je ne le ferais jamais systématiquement! :)
Très hot. Je vais récupéré ce billet pour mes étudiants. En littérature, on entend souvent : « Comment tu fais pour savoir que l'auteur voulait vraiment dire ça? » En voici la preuve.
Maniaque, je sais pas, mais pas folle, en tout cas. Personnellement, j'ai lu L'Aquilon à voix haute pour modifier le texte de façon à ce que chaque nouvelle possède des sonorités rappelant la personnalité et l'état d'âme du personnage...
@Nomadesse : Je pense que ce n'est pas un exercice à faire systématiquement (même moi je suis pas maniaque à ce point), mais des fois ça aide. Surtout si tu as un personnage un peu fade et que tu aimerais lui insuffler de la couleur.
@Carl : Lolol! Ouaip, je me posais souvent la question moi aussi quand j'étudiais en littérature (raison pour laquelle j'aime autant les auteurs qui publient des commentaires expliquant leurs inspirations et intentions).
La lecture à voix haute, j'aime bien m'y livrer aussi! :) Dans l'Aquilon, entk, le procédé t'a bien réussi.
Ah la lecture à voix haute. Absolument essentielle à mon avis!
Pour la Pomme de Justine, j'ai commencé pendant l'accouchement de Léo (le début, c'est long et pas très actif), puis j'ai poursuivi les jours d'après... Les infirmières me regardaient drôles, certaines prenaient en note le titre du livre, mais bon, ça me permettait d'utiliser ma voix avec plaisir et de calmer bébé, non? ;) Peut-être que je l'ai trop calmé, dis donc... ;)
Lolol! Ok, je note de m'amener un manuscrit de Hanaken III à l'hôpital! ;)
Hein? Je n'avais aucune idée que tu faisais ça! (tu vois, tu réussis encore à avoir des mystères pour moi! lol)
Mais ouin, je suis impressionnée, là. Va falloir que j'essaie cette méthode... :)
Même pour un roman de 200-250 pages?
Je me contentais de patois, mais tu me forces à mieux. Merci de partager tes ''trucs''.
@Isa : Hé, je vais pas te donner tous mes trucs d'un seul coup! ;) Comme je dis, je ne le fais pas systématiquement (sauf pour les notes sur les manières de parler de chaque personnage, ça c'est systématique). Comme je dis, c'est surtout utile quand tu trouves qu'un personnage est "plat".
@ClaudeL : Je l'ai fait pour le premier Hanaken (200 pages de manuscrit), mais pas pour les tomes suivants (je commençais à bien connaître mes personnages). C'est "au besoin" quoi! ;)
J'ai déjà essayé quelque chose de semblable, mais c'est très laborieux. Je n'ai pas le goût de le faire chaque fois, mais c'est vrai que ça m'a aidé à situé mes personnages. Ton exercice est beaucoup plus poussé que le mien, aussi je vais le garder en tête pour une prochaine fois (et un texte court, misère!).
@Hélène : Comme je disais, c'est à faire en toute fin de réécriture. Mais oui, c'est laborieux. Pas pour rien que je ne le fais pas systématiquement moi non plus!
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