mardi 4 décembre 2012

Skyfall

Bon, ben après deux tentatives ratées (Vincent et moi sommes en train de nous rendre compte que le cinéma le plus près de chez nous est très achalandé la fin de semaine), j'ai finalement réussi à voir Skyfall, le dernier James Bond.

Verdict? Pas mauvais pour un James Bond, largement supérieur au dernier opus (Quantum of Solace), mais pas de quoi justifier un tel achalandage. Et ça arrive pas à la cheville de Casino Royale.

Entendons-nous : toute la première moitié du film est excellente. On voit d'abord Bond en mission, dirigé à distance par le MI6. Il est absolument délicieux d'entendre les Anglais s'exprimer avec calme et précision même en plein coeur de l'action. Ils ont l'air tellement plus professionnels que les Américains qui, dans la même situation, selon leurs films d'espionnage, jurent et s'emportent. Ensuite, après un pépin, Bond devra revenir de loin. Cela donnera lieu à quelques scènes fort intéressantes et à des dialogues pas piqués des vers (notamment avec celle qu'on nous présentera finalement comme la nouvelle Moneypenny). Finalement, l'arrivée de Bond au casino de Macao est d'une beauté à couper le souffle.

À partir de là, ça se gâte. Premièrement, Bond convainc une femme, prisonnière du traffic humain, de l'aider. Il la rejoint plus tard sur un bateau et entre sans prévenir dans sa douche. Dites, si la fille est vraiment forcée de se prostituer depuis des années, pas sûre qu'elle accueillerait chaleureusement un supposé "bon samaritain" qui simposerait sexuellement à elle! D'ailleurs, je trouve que dans ce film on retombe dans la séduction cheap de l'époque de Pierce Brosnan où les toutes les filles tombaient dans les bras de Bond sans que les spectateurs aient eu le temps de voir s'installer une quelconque tension entre les personnages. On est loin de la subtilité de Casino Royale!

Au fur et à mesure que l'intrigue se dévoile, les faiblesses apparaissent. Le méchant joue bien, d'accord, la fameuse scène où il parle à un James Bond ligoté, elle est originale, j'avoue, mais... Mais moi, les histoires de trucs planifiés à l'avance depuis des années, j'embarque plus ou moins. Surtout lorsque cette planification finit par reposer sur des erreurs que l'une des parties doit commettre... J'fais un quiz : si vous récupérez l'ordinateur d'un pirate informatique, pensez-vous que c'est une bonne idée de le relier à votre réseau avant d'essayer d'en examiner le contenu? À la limite, disons que je pourrais passer outre ces détails, si l'objectif du "méchant" justifiait une telle préparation. Mais quand cet objectif consiste à se venger de ses patrons qui l'ont laissé se faire torturer pendant des mois, bof... Me semble qu'il y a des moyens plus rapides et satisfaisant de tuer quelqu'un.

Ah pis à ce que je sache, du cyanure, quand ça marche pas (ce qui est rare, parce que ça en prend pas beaucoup pour fonctionner), ça crée des paralysies, des insuffisances respiratoires, des problèmes cardiaques ou des dommages neurologiques, mais pas une perte de dent pis du mauvais Photoshop!

Enfin... Jusqu'à l'audience de M devant le parlement, le film n'est pas inintéressant (quoique certains des arguments de M pour défendre le MI6 sont parfaits pour le film, mais donnent l'impression d'avoir déjà été utilisés dans la vraie vie par Harper), mais après ça, ça devient n'importe quoi. On n'a plus l'impression de voir un James Bond, mais plutôt un croisement entre Highlander, Rambo et une version adulte de Home Alone! La finale aurait dû nous arracher le coeur, mais elle tombe à plat. Dommage.

Et puis il y a une quantité effarante de détails de continuité qui ont été négligés dans ce film!!! Entre les souliers d'une fille qui changent de couleur, le verre de martini qui est tantôt givré, tantôt normal, les bouteilles qui tournent toute seule, les oreillettes qui apparaissent et disparaissent, le foulard de M qui se téléporte, ça agace l'oeil. Le photographe de plateau était en congé ou quoi?

Bref, si vous êtes un inconditionnel des Bond, ce n'est pas un mauvais opus. Si vous vous rappelez la parodie de Philippe-Aubert, vous allez sourire devant l'une des scènes. Mais si, pour vous, tout James Bond devrait avoir le rythme, la tension et la finesse psychologique de Casino Royale (parce que le potentiel du personnage n'en mérite pas moins), ben vous allez être déçu. Comme moi.

