Qu'on parle de cohérence interne, d'arrière-monde, de recherches, d'histoire de vos personnages, d'intentions (de l'auteur ou des personnages) ou de dialogue, il existe une règle primordiale en littérature, et donc en direction littéraire :
Tout n'a pas à être sur la page.
Par contre, le corollaire de cette règle, selon moi, c'est que tout doit être dans la tête de l'écrivain. (Ou dans ses carnets de note). Parce que si l'écrivain a inventé une nouvelle science, s'il a développé l'histoire de son personnage, s'il a une idée claire du début de la conversation dont il ne nous écrit que le milieu, eh bien ça va transparaître dans le texte.
Je vous ai déjà parlé de ma recette personnelle pour éviter les infodump. Cette même recette (en gros, tout noter de la manière la plus plate possible sur un sujet, afin de fixer nos idées, puis fermer le document et écrire à partir du souvenir qu'on en garde, de la logique qu'on a intégrée) peut s'appliquer à plusieurs aspects du texte (histoire des personnages, résultat de recherches historiques, scènes non montrées, etc.).
Souvent, le directeur littéraire va poser des questions à l'écrivain, le forcer à trouver des explications, ... et lui demander ensuite de ne pas les mettre dans le texte! (Ce qui est toujours déstabilisant les premières fois!) Par contre, il voudra qu'on ajuste l'événement X ou la réplique Y en conséquence, pour montrer la logique sous-jacente.
À d'autres moments, le directeur nous demandera d'enlever des explications, en nous assurant qu'on comprend très bien le texte sans.
Dans les deux cas, le lecteur comblera tout naturellement les trous, devinera tout ce qui n'est pas sur la page, en ayant l'impression de participer au texte. :)
Et si on ne comprend vraiment pas vos inventions, ne vous en faites pas : le directeur littéraire se fera un plaisir de vous demander d'ajouter des explications... et il vous aidera à ne pas les balancer toutes au même endroit, histoire de ne pas assommer votre lecteur! ;)
8 commentaires:
Trop d'explications tue le "sense of wonder" propre à la littérature de genre. Évidemment, couper une explication ne doit pas rendre le texte confus, mais si au contraire en en disant moins on pique la curiosité du lecteur et on laisse sa propre imagination s'activer, on peut élever le texte à un niveau foutrement magnifique. C'est pas évident à faire, je le concède.
À mon avis, les info dumps dont il faut se méfier le plus sont celles qui ne servent qu'à justifier une incohérence dans la construction de l'univers. Soit l'auteur présente cette incohérence comme une prémisse de l'histoire (ce que permet la sf, surtout en format court), soit il est mieux de retravailler le contexte de son récit.
Tant qu'à moi toute explications qui se compte en paragraphes (et non en phrases) est à bannir. Ça veut dire qu'on a échoué à mettre en scène les notions nécessaires et qu'on est en train d'écrire un manuel et non une fiction.
@Alain : Le « syndrome de l’état civil » (où l’auteur, lorsqu’est introduit un nouveau personnage, se sent obligé de nous servir sa biographie au complet [accompagné quelquefois de celle de ses parents dans les pires cas]), est aussi est un cas récurrent d’infodump. J’ai récemment lu un roman de SFFQ dont je tairai le titre qui en servait un de 20 pages. 20 !!! ARGH !
@Gen : je suis du même bord que toi : passé quelques phrases, il faut une bonne raison pour que ça soit justifiable.
@Luc : Lolol! J'adore ce concept de syndrôme de l'état civil. Mais pour le roman... dis-moi que c'est pas celui qui est dans ma pile! O.o
Et oui, passé quelques phrases, faut vraiment que l'explication soit 1- primordiale à la compréhension du récit, 2- impossible à passer plus subtilement
@Gen: Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat... ou d'une pinte et d'un fish'n chips. ;o)
@Luc : Coming right up! ;p
Tout n'a pas à être sur la page en effet. Et on a pas besoin de tout expliquer, mais nous, comme auteur(e), on doit le savoir. C'est souvent ça qui fait qu'on n'a pas besoin d'en dire plus, parce qu'on est capable de dire juste l'essentiel.
@Prospéryne : Voilà!
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