Depuis que je me consacre à l'écriture, j'essaie aussi de me développer en tant que directrice littéraire.
Premièrement, parce que, d'un pur point de vue mercantile, des contrats de direction littéraire, c'est un complément logique et bienvenu à mes activités d'écrivaine.
Et deuxièmement, parce que j'aime ça! J'adore analyser un texte pour en trouver les faiblesses, réfléchir à des moyens de les régler, en discuter avec l'auteur, sentir sa créativité se ranimer, le voir plonger dans le texte et en découvrir bientôt une version plus achevée.
Cependant, récemment, alors que je tentais de me trouver de nouveaux contrats et que je mentionnais mes ateliers en tant qu'expérience de direction littéraire, je me suis rendue compte que plusieurs personnes ne voyaient par le lien entre "direction littéraire" et "atelier".
Pourtant, un atelier littéraire (à tout le moins ceux qu'Élisabeth Vonarburg m'a appris à donner), c'est sans doute l'expérience de direction littéraire la plus pure qu'on peut connaître. Vous écrivez un texte (sur place ou avant l'atelier), l'animateur le lit... et le commente en direct!
Ensuite, vous tentez d'appliquer ses commentaires, vous examinez le résultat ensemble et vous faites quelques ajustements. L'auteur voit quelles sont ses faiblesses et comment les contrer, tandis que l'animateur d'atelier apprend à mieux formuler ses commentaires, à les rendre concrets et même à les limiter (afin que l'auteur ne se sente pas découragé à l'idée de tout retravailler en même temps).
C'est étrange quand même... on dirait que la mécanique des ateliers est vraiment peu connue. Quelqu'un aurait-il une explication?
7 commentaires:
À brûle pourpoint, j'ai toujours eu l'impression que les ateliers d'écriture souffrent d'une mauvaise réputation -- pour de bonnes ou de mauvaises raisons -- et qu'on refuse de voir leur pertinence. Pour les "bonnes raisons" (notez les guillemets) : certains atelier d'écriture sont donnés par des gens qui veulent montrer aux participants ce qu'est la "vraie littérature", non pas montrer aux participants des trucs qui peuvent les aider à écrire les histoires qu'ils veulent raconter (c'est ce qui distingue les ateliers d'écriture d'Élisabeth de beaucoup d'autres). Pour les "mauvaises raisons" : j'ai vu beaucoup d'auteurs et d'éditeurs dans le milieu québécois qui dénigraient les ateliers d'écriture en se basant sur les critiques d'auteurs américains comme Stephen King ou Orson Scott Card (par exemple), ou faisaient valoir qu'eux n'ont pas eu besoin d'ateliers pour écrire, ou que Proust ou Réjean Ducharme n'avaient jamais fait d'atelier (authentique -- je l'ai entendu de quelqu'un que je ne nommerai pas). Ce à quoi j'avais envie de répondre : "Peut-être que Proust aurait encore mieux écrit avec un atelier et que vous écririez mieux" :-p (Je dis pas que c'est essentiel, mais avant de vous considérez comme un génie pensez-y à deux fois...)
Bref, j'ai l'impression que pour toutes sortes de motifs beaucoup de gens considèrent de haut les ateliers d'écriture et ne cherchent pas à envisager que certains d'entre eux peuvent apporter quelque chose, ni ne cherchent à savoir ce qu'on y fait... Encore là, je me souviens d'avoir pris la défense des ateliers d'écriture devant un auteur québécois (dont je tairai le nom, un autre...) qui n'a jamais pris la peine de considérer ce que je disais : il m'écoutait avec un regard disant "Pauvre toi, t'es à côté de la track", avant de changer de sujet. Ledit auteur a pris une méchante débarque dans mon estime ce jour là... :-) (Il a le droit de ne pas aimer les atelier ou d'y trouver des limites, mais de là à camper sa position sur de la mauvaise foi, non.)
@Philippe-Aubert : J'ai souvent entendu l'argument au sujet de King ou de Scott Card... et je l'ai toujours trouvé fallacieux, parce que King a raconté (notamment dans "On writing") avoir participé à des ateliers et à des cours de création (même s'il leur trouve des défauts, il n'a jamais dit n'en avoir rien retiré). Et au temps de Proust, les écrivains se rassemblaient et discutaient, se lisaient des extraits les uns aux autres, alors ce n'était pas des ateliers comme on les connaît de nos jours, mais nos ateliers sont sans doute ce qui s'en approche le plus!
Enfin, je crois que tu as raison, il y a une grande part de mauvaise réputation là-dessous. (Et oui, moi aussi j'ai eu droit à des regards vides/ sceptiques/ amusés quand je parle des ateliers)
Et appliquez tout ce que vous venez de dire à la notion de «direction littéraire». Le nombre de gens qui sont contre cette notion, n'en connaissent pas la nature (ni même l'existence!)... et ce, même parmi des éditeurs, que nous pourrions nommer, mais nous nous abstiendrons.
L'auto-édition découle en bonne partie de cette méfiance, voire cette hostilité... aidée désormais par la facilité (numérique) de la chose.
"Mon génie est pur et parfait, les commentaires des autres ne feraient que le contaminer". Je caricature peut-être, mais je soupçonne qu'il y a un peu de ça derrière l'opposition aux ateliers d'écriture.
@Daniel : En effet, la direction littéraire, c'est la grande inconnue du milieu littéraire... mais ce que j'ai découvert dernièrement, et qui m'a étonnée, c'est que des gens qui connaissent pourtant la direction littéraire ignore qu'il y a un lien avec les ateliers.
Et je ne comprendrai jamais cette méfiance envers le travail éditorial. C'est la partie le fun de l'écriture! On est pas tout seul, on peut discuter, on voit le texte faire des pas de géant... Enfin, j'dois pas être assez géniale, j'suis persuadée que j'ai besoin d'aide! lol! ;)
@Alain : Tu as probablement raison. Le mythe de la contamination est tellement fort! Je cherche encore d'où il vient!
Personnellement, je considère la direction littéraire comme un grand privilège! Vive les éditeurs qui le font (les miens le font tous heureusement!) Et les ateliers comme un bonheur que je m'offre dès que je suis disponible! :)
@Nomadesse : Même chose pour moi! Et je dirais que diriger quelqu'un ou animer un atelier est aussi un plaisir. On y apprend beaucoup en observant les erreurs des autres! (Elles sont toujours tellement plus faciles à voir que les nôtres!)
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