La réflexion sur les lieux communs du fantastique nous a amené à une conclusion : il semble que ce soit par le mélange des genres que la fantasy a une chance de se renouveler. Notamment en introduisant des éléments propres à la littérature d’horreur (monde plus sombre, bien et mal moins définis, finales nuancées ou défaites des héros, etc).
Malheureusement, le mélange des genres a lui aussi ses dangers, notamment celui d’introduire dans un genre les défauts d’un autre.
Dans le domaine de la littérature d’horreur, le défaut le plus commun que j’ai remarqué ces dernières années, c’est l’abus de violence extrême ou de descriptions sanglantes, ce que les anglos appellent le gore.
Stephen King a été l’un des pionniers dans l’utilisation des scènes et des descriptions gore. Mais n’est pas King qui veut. Les descriptions horribles, si elles sont mal utilisées, portent au rire plutôt qu’au dégoût. Le meilleur exemple d’un gore mal employé, je l’ai rencontré récemment dans « Le Vide » de Patrick Sénécal. Après avoir attendu l’explication du moment ayant traumatisé les personnages principaux pendant les trois quart du roman, ladite scène traumatisante était finalement tellement exagérée et brutale qu’on n’y croyait pas.
Comme quoi il ne suffit pas de parsemer une histoire d’éléments gore pour en faire une histoire d’horreur…
6 commentaires:
La scène traumatisante de Le Vide ne m'a pas détourné du livre. C'est extrême, ça ne fait pas de doute, mais à mon avis il faillait quelque chose de gros pour justifier tout le reste. Si on prend Sénécal comme auteur, j'observe chez lui une grande influence du mouvement splatterpunk de la fin des années '90, mouvement qui donnait dans les excès d'excès de gore. J'imagine très bien Sénécal en hybride de King (évidemment, parce que c'est une influence très claire), mais surtout Edward Lee et Jack Ketchum, qui donnent dans l'horreur extrême. Edward Lee présente des scénarios et des personnages quasi caricaturaux tellement ils sont extrêmes et plus grands que nature alors que Ketchum donne dans l'horreur plus psychologique et plus viscérale. Je crois que Sénécal est entre les deux. Aussi, je crois fermement qu'une bonne portion de ce qu'écrit Sénécal n'est pas vraiment pour un grand public, mais le marché ne semble pas d'accord avec moi.
Ainsi, si on revient aux mélanges de genres, je ne crois pas que l'ajout de sang soit la clé, mais plutôt que les oeuvres de fantasy qui sont imaginées en passant par le prisme de l'horreur, de la SF, du policer ou de tout autre genre sont d'un grand intérêt. Il ne s'agit pas d'agrémenter un genre pas les excès de l'autre, mais plutôt de le réimaginer d'un autre point de vue. Vraiment facile à dire...
Effectivement plus facile à dire qu'à faire ;) Mon post se voulait plutôt une mise en exergue de cette difficulté... et ok, je voulais taper sur "Le Vide" au passage. Y'a du Sénécal que j'ai aimé (et, je suis d'accord avec toi, c'est pas "grand public"), mais celui-là m'a vraiment déçue. On aurait presque dit qu'il avait manqué d'idée pour sa scène traumatisante.
Quand on écrit de l'horreur, il faut écrire ce qui nous fait peur et ce qui nous dérange. Ce n'est pas la première fois que Sénécal aborde ce sujet (entendre ici Les sept jours du Talion, qui était loin d'être une réussite). S semble avoir de la misère à traiter ce sujet. Le pire roman que j'ai lu (pire dans le sens dérangeant, car c'était un excellent roman), c'est The girl next door de Ketchum qui décrit des abus du genre mais avec sérieux, et c'est franchement traumatisant comme lecture. On n'en sort pas en un morceau. Des scènes comme ça, c'est le concept de ce qui se produit qui touche, l'impact psychologique et la détresse, pas la description graphique.
Effectivement, c'est l'impact psychologique qui est important dans le roman d'horreur et je crois que c'est cet impact que les écrivains d'horreur peuvent transposer avec eux dans d'autres genres. Je note "The girl next door" dans ma liste de trucs à lire :)
Le "gore porn" au détriment du developpement de personage a tué le cinéma d'horreur jusqu'à tout dernièrement à mon avis.
Personnelement, autant en comic, en film qu'en roman sa me fait rire en raison de l'attention aux détails et des constantes différentes façon de tuer un individus. Un peu comme quand un roman me laisse sur l'impression que sa dû coûter une fortune en sirop de maïs et jus de canneberge.
Lol! Je vois tout à fait ce que tu veux dire!
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