Quelqu'un m'ayant récemment posé une question sur ma façon de concevoir des scènes de combat, je me suis dit que j'allais partager ma philosophie avec vous.
Elle est simple : il faut aller exactement à l'inverse de ce que votre logique dicte! lol!
Premièrement, votre logique, nourrie par les films américains, vous dis qu'une scène de combat doit être longue et détaillée? Ne l'écoutez pas!
Une scène de combat doit être minimaliste, car c'est très difficile de la décrire de manière à ce que votre lecteur la comprenne. L'exemple à ne pas suivre : Il feinta de la main droite et ramena le pied gauche vers son genoux droit tandis que, de sa main gauche encore libre, il saisissait l'oreille droite, déjà amochée de son adversaire qui... Si jamais le lecteur ressent le besoin de mimer les mouvements que vous expliquez (notamment pour démêler sa droite de sa gauche...), vous êtes dans la merde : votre lecteur vient de prendre conscience qu'il lit et, donc, de décrocher du récit. De toute manière, après avoir livré un combat, il nous reste en mémoire deux ou trois moments forts, perdus dans une marée de "on bloquait, feintait, esquivait". Inutile, donc, tant qu'à moi, d'en donner plus que ça au lecteur.
Deuxièmement, votre logique, toujours sous l'influence du cinéma, trouve ça bien d'entretenir un certain "flou artistique" et de multiplier les métaphores durant la scène? Faites-la taire!
Pour la bonne compréhension du texte, il faut que les adversaires, à tout moment du combat, soient parfaitement identifiés. Tant pis si cela exige une écriture un peu moins riche qu'à votre habitude. Parce que si jamais le lecteur se demande à qui appartient le poing qui vient de s'écraser dans un visage, ben je crois que c'est vous, l'auteur, qui venez de prendre une baffe!
Ce sont les deux lignes directrices que je garde toujours en tête quand j'écris mes scènes de combat (et mes scènes d'action en général). Ce n'est sûrement pas la seule méthode possible et peut-être que vous adorez devoir vous lever pour mimer les mouvements des personnages, mais, pour ma part, en décrivant les combats de cette manière, j'arrive à concilier mes opinions d'adepte des arts martiaux et d'écrivaine.
Et j'aime toujours mieux m'entendre avec moi-même! lol! :)
9 commentaires:
LOL Et moi qui pensais que tu préférais te battre avec toi-même! ;)
Je prends en note tes conseils avisés! :)
C'est drôle, ça me fait penser à un roman que j'ai lu il n'y a pas longtemps... :P
@Isa : Pour un prochain atelier, je songe sérieusement à faire des exercices reliés à la description de combats... et à d'autres genres de descriptions.
@Prospéryne : Ah oui? Ça devait être bon alors! :P (dit-elle en prêchant pour sa paroisse! hihihihi ;)
C'est clair que ce serait utile à tout le monde, de savoir écrire des combats! Et le reste aussi...
Bon, c'est quand le prochain atelier, c'est quand? (lolol)
Ah oui, bien d'accord. Moi aussi, c'est comme ça que je les écris (j'en aurai pas mal dans le prochain tome). En gros, le lecteur veut sentir la montée vers la finale du combat, qui elle peut être un plus détaillée. C'est le fun d'écrire un combat. Avant ça me mettait mal à l'aise, mais je me suis surprise à tripper. ;)
@Isa : Lol! Je sais pas. Faudra voir avec Élisabeth si elle me laisse récidiver à sa place. ;) Mais faites-vous en pas : en attendant l'occasion, je me prends des notes et je prépare du matériel.
@Nomadesse : Tant mieux si tu t'es mise à tripper. Et oui, je pense que le lecteur veut surtout sentir la montée de la tension. Pas se faire décrire des cascades abracadabrantes qui 1- marchent pas et 2- sortent mieux au cinéma anyway! ;)
Hé hé :-p J'ai toujours essayé de faire des combats courts... parce que dans les films les combats qui finissent plus je n'aime pas :-p Mais par bonheur, mes personnes-ressources en matière de combat m'ont toujours dit que dans la vraie vie, les bagarres ne sont jamais longues.
Je trouve intéressant la dernière remarque : les cascades abracadabrantes sont intéressantes visuellement *de l'extérieur* mais quand on se bat il y a d'autres sens qui entrent en jeu -- y compris la proprioception. Pour bien décrire un combat vécu, mettre l'accent sur les autres sens ça semble une voie intéressante...
@Phil : En effet, dans la vraie vie, les combats sont rarement longs.
Mettre l'accent sur les autres sens est effectivement une voie possible. Je l'ai explorée avec "Le Chasseur". Il faut cependant faire très attention, là encore, de ne pas perdre le lecteur.
Au risque de me répéter, merci Gen pour tes précieux conseils! ;)
Et c'est clair que je veux un exercice de description de combat! Et oublie pas, j'ai aussi demandé un exercice de dialogue! :p
Sérieusement, c'est un peu déprimant de découvrir ses limites en se butant de temps à autre à une situation qu'on a jamais rencontré avant...
Une chance que j'ai des personnes ressources vers qui me tourner!
Mais je prendrai plus de chance, la prochaine fois, y'a quelqu'un qui va se faire tuer par derrière sans avoir le temps de se défendre! Bwahahahahaha!
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