vendredi 27 avril 2012

Le nid de guêpe

Quand j'étais petite, j'avais un cousin qui s'amusait à arroser les nids de guêpe avec un pistolet à eau. C'était drôle : il se mettait le plus loin possible du nid, puis il arrosait un peu. Au début, il se passait rien. Puis une guêpe ou deux sortaient et tournaient en rond comme des folles. Il attendait qu'elles rentrent et il arrosait à nouveau. Un peu plus de guêpes sortaient. S'il était patient, elles rentraient elles aussi et il pouvait reprendre son manège.
Sauf qu'une fois, il a pas attendu assez longtemps entre deux arrosages. Les guêpes ont vu d'où l'attaquent venaient et elles se sont précipitées sur lui. Elles en avaient ras-le-bol de ses niaiseries.

Bon, c'est un billet de blogue, pas un film d'horreur, alors il est pas mort, transpercé par les dards. Il a même pas été défiguré. Il a juste récolté trois quatre piqûres et il a eu très mal pendant quelques heures.

Mais ce dont je vais toujours me rappeler, c'est que quand les guêpes ont commencé à lui tourner autour et à le piquer, il s'est mis à agiter l'air autour de lui en criant : "Laissez-moi tranquille, j'ai arrêté là, j'ai arrêté."

Sauf que quand on a dérangé un nid de guêpes assez pour qu'elles se choquent, un moment donné ça sert plus à rien d'essayer de négocier. Vous pouvez peut-être en convaincre une ou deux de vous sacrer patience, mais l'essaim, lui, est parti sur sa lancée.

Et si vous êtes en face de la variété de guêpes estudiantines à carré rouge, vous pouvez pas savoir jusqu'où il ira.

18 commentaires:

Prospéryne a dit…

Belle analogie Geneviève. Laisse la crise perdurer ne la rendra que pire...

Gen a dit…

@Prospéryne : Et s'attendre que les leaders du mouvement étudiant arrivent à contrôler tout le monde (incluant les casseurs non-étudiants), c'est vraiment n'importe quoi!

ClaudeL a dit…

Je te voyais venir avec ton nid de guêpes. Dans ton histoire, il n'y a que deux joueurs, dans la crise, il y en a un peu plus: étudiants de Montréal et d'ailleurs, trois associations bien distinctes, les casseurs qui appartiennent à un groupe? les policiers, les citoyens (commercants, maires) et le gouvernement. À défaut de pouvoir élire sur-le-champ une ministre ou une premier ministre et un autre porte-parole de la Classe, je nommerais un médiateur.
En Outaouais, les étudiants de l'UQO viennent de voter un autre 6 jours ouvrables de grève, à 61%. Si tous les étudiants cessaient de voter pour la grève peut-être que ça donnerait un signal aux dirigeants, mais voilà, qui va céder en premier... On n'est pourtant plus à ce petit jeu de perdant-gagnant. À qui sert cette rallonge?

Gen a dit…

@ClaudeL : Moi je ne vois que deux acteurs : une société et un gouvernement. La société, par le biais des étudiants (premières guêpes à sortir) a envoyé un message clair : ras-le-bol de payer pour vos niaiseries.

Onze semaines plus tard, les étudiants ont probablement perdu leur session, mais ils sont encore dans la rue et ils ne sont plus seuls. Écologistes, altermondialistes, féministes, chômeurs d'Aveos... quand on lit les slogans, il y a de tout maintenant.

Certains disent que le conflit s'est dilué, mais moi je pense au contraire que le conflit est en train de prendre de l'ampleur. Que l'essaim au complet est en train de sortir du nid. Parce que voir les étudiants manifester et se faire tabasser (je rappelle qu'ils se sont fait bousculer bien avant les premières vitrines éclatées), ça a réveillé certaines personnes.

Et les étudiants n'ont plus le choix de continuer la grève. Dès qu'ils retourneront en classe, le gouvernement s'empressera de s'arranger pour les oublier. Il faut qu'ils continuent à gueuler, à manifester.

Idéalement sans rien casser. Mais pour le moment, ils sont encore moins pire pour le centre-ville qu'un match de la coupe Stanley!

Vincent a dit…

Personnellement, je trouve qu'il y a eu très peu de casse si on considère le refus de coopération du gouvernement, la taille des groupes qui manifestent, la durée du conflit et le nombre de manifestations.

Gen a dit…

@Vincent : Tout à fait d'accord. Comme je disais : moins pire qu'après certains match de la coupe Stanley. Il y a eu quelques vitrines fracassées, mais pas de pillage, ni de blessé.

Si seulement le conflit pouvait se régler avant que ça arrive!

Anonyme a dit…

Je suis très loin d'être convaincu que les étudiants sont dans la rue pour autre chose que leur cause... le gel des frais.

Si vraiment ils veulent dénoncer d'autres choses, leur voix porte pas fort.

Mathilde a dit…

Les guêpes d'un côté, la coupe Stanley de l'autre : voilà qui me fait penser qu'alors que je parlais de la grève avec ma mère il y a une semaine ou deux, on a entendu à la radio un texte lu lors des funérailles de Butch Bouchard, qui rappelait que s'il était aussi calme et savait refroidir les esprits sur la patinoire, c'était qu'il avait été apiculteur.

