Bon, billet technique aujourd'hui. Voyez-vous, je me suis fait demander par une connaissance (un peu en panique) comment j'avais fait pour rétablir mon allaitement mal entamé. J'allais lui répondre par courriel, mais ensuite j'ai réalisé que quand ça m'est arrivé, j'avais cherché des infos sur le net sans rien trouver. Donc, je me dévoue.
Avertissement : les paragraphes qui suivent parlent de seins de la façon la moins érotique du monde. Ils pourraient activer l'alerte "trop d'informations" chez certaines personnes. Lisez à vos risques!
Bon, un rappel rapide des faits : pour toutes sortes de raison (impossibilité de faire du peau à peau à la naissance, bébé avec une méga jaunisse et pas beaucoup de force qui s'endormait au sein, absence de support du personnel médical qui aurait dû me dire de tirer mon lait, manque de chance caractérisée de la maman), ma production de lait s'est mal installée à la naissance de ma puce. J'ai à peine remarqué ma montée de lait. Résultat : au bout d'une semaine, ma puce n'avait pas pris de poids. Pire, elle s'est mise à en perdre.
Plusieurs théories ont été envisagées : je manquais de lait ou il n'était pas assez gras ou la puce ne tétait pas bien. En rétrospective, je crois que je manquais de lait. Deux mois plus tard, j'allais découvrir c'était quoi les signaux physiologiques d'un sein plein. À ce moment-là, je n'en avais aucune idée.
Alors on a dû "compléter l'allaitement", c'est-à-dire donner des biberons de formule, en plus des tétées. On a même dû écourter les tétées, parce que ma puce s'épuisait à tirer sur le sein.
Mais je voulais vraiment allaiter. On m'a donc donné du Dompéridone, un médicament qui, dans certains cas, repart la montée de lait. Ça n'a pas marché. Après quelques jours, je me suis mise à prendre également du Chardon béni et du Fénugrec (en gélules vendues dans le département de produits naturels des pharmacies ou dans les boutiques de produits naturels). J'ai eu l'impression que ça a aidé un peu plus.
Mais ce qui m'a vraiment permis de stimuler ma production de lait et de rétablir mon allaitement, ce fut le tire-lait. La méthode que j'ai suivie était simple (mais éprouvante) : je donnais la tétée à ma fille (5 minutes par sein), puis mon chum lui donnait son biberon de complément et moi j'allais tirer mon lait (15 minutes par sein... l'emploi d'un tire-lait électrique double, affectueusement nommé "trayeuse", est donc devenu incontournable, histoire que je fasse autre chose de ma vie). Je tirais après chaque boire, sans exception. Même ceux du milieu de la nuit. J'obtenais 15 à 20 ml de lait, que je mettais de côté et congelais. En théorie, j'aurais pu m'en servir pour "compléter" le boire suivant de ma puce, mais en pratique j'osais pas, puisqu'on avait peur que mon lait ne soit pas assez gras. (En rétrospective, j'aurais dû essayer).
Après quelques jours, ma puce ayant repris des forces et du poids grâce aux biberons de formule, je me suis mise à la laisser téter tant qu'elle était active et avalait bien. Les tétées se sont lentement allongées. Mais ensuite, j'allais toujours tirer mon lait durant 15 minutes.
Entre les boires, la puce (qui avait des coliques) passait beaucoup de temps à dormir collée contre moi, dans le porte-bébé. Comme il faisait chaud, je la plaçais souvent en couche dans mon écharpe de portage, sous laquelle je ne portais moi-même qu'une petite camisole. Je mentionne ce détail, car le contact peau à peau est bon pour la production de lait et le portage nous en a procuré beaucoup (même si c'était pas vraiment l'objectif).
Après environ un mois à ce régime (ouaip, ça a été long!), ma puce s'est mise à régurgiter beaucoup après chaque boire. On a donc diminué légèrement la quantité de complément qu'on lui donnait (on a commencé par retirer 10 ml par boire, puis 10 ml supplémentaires au bout de quelques jours, voyant qu'elle régurgitait encore, etc). Les tétées se sont allongées et sont devenues plus énergiques.
Après environ un mois et demi, la puce s'est mise à s'endormir au sein, satisfaite, après son boire du milieu de la nuit. Plus besoin de complément. J'ai rapidement arrêté de tirer mon lait après ce boire-là (parce que ça me permettait de retourner me coucher plus vite et le sommeil, c'est bon pour la production de lait!).
Puis, peu à peu, on s'est retrouvés à éliminer comme ça le biberon de complément pour un boire, puis un autre, puis un autre encore (on en éliminait un à tous les trois jours environ). Je n'ai pas tout de suite arrêté de tirer mon lait après ces boires de jour, histoire de continuer à encourager ma production. On surveillait étroitement le poids et la santé de la puce, mais elle allait bien. J'ai commencé à voir la lumière au bout du tunnel. Je sentais mes seins devenir lourds avant une tétée.
Finalement, après environ deux mois, ma fille s'est retrouvée à être nourrie exclusivement au sein. J'ai commencé à relâcher la discipline du tire-lait, un boire à la fois, en étant hyper vigilante des signaux de satiété de ma puce. Tout se passait bien. Puis j'ai arrêté de prendre du Fénugrec et du Chardon béni.
Ma puce avait deux mois et demi lorsque j'ai dit adieu à mes bouteilles de produits naturels et remisé mon tire-lait pour quelques semaines (avec tout ce que j'avais de congelé, je n'ai pas eu besoin de me tirer du lait pour un bout de temps!). Après cela, je n'ai plus eu de problème à l'allaiter (même si sa poussée de croissance des trois mois, où elle a demandé le sein toutes les heures pendant 3 jours, m'a fait vraiment peur!) et je l'ai fait pendant 13 mois. Mais je n'aurais jamais réussi à récupérer l'allaitement mal engagé si je n'avais pas eu le support constant de mon chum qui s'occupait de la puce après chaque boire, durant mes séances de tire-lait. (Parce que j'ai pas le genre de bébé qui aurait accepté que je passe 15 minutes sans m'occuper de lui!)
Morale de cette histoire : rétablir un allaitement mal parti, ça se fait, mais c'est de l'ouvrage et c'est une job pour deux personnes.
4 commentaires:
Après t'avoir lu, on est convaincu qu'en effet, il faut être deux! :)
@Nomadesse : Ouais, j'écrivais tout ça et je me disais... ça prend vraiment les hormones post-accouchement pour s'acharner à ce point-là! Cela dit, comme les coliques de ma puce ont disparu dès que le biberon de complément a été éliminé, ça a valu la peine.
Non mais quand même, tu dois être pas mal fière de toi et avec raison d'avoir réussi malgré les obstacles! Moi, je te félicite pour ta (votre?) persévérance.
@Femme libre : Fière, je sais pas. Soulagée, oui. Et, surtout, tellement contente d'avoir pu connaître les beaux moments que constituent les allaitements relaxes, à la demande. Se lever au petit matin, prendre bébé dans ses bras, le coucher près de soi dans le lit encore chaud, lui donner le sein et somnoler en flattant son dos tout doux pendant qu'il tête, c'était tellement magique! :)
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