Je voulais vous parler des personnages et des dialogues dans mon dernier billet, mais finalement je me suis arrêtée après le personnage, parce que ça commençait à faire pas mal de matière (pis il était l'heure de partir donner un atelier d'écriture! lol!).
Alors, aujourd'hui, jasons direction littéraire et dialogues.
Tant qu'à moi, il y a quatre aspects des dialogues sur lesquels la direction littéraire risque de s'attarder:
1- Les dialogues écrits comme la narration.
À l'oral, on tend à faire des phrases courtes et des répétitions. C'est normal et nécessaire pour éviter que notre interlocuteur ne perde un bout de notre message. Il n'est pas nécessaire de reproduire ça exactement à l'écrit, mais si vous voulez me faire décrocher de ma lecture, mettez une phrase de quatre lignes dans la bouche d'un personnage! À moins que ce soit un personnage bien particulier, par exemple un maniaque d'Alexandre Dumas. Ce qui m'amène au point suivant...
2- Les personnages qui parlent tous de la même manière.
La longueur des phrases, le vocabulaire, les références culturelles, les expressions, etc, devrait varier, au moins légèrement, d'un personnage à l'autre. Si on décide de jouer en plus avec l'oralité et peut-être d'introduire des anglicismes ou des mots étrangers, alors sky is the limit! Conseil personnel : n'essayez pas de reproduire un accent étranger, parce que ça risque de sonner soit comique, soit raciste, soit les deux. Par contre, rien ne vous empêche de copier des tournures de phrases comme si le personnage traduisait en français dans sa tête avant de parler! (C'est pour ça que mes dames japonaises parlent en posant des questions dans les Hanaken :)
En fonction de l'histoire du personnage, de ses goûts et de sa personnalité (dont on a discuté dans le dernier billet), vous pouvez créer un éventail de voix dialoguées fort variées, qui aideront le lecteur à suivre le fil des dialogues et à s'immerger dans votre récit.
3- Les dialogues vides
Oui, je sais, les dialogues de type :
- Salut!
- Salut!
- Ça va?
- Pas mal et toi?
- Oui, oui, ça va...
Ça crée un effet de réel. Cependant, à moins qu'on ait envie de refléter la vacuité des échanges entre les personnages, on gagnera du temps (et sauvera du papier) en disant "Ils se saluèrent, puis Untel demanda..." et d'entrer ensuite dans le vif du sujet, avec une réplique qui fait avancer le récit.
4- Les dialogues informatifs de série télé
Je ne veux pas ici dénigrer les gens qui écrivent pour la télé, mais il faut avouer que les scripteurs télévisuels ont un gros handicap : ils n'ont pas accès à la narration. Alors quand ils veulent nous expliquer quelque chose, il faut que ça passe par le dialogue. Yves Meynard a donné l'exemple canonique de ce qu'est un "dialogue de série télé" juste ici (regardez à la section "dialogue"). En gros, dans un dialogue de série télé, les personnages s'expliquent des choses qu'ils savent déjà, pour le bénéfice du lecteur/spectateur. Les indices clairs qu'on est en présence d'un bout de dialogue dont les renseignements auraient dû nous être passés en narration sont les expressions "Vous n'êtes pas sans savoir..." ou "Comme vous le savez..." S'ils le savent, pourquoi ils en parlent!?!
Cela dit, toute règle est faite pour être brisée. Un dialogue un peu vide ou de série télé, une fois de temps à autre, ça peut servir de ressort d'intrigue. Votre directeur littéraire vous aidera à doser. ;)
5 commentaires:
Repense encore à l'atelier et euh, oh... Ouais... Applicable, tout à fait applicable!
@Prospéryne : Pauvre toi, tu te fais expliquer à rebours tout ce qui t'es tombé dessus d'un seul coup à l'atelier! :p T'es faite forte pour y avoir survécu!
Disons que l'année 2018 a été riche en enseignement... et que c'est pas pour rien que je sortais de l'atelier le soir avec un gros mal de bloc! :P
Excellents billets, plume-sœur! 😊 Je ne commente pas souvent, mais je te lis religieusement!
@Isa : Merci!!!
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