Note : si vous vous demandez "Ça achève-tu cette histoire de direction littéraire?", bravo, vous voici dans l'état d'esprit de tous les auteurs la première fois qu'ils ont à retravailler un texte! :p Mais oui, ça achève... ;)
En plus de vous poser un million de questions et de vous suggérer des changements un peu partout, la direction littéraire va travailler avec vous sur le rythme et la structure du texte : couper des scènes, en raccourcir, en rajouter, changer des éléments de place, élaguer les descriptions et les dialogues ici, les rallonger là...
Le travail sur le rythme est souvent fort déstabilisant pour l'auteur (et, je vais vous confier un secret, même pour le directeur littéraire!), parce qu'il faut couper des bouts de texte ici et les recoller là-bas... Et on sait tous l'angoisse qu'on éprouve quand on fait disparaître 2 ou 3 pages de texte!!! (Même si c'est juste pour 30 secondes et qu'on a 23 backup!)
Cependant, ça aide à recadrer le récit, à plonger le lecteur davantage dans l'histoire, à entrelacer les parties les plus lentes de l'intrigue avec les parties les plus actives, à dissimuler ou à révéler plus efficacement un mystère, etc. (J'ai déjà parlé ici des différents types de structure qu'on peut utiliser dans un texte.)
Mon impression est que notre sensibilité au rythme des textes s'est beaucoup accrue dans les dernières décennies (probablement parce que notre rythme de vie tout entier est devenu plus effréné). De nos jours, je ne crois pas qu'un directeur littéraire laisserait le chapitre-description "Paris à vol d'oiseau" de Victor Hugo ouvrir le roman "Notre-Dame-de-Paris". Ou alors il le réduirait impitoyablement à quelques lignes.
Certains poussent les hauts cris et disent que c'est un signe de l'appauvrissement de notre littérature, de notre pensée, de notre imaginaire.
(O tempora, o mores!)
Personnellement, je crois que c'est seulement le reflet d'un changement de goûts. Après tout, les Japonais, il y a quelques siècles, ont développé une poésie très évoluée, haïkus et tankas, à coup de 17 ou 31 syllables! Difficile de faire plus concis... et ils ne semblent pas avoir un imaginaire appauvri pour autant!
Alors, est-ce normal si votre directeur littéraire vous demande de raccourcir votre texte? Oui!
Ou même de couper un personnage? Oui aussi!
(Ah tiens, j'ai oublié d'en parler ça... la règle des trois personnages... on y reviendra...)
Est-ce normal s'il vous demande de rallonger votre récit? Toujours oui! (Confession : c'est ce qui m'arrive la plupart du temps, parce que je suis une nouvelliste dans l'âme!)
Et s'il veut que vous le découpiez en morceaux et le réorganisiez en vous fiant aux cartes de tarot que vous aurez tiré durant une nuit sans lune? Euh... Y'a pas de mauvaise méthode dans l'absolu. L'important, c'est que ça serve votre propos. :p
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