On a parlé des détails historiques lors de la table ronde sur l'uchronie au Boréal (ainsi que de l'aspect pinailleur des historiens)...
J'viens de tomber sur un exemple malheureusement savoureux. Le genre qui fait dresser les cheveux sur ma tête d'historienne, mais que le lecteur moyen ne remarquera pas.
Je suis en train de lire la série "The Camulod Chronicles" de Jack Whyte (j'pense pas que ça ait été traduit pour le moment), une très intéressante réinterprétation de la légende arthurienne, qui ne se centre pas tellement sur Arthur (ni même sur Uther et Ygerne), mais raconte plutôt la fondation de Camelot et la préservation du savoir et de la civilisation romaine suite à l'abandon de l'Angleterre par l'Empire, au début du 5e siècle.
C'est franchement bien documenté et bien écrit. Le mélange de faits historiques et d'inventions est si savant que j'ai dû rechercher certains détails pour m'assurer de leur aspect fictif... ou, du moins, non prouvé.
Jusqu'à ce que je tombe sur une erreur horriblement grossière. Dans le cinquième tome de la série, le narrateur décrit un paysage agricole du nord de l'Angleterre. Et là, au milieu des plantes rustiques qui pouvaient plausiblement pousser à cet endroit au 5e siècle, il mentionne du maïs.
J'ai eu l'impression que le mot me sautait au visage. Au milieu d'un milliers de petits détails parfaitement rendus, c'est désormais celui-là que je retiens au sujet de la série. Pour ceux qui sauraient pas, je vous informe que même si le maïs est désormais une figure commune dans les champts irlandais et britanniques, il n'a pas été introduit en Europe avant le 16e siècle. Parce qu'il vient d'Amérique.
Oups! Y'a quelqu'un qui l'a échappée celle-là. Heureusement, je suis sevrée depuis suffisamment longtemps de l'ambiance universitaire pour pouvoir continuer à lire (et à apprécier) un roman historique qui contient une erreur semblable.
Mais non, ça n'a pas toujours été le cas! ;)
14 commentaires:
Maïs, patate, tomates... Tout ça vient d'Amérique! Ce qui fait que ça me fait rire quand on dit que la tomates est la base de la cuisine italienne...
Quand une erreur asssi grossière est détectée, je me mets à douter de toute l'oeuvre. Pour moi, un roman historique, en plus de me divertir, doit ajouter à ma culture et je dois pouvoir faire totalement confiance à l'auteur. Barré de ma liste votre Jack Whyte! Il y a tant de bons auteurs et la vie est si courte que je n'ai de temps que pour les meilleurs!
@Prospéryne : Disons de la cuisine italienne "moderne"... Je me souviens du choc d'étudiants italiens qui avaient appris dans les cours d'histoire que leurs pâtes adorées venaient de Chine et que le concept avait été ramené par Marco Polo!
@Femme libre : Comme je disais, c'est la seule erreur flagrante que j'ai détectée à date (en 5 tomes de 1000 pages), le reste était très très bien fait. Le premier tome de la série est une lecture particulièrement plaisante et enrichissante au sujet de l'armée romaine.
Et il y a TOUJOURS des erreurs dans les romans historiques. On doit se féliciter quand ce sont des points de détail. D'ailleurs, y'a souvent des erreurs même dans les livres d'histoire. L'histoire, c'est comme la langue française : c'est le fun parce que c'est complexe, mais on la maîtrise jamais parfaitement.
(Parfois, les erreurs sont volontaire, pour ne par surcharger d'explication : par exemple, dans Hanaken, je n'ai pas parlé des doublures portées sous les kimonos, ce qui fait que lorsque Yukié se plaint de la fragilité des kimonos de soie, le motif de sa plainte est plus ou moins exact).
N'étant pas historienne, la plupart des erreurs, je ne les remarquerai pas. Mais si moi, j'arrive à détecter des incongruités dans un roman historique, c'est clair que je décroche parce que je sais qu'il y a plein d'autres erreurs que je n'ai évidemment pas vues!
Mais là, d'accord, j'ai compris que Jack Whyte n'est pas à mettre à la poubelle seulement à cause de son maïs! ;o) Même que vous me donnez envie de le lire!
Ah oui, les pâtes aussi! Mais dis donc, ils ont inventé quoi comme cuisine pour avoir une telle réputation culinaire les italiens? :P
@Femme libre : Je comprends votre réflexe (j'ai souvent eu le même), mais là je crois qu'on est devant un cas de "l'erreur était trop flagrante, personne ne l'a vue".
Et si vous aimez cette époque, Whyte vaut la peine d'être lu! :)
@Prospéryne : Je sais pas... Ils ont eu l'idée de toute mettre ensemble? Avec un petit verre de vin gaulois! ;)
Les Italiens ont inventé... la fourchette! Sans eux, on mangerait avec nos doigts et on salirait notre vernis à ongles euh... rose, Gen? Merci Italiens!
Gen, je viens de lire dans un livre sur l'histoire du XIXe siècle que les lois sur le blé étaient appelées les Corn Law. Dans le cas de ton livre, c'était peut-être juste une bête erreur de traduction, qui sait?
@Femme libre : Pas de vernis pour moi, merci! ;) (faudrait que je laisse pousser mes ongles, déjà, et c'est dangereux pour les partenaires d'entraînement) Mais oui, c'est vrai, j'avais oublié la "pique florentine" (aka la fourchette).
@Prospéryne : Je lis directement en anglais, alors c'était écrit que les champs étaient couverts de prometteuses pousses de "wheat and corn". Si ça avait été juste "corn", on aurait pu croire à un mot générique "grain", mais là s'il précise "wheat" juste avant... Enfin, pas grave, j'pense que c'était juste une expression malheureuse.
Eh bien... Même si je ne suis pas historienne, même moi je l'aurais remarqué celle-là et ça m'aurait choqué un peu je pense... Pas pour rien qu'on appelle ça "blé d'Inde" ici, me semble que c'est une histoire commune que ce sont les Amérindiens qui nous ont fait connaitre ça... C'est si bien raconté dans Pocahontas, le dessin d'animation de Disney en plus!
@Valérie : Comme je dis, c'était une erreur grossière en effet, mais probablement plus un problème d'inattention qu'autre chose.
Moi aussi, les anachronismes me tapent sur les nerfs (bon, j'écris de la fantasy historique, j'assume, j'en ai sûrement échappé un ou deux)... Mais quand c'est grossier... je me souviens que dans Gladiateur, les Romains ont des étriers à la selle de leurs chevaux. Ou d'un livre dont j'ai oublié le titre, sur Akhenathon,où ses gardes du corps portent des arbalètes (voyez, j'ai retenu l'anachronisme mais pas le titre...)
@Sébastien : Tu ne veux pas me partir sur le sujet des étriers dans les films historiques! lol! ;) (Remarque, ils répondent à une dure réalité : faut faire tenir le comédien en selle...) Mais ouais, l'arbalète en Égypte... O_o
@ Gen: si on est capable de ressusciter Rome via ordinateur, on ne viendra pas me faire croire qu'on ne peut trouver une astuce pour gommer numériquement les étriers... lol !
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