jeudi 15 octobre 2015

Je tape vite, mais j'écris lentement

Ancien boulot de secrétaire oblige, je tape vite. À l'apogée de ma "carrière", je faisais facilement du 60 ou même du 70 mots/minute. Pour vous donner une idée, ça veut dire que mon boss pouvait faire les cent pas en arrière de ma chaise en dictant le texte d'une lettre et que je la tapais en temps réel.

Par contre, j'écris lentement.

Oh, une bonne journée, je peux sans mal coucher 5000 mots sur papier.

Mais, pourtant, quand je ferme mon document, j'en ai à peine enregistré 2000.

Pourquoi? Parce que ma technique est celle de la "taille impitoyable en temps réel".

Je commence par écrire le premier jet d'une scène, d'une description, d'un dialogue. Puis je coupe. Est-ce que cette phrase est nécessaire à la compréhension? Ce détail est-il utile? Cette réplique est-elle clichée, convenue ou implicite? Je dégraisse au fur et à mesure. J'essaie de ne garder que l'essentiel. De laisser au lecteur de l'espace pour imaginer, pour remplir les trous.

Je sais, je serais supposée faire ça à l'étape de la réécriture (et je suis la première à dire aux aspirants écrivains : "Faites un premier jet même s'il est nul, l'important c'est de vous rendre au bout de votre histoire!"), mais il y a longtemps que j'ai abandonné cette méthode. J'aime réécrire, mais en même temps des fois ça me décourage quand j'en ai trop à faire. Alors en réécrivant un peu au fur et à mesure, ça entretien le plaisir sans inviter la déprime! ;)

Un ami me disait récemment que les dialogues dans Hanaken l'ont beaucoup touchés, parce qu'ils étaient pleins de non dits et d'émotions retenues. Je crois que c'est le plus beau compliment qu'on pouvait me faire! :) Parce qu'il y a des échanges (surtout dans Hanaken 3) qui faisaient une page à l'origine. Dans la version finale, ce sont parfois deux répliques. Lourdes de sens.

On parle assez pour rien dans la vie (bon, surtout moi! lol!), on va pas transposer ça dans les romans, hein?

10 commentaires:

Prospéryne a dit…

Très intéressant de savoir ce petit détail Gen, quoique je crois que ta méthode n'est pas faite pour moi! ;)

Gen a dit…

J'suis pas sûre qu'elle est vraiment bonne pour personne, lol (c'est loooong!), mais à date j'ai jamais regretté une "coupe" alors je la garde.

Nomadesse a dit…

Moi aussi, je révise beaucoup au fur et à mesure et c'est rageant. Je tape vite, mais ça peut me prendre une heure pour une page. Reste qu'en plus je repasse les dialogues dans ma tête quand je ne suis plus devant l'ordi, car les phrases sont toutes fraîches encore dans mon cerveau, et je reviens souvent corriger deux ou trois choses qui ne cadraient pas avec le personnage.

Mon critère n'est pas tellement les non-dits quant à moi (après tout, dans la vie, certaines personnes parlent trop ou beaucoup!), mais la personnalité. Certaines personnes en disent peu, mais ça veut en dire beaucoup. D'autres n'ont pas de diplomatie, etc. C'est ça le critère qui détermine ce que j'écris. J'entends leurs voix.

Et ce que j'adore c'est ce qui se passe dans leur tête. Parce que le petit hamster, lui, il parle beaucoup, même chez une personne qui en dit peu! Et j'adore rendre transparent toute la frustration et les reproches que le personnage peut se faire par exemple...! ;)

Gen a dit…

Les non dits, c'était surtout nécessaire dans Hanaken, culture oblige! Sinon, en effet la personnalité determine beaucoup le degré de bavardage... mais pas toujours. Parce qu'avec le narrateur, on peut tricher et laisser tomber les répliques inutiles et les bavardages lassants tout en donnant l'impression qu'ils ont lieu.

Et oui, ajouter les dialogues intérieurs, c'est la partie la plus le fun! :)

Daniel Sernine a dit…

Cas d'analyse littéraire:
Cette méthode a-t-elle été appliquée dans la série «Les chevaliers d'émeraude»?

:o) :0) :O)

Gen a dit…

@Daniel : Si oui, je veux pas lire ce qu'elle a coupé! (Cela dit, je parle un peu à travers mon chapeau : mon seul contact avec cette série a été la C4 du premier tome... et les hauts de cœur qui en ont suivi...)

Claude Lamarche a dit…

Dans mon cas, c'est plutôt le contraire.
1- je n'ai jamais eu le doigté et comme je change de clavier à chaque ordinateur (les touches ne changent évidemment pas de place, mais des fois espacement entre les touches est plus large ou, comme depuis deux mois, le "capsLk" trop près de mon petit doigt), je fais de nombreuses fautes de frappe, donc je n'écris pas tellement vite puisque je regarde l'écran.
2- contrairement à toi, j'écris court. Peu de dialogues, peu de transitions et peu de descriptions. Tellement que mon histoire tient souvent en 150 pages. C'est après la première version que je rajoute: descriptions, transitions, dialogues.

Gen a dit…

@ClaudeL : C'est fascinant quand même de voir à quel point on a tous notre démarche propre! :)

Pat a dit…

Ça te fait quand même 2000 mots par jour?!? Wouah! Ça reste énorme!

Gen a dit…

@Pat : Oui, mais ça c'est pour une journée d'écriture complète, genre de 8h à 16h... La dernière fois que j'en ai fait une j'étais enceinte de 7 mois! :p (Ça fait donc quasiment deux ans... Arrggggg!!!!)