Je suis d'accord avec toi qu'il n'y a pas d'autre possibilité que de continuer la grève. Dans un conflit de travail, personne ne s'attendrait à ce que les gens rentrent au travail alors que la partie patronale refuse de négocier, ou alors ce serait accepter qu'il n'y ait pas d'offre réelle de la part de celle-ci. Pourquoi les étudiants devraient-ils rentrer en classe d'abord avant qu'on daigne s'occuper d'eux ? Aucun d'entre eux n'acceptera d'avoir fait la grève 11 semaines et de rentrer en classe sans rien obtenir, et ils auront raison.

Gen a dit…

@Anonyme : Dans nos sociétés occidentales, les grèves étudiantes ont toujours été le premier signe des malaises sociaux. Suffit de tendre l'oreille. (Je signale qu'un nom serait apprécié, ne serait-ce qu'un pseudonyme : tant qu'à moi, les commentateurs anonymes, c'est comme les manifestants masqués : on les soupçonne du pire même quand ils restent civilisés! :p)

@Mathilde : Non seulement des travailleurs ne feraient pas ça, mais les étudiants ont perdu bien plus que des employés ne pourraient perdre lors d'une grève. Il faut qu'ils persistent. En attendant aussi longtemps avant de négocier, le gouvernement s'est acculé au pied du mur. Les jeunes ne plieront pas, alors c'est à eux de bouger. Et ils auront l'air faible. Alors ils hésitent. Et ça empire.

Ridicule.

Pat a dit…

J'suis peut-être un vieux bourdon, mais l'arrogance du gouvernement me donne envie de bourdonner avec les guêpes, par moment...

Vincent a dit…

@Pat: Moi aussi.

Gen a dit…

@Pat et Vincent : À chaque fois que je vois passer une manif près du bureau (je travaille dans le Vieux, je le rappelle), j'ai juste le goût de me lever de ma place et d'aller les rejoindre.

ClaudeL a dit…

Je demeure neutre, au sens où pour chaque action, je prends le bord de l'un des fois celui de l'autre (je sais depuis longtemps pour qui je ne voterai pas aux prochaines élections, mais je ne peux pas voter pour un président d'association) mais comme dans toute confrontation ou divorce, il y a de la mauvaise foi des deux parties et je ne cherche plus à savoir si plus d'un côté que de l'autre ou qui a commencé. Juste dire que la coupe Stanley, ç'a duré une seule nuit, les policiers n'ont pas eu à travailler depuis combien de semaines déjà?
Ne change rien,juste que je suis certaine que les policiers aussi doivent être tannés de la situation.

Gen a dit…

@ClaudeL : Peu importe qui a commencé. D'un côté on a des citoyens, de l'autre un gouvernement. Il y a juste un des deux acteurs dont c'est la job de régler les crises et les conflits.

ClaudeL a dit…

Le gouvernement vient de faire d'autres offres, mais ne fait pas l'affaire de la Classe. La classe veut que ce soit ce qu'elle veut qui passe. Ça va être long.

Gen a dit…

@ClaudeL : Avec ce que les grévistes ont sacrifié en argent et en temps, je les comprends d'avoir refusé. Le gouvernement n'a rien offert de neuf, toutes ces propositions-là étaient déjà dans l'air. Et elles ne suffisent pas.

Franchement, je ne sais pas comment ce conflit va se régler, mais j'ai l'impression qu'il aura des répercussions à long terme.

Une femme libre a dit…

Les étudisnts en grève ne sont pas LA SOCIÉTÉ, les étudiants en grève sont des étudiants en grève et ils ne font même pas partie de la majorité des étudiants. Les carrés verts ont rangé leurs carrés,ils ont peur des rouges, qui peuvent facilement devenir extrémistes. Dans mon entourage, les étudiants désirent retourner en classe depuis longtemps et ils ne la trouvent plus drôle,la grève qui s'éternise.

Dans l'entourage de certaines amies également, il y a plein de jeunes plus favorisés qui ne souffrent aucunement de la grève. Quelle grève? En médecine et en droit à l'université de Montréal, ils n'ont manqué que deux cours et ils terminent leurs examens finaux cette semaine. Mcgill au complet, qui est quand même une grosse université réputée, n'a jamais été en grève.

Dans mon entourage également, le chum de ma fille, troubles d'apprentissages, de retour aux études en sciences infirmières au cegep du Vieux-Montréal à 21 ans, toute sa famille l'aide, son oncle l'héberge, sa mère qui habite loin lui envoie de l'argent durement économisé. Il fait une première session bien réussie, bravo! et puis cette session-ci annulée probablement, il a repris une petite job au salaire minimum comme avant. Pas le temps de niaiser. L'université, il n'y a même jamais pensé.

Gen a dit…

@Femme libre : Y'a plein de petites histoires individuelles prises au milieu de ce mouvement-là, en effet. Et, oui, les histoires individuelles sont tristes. Tragiques parfois même. Mais un moment donné, si on veut que le bien commun avance, faut que chacun arrête de se regarder le nombril.

Et ne me lancez pas sur le cas des facultés de médecine et de droit, ni de McGill. Évidemment que ceux-là ne se soulèvent jamais avec les autres, rassurés comme ils le sont par leurs perspectives salariales futures. Mettons que 75% d'augmentation des frais, ça fesse plus pour un étudiant en histoire que pour un étudiant en médecine.