11 commentaires:

ClaudeL a dit…

Plutôt genre Anna Karénine que Bond alors, permet que j'aie lu en diagonale.

Gen a dit…

@ClaudeL : Permission accordée! ;)

Prospéryne a dit…

Moi, j'ai bien aimé la scène où Bond est ligoté. Mettons que l'allusion était assez spéciale, du jamais vu dans le monde du très hétéro espion britannique! Bien que je ne sois pas d'accord avec tous les détails de ta critique, je suis assez d'accord avec l'idée générale. Pas mauvais, mais on a vu mieux. La seule chose que je lui accorde sans réserve est d'avoir repris plusieurs éléments qui ont fait le succès des vieux James Bond: Monneypenny, les gadgets (même s'ils sont pas super dans celui-ci!) et Q. Bref, pas mal, mais pas super par contre.

Gen a dit…

@Prospéryne : Ben oui, ok, allusion jamais vue chez Bond, mais... Mais on en est en 2012, que diable, c'est tout ce que ça prend pour émouvoir tout le monde? Et le méchant style "grande folle" avec complexe d'Oedipe non résolu, j'ai pas été soufflée par son originalité.

Et tant qu'à moi, les gadgets, ça a toujours été le point faible des Bond. À une certaine époque, c'était comique et logique (à l'époque où la technologie commune n'était pas très développée, que l'espion dispose de mieux, c'était parfait), mais de nos jours, bof.

Ramener Monneypenny et Q, oui, ça c'était bien. Surtout d'avoir modernisé Q pour en faire un geek! :P

Pat a dit…

Moi je me demande surtout ce qu'ils vont explorer par la suite (étant donné qu'ils ont décidé de faire de Daniel Craig un personnage plutôt qu'un prétexte à explosions).

Ok, James Bond a réalisé qu'il était vieux. Dépassé.

On va où ensuite?

Gen a dit…

@Pat : On va nulle part. La réalisation n'est suivie de rien. Ensuite c'est "business as usual" (Bond redevient prétexte à explosion). Je m'attends à ce qu'ils repartent bientôt avec un nouvel acteur pour Bond. Ou qu'ils nous créent un 008.

Daniel Sernine a dit…

Skyfall offre tout de même le plus beau générique d'ouverture de toute l'histoire de la série. Et puis, ressortir l'Aston-Martin, effleurer le bouton du siège éjectable, juste pour faire sourire... Moi j'ai bien aimé, même si ce n'est effectivement pas le meilleur James Bond.

Vincent a dit…

Le générique était excellent, en effet! Mais la transition avec James Bond dans son "état normal" immédiatement après le générique, ça faisait un peu anti-climax. Je me demandais vraiment où ils s'en allaient ave un générique comme ça. Nulle part finalement...

Gen a dit…

@Daniel : Oui, le générique était fort (quoique celui de Casino Royale, plus minimaliste, était quand même pas mal). Et oui, il y a eu des clins d'oeil intéressants (j'ai bien aimé d'ailleurs que M reconnaisse tout de suite le bouton du siège éjectable), mais... mais y'en faut plus pour que la pâte lève.

@Vincent : Ouais, voilà tout le problème du film : ça allait nulle part. On est de retour à la vieille recette : entre le début et la fin du film, le personnage n'évolue pas d'un iota, pour qu'on puisse ploguer des suites sans problème. La recette commence à être usée je pense

Caro a dit…

J'avoue mettre mon cerveau à off quand je vais voir un James Bond. Beaucoup d'éléments m'ont plu, assez pour passer une très bonne soirée. Faut dire que je suis bon public pour les film de messieurs 007. ;-)

Et le générique: superbe!

Gen a dit…

@Caro : C'est justement parce que ce n'était pas nécessaire de mettre notre cerveau à off dans Casino Royale que je suis déçue depuis. Me semble qu'une histoire d'espion, ça devrait toujours comprendre une intrigue intéressante. Quand je veux mettre mon cerveau à off, j'écoute un vieux film de Van Damme! :p

Mais bon, comme je dis, c'est pas le pire James Bond. Juste... moins bon que Casino Royale (ok, vous avez compris le principe je pense).