mercredi 18 avril 2012

Le problème, c'est pas les frais de scolarité

La grève étudiante se poursuit. Pour la première fois, les étudiants vont peut-être perdre une session. Tout ça pour même pas 2000$ de plus par année dirons certains...

Mais la vérité, c'est que le problème, c'est pas vraiment l'augmentation des frais de scolarité.

Le problème, c'est le réflexe d'augmenter les frais dès qu'on a dilapidé son budget. C'est les dépenses somptuaires dès qu'il faut réunir trois bureaucrates. Le problème, c'est les 200 millions pour un amphithéâtre. Les 500 millions pour un Plan Nord qui va rapporter beaucoup aux entreprises de ressources naturelles, peu à la population et encore moins à l'environnement. Le problème, c'est la gestion irresponsable des fonds publics. La corruption. Les firmes de génie qui s'en mettent plein les poches. Les viaducs qui s'écroulent. Le système de santé qui compte plus de cadres que de personnel soignant. Les policiers qui ont la gachette de plus en plus facile. Les entreprises qui engrangent d'énormes profits et qui n'augmentent pratiquement pas les salaires. La retraite repoussée sans raison à 67 ans. Les scabs qui n'en sont pas s'ils télétravaillent. Les droits de grève suspendus par des lois de moins en moins spéciales. Le problème, c'est l'écart qui se creuse toujours davantage entre ceux qui prennent régulièrement l'avion et ceux qui entretiennent les appareils.

Les manifestations étudiantes, c'est le symptôme d'un ras-le-bol qui s'installe. Il est encore discret. Pour le moment, y'a juste les jeunes qui ont le temps d'y penser et ils n'ont même pas encore les mots pour identifier leur malaise. Cela dit, ce serait bien que le gouvernement et leurs amis nantis se réveillent. Avant que d'autres groupes remplacent les étudiants dans les rues et que les cocktails molotov soient servis style bar open.

14 commentaires:

Joe_G a dit…

Fuck Yeah!
Sauf que je suis contre l'idée de jeté de l'alcohol par les fenêtre... dans des quartiers où je demeure ou travaille.

Prospéryne a dit…

Un ras-le-bol qui monte et qui monte. Et on dirait que c'est pas juste nous, on voit ça partout avec Occupy Wall Street, en Espagne, en Grèce... Les gens sont tannés de payer leur juste part et de voir de voir d'autres personnes faire des profits faramineux. On est à la veille de changements ça c'est sûr, mais quelles formes ils vont prendre? Ça, c'est la question. Tu as raison Gen de dire que le débat n'est pas juste centré sur les frais de scolarité. Ça c'est juste le symptôme qui permet de diagnostiquer la maladie.

Vincent a dit…

Tout à fait d'accord. Au rythme où les choses avancent, ça va finir par péter. Je crois que c'est de plus en plus nécessaire. Mais, comme Prospé, je m'interroge sur les résultats que ça va donner...

Gen a dit…

@Joe : Moi aussi je suis contre le fait de jeter de l'alcool par les fenêtres! ;) Et c'est de plus en plus inquiétant de se promener en ville certains jours. Le jour où ça va sauter, il y aura des dommages collatéraux.

@Prospéryne : Oui, les gens sont écoeurés et les nantis comprennent pas le message. Les frais de scolarité seront ptêt pas la goutte d'eau problématique, mais on se rapproche du point de débordement.

@Vincent : Les résultats? Espérons qu'on va refaire une révolution "tranquille"...

Mathilde a dit…

Très bon texte, Geneviève.

Et j'ajouterais à ta liste les recteurs qui reçoivent des primes de départ faramineuses pendant que les étudiants doivent payer de leur poche l'examinateur externe de leur thèse (ou faire venir quelqu'un d'assez proche pour que 650$ suffise à le faire venir à Montréal, ou qui a une folle envie de payer pour travailler). (Histoire vécue. Heureusement, je suis tombée sur quelqu'un de catégorie C, prêt à payer la différence pour venir travailler.)

Moi aussi, je trouve que c'est de plus en plus inquiétant de se promener en ville ou pire, sur un campus d'université, et je bénis pour une fois l'université d'être tellement broche-à-foin qu'elle a négligé de faire la publicité de ma soutenance, parce que ça risque de nous éviter la présence inopportune d'agents de sécurité sur les lieux.

Quand je pense que Grégoire IX avait réussi à faire sortir le prince et ses sbires du campus au Moyen-Âge, et que nous n'y arrivons pas, j'ai envie de pleurer.

Gen a dit…

@Mathilde : T'es pas sérieuse? Vous devez payer vous-mêmes pour déplacer vos examinateurs?!?

Ouais, t'es aussi bien que l'université ait pas trop fait de pub. On est effectivement loin de l'époque où les campus étaient des zones franches!

Philippe-Aubert Côté a dit…

Pour les examinateurs externes, à l'UdeM (je subodore que Mathilde fait référence à cette université :-)), la faculté peut rembourser les frais de déplacement de l'examinateur pour un maximum de 650$. Il y a en fait trois options possibles: soit l'examinateur vient et si ça coûte plus que 650$, l'unité de l'étudiant rembourse la différence, soit il ne vient pas mais se fait représenter par un autre professeur, soit il assiste à la soutenance par vidéoconférence (une de mes collègues avait comme examinateur parisienne un prof à l'université de Paris -- il a donc assisté à la soutenance par vidéoconférence).

Si l'examinateur externe réside dans la région montréalaise, le problème ne se pose pas vraiment.

Pour ce qui est de ton billet, j'applaudis de toutes mes griffes :-) J'ajouterais que mon ras-le-bol est amplifié par les échanges puérils que je vois à la période de questions de la chambre des communes, où le premier ministre et la chef de l'opposition ne font que s'envoyer dans des briques et s'accuser mutuellement de tous les maux de la planète...

Gen a dit…

@Phil : Merci de l'éclaircissement pour les examinateurs. Par contre, je souligne qu'à l'UQAM, quand j'y étais, il n'y avait aucun équipement de vidéoconférence fonctionnel dans le pavillon des sciences humaines...

Ah, les édifiants échanges à l'Assemblée nationale. Oui, y'a de quoi vouloir manifester...

Mathilde a dit…

Les précisions apportées par Philippe-Aubert Côté sont exactes et il s'agit bien de l'UdeM. Il y a cependant une quatrième possibilité : le département ou le laboratoire peut faire d'une pierre deux coups et faire venir l'examinateur externe à l'aide du budget d'évaluation et du budget de conférences. Il ne faut pas oublier non plus que l'évaluateur externe étant un professeur et souvent, par définition, une personne réfractaire à toute technologie inconnue, il peut très bien refuser d'évaluer une thèse par vidéoconférence. Par ailleurs, la soutenance sert également à établir des contacts avec le dit évaluateur externe, ce qui se fait habituellement plus dans la petite réception informelle qui suit la soutenance, et à laquelle l'examinateur n'assiste pas s'il s'agit d'une vidéoconférence.
@Geneviève : les équipements de vidéoconférences sont tellement récents que quand ils ont été installés à l'UdeM, il y a 4-5 ans, la soutenance se faisait par trois téléphones interurbains et coûtait largement plus de 650$.

Et quand je regarde la période de questions de l'Assemblée nationale, je trouve que nos élus sont bien malvenus de critiquer le déroulement de nos assemblées générales étudiantes !

Isabelle Lauzon a dit…

Moi, mon problème avec tout ça, c'est que j'ai toujours l'impression que quelque part, l'argent sort toujours de ma poche... :(

Gen a dit…

@Mathilde : Phil étant en bioéthique, ses profs sont moins dinosaures que les nôtres je crois! ;p Et dépendamment de l'équipement de vidéoconférence et de la compagnie qui établit la connection, oui, ça peut coûter plus cher que 650$ pour 2 ou 3 heures de conférence... sans compter les problèmes techniques tels images tressautantes et décalages.

Et ouais, l'Assemblée nationale, c'est vraiment pas un modèle!

@Isa : Que ça sorte de notre poche, c'est encore pas pire. Mais qu'il y ait 30 à 40% du fric qui se "perde" en route et qui se retrouve dans les poches des politiciens, de la mafia ou des hommes d'affaires de haut vol, là ça passe pas. Penses-y : 30% d'impôt de moins dans une année, ce serait déjà quelque chose!

Enfin, au moins ils ont fait un ti coup de filet aujourd'hui. (Il tombe bien d'ailleurs ce coup de filet...)

Gabrielle Syreeni a dit…

C'est un beau billet que tu nous as écrit là. Je le recommanderai. :)

Valérie a dit…

Oui, tu touches juste Geneviève. C'est vrai que c'est ça le problème. Ou les problèmes devrais-je dire. Et c'est un peu pour ça que les voir dehors, ces jeunes-là, me fascinent. Parce que je croyais qu'ils allaient laisser faire, comme bien d'autres l'ont déjà fait. Si ça pouvait être le début d'une discussion...

On verra dimanche, avec l'autre grande marche. Merci!

Gen a dit…

@Gabrielle : Merci!

@Valérie : Au début, je m'en foutais un peu hausse ou pas hausse... Mais plus je les vois manifester, plus je vois le comportement du gouvernement, plus le débat s'élargit, me semble et plus j'ai envie de laisser tomber le boulot et d'aller marcher avec eux dans les rues.

Je vais essayer d'y être dimanche (en espérant que ce soit possible de rentrer en ville)