Tu sais que tu es fatiguée des réseaux sociaux quand tu prends même plus la peine d'essayer de corriger un membre de ta famille qui milite pour le mouvement anti-vaccin, en pleine ressurgessence de la rougeole.
Mais tout de même pas assez fatiguée pour ne pas écrire un texte ici (où ledit membre ne le lira pas, mais où peut-être que ça pourra aider certaines personnes qui veulent réfléchir à la question).
Présentement, parce que 10 personnes sont mortes lors d'une campagne de vaccination contre la dengue aux Philippes, les anti-vax pavoisent. "Les vaccins tuent" disent-ils.
Sauf que quand on lit l'article, on comprend que le vaccin était encore en développement et la compagnie a arrêté les essais en catastrophe dès les premiers décès et est retournée en laboratoire pour régler le problème.
Et pendant ce temps-là, la population des Philippines a tellement peur des vaccins qu'il y a eu une éclosion de rougeole qui a tué au moins 300 personnes. Alors que le vaccin contre la rougeole est complètement au point depuis les années 60. (Et en fait on pouvait inoculer contre la rougeole dès 1840, mais c'était pas avec une seringue.)
Il y a aussi Protégez-vous qui publie un article au sujet du "Scandale de la grippe A" fomenté par l'OMS. Le scandale est-il que le vaccin contre la grippe A ne marchait pas? Non. Qu'il était nocif? Non. Qu'il a tué quelqu'un? Non. Le scandale, c'est que l'OMS a abaissé ses critères de ce qu'est une pandémie juste avant que la grippe A n'éclose. Ils ont alors déclaré la pandémie et les compagnies pharmaceutiques s'en sont mis plein les poches. Et si leur vaccin avait été mauvais, ils auraient été à l'abri des poursuites, étant donné l'état d'urgence. Bon, quelqu'un s'en est sans doute fait graisser la patte dans cette histoire. Mais... L'OMS a révisé ses critères depuis. Et le vaccin marchait.
Soit dit en passant, je ne l'ai pas pris ce vaccin-là à l'époque, malgré le tsunami médiatique. La grippe n'était pas un risque mortel pour moi et mon entourage à ce moment-là. Le taux de mortalité était bas et les risques de complications permanentes aussi. (D'ailleurs, j'ai fini par la pogner et je suis là pour vous en parler).
Par contre, ma puce a eu tous ses vaccins (rougeole, rubéole, polio, scarlatine, coqueluche, oreillon, varicelle, gastro-entérite, méningite, hépatite...) et, depuis sa naissance, toute ma famille se fait vacciner chaque année contre la grippe (ce que nous n'avions jamais fait avant). Pour deux raisons : 1- parce que ma puce est en contact avec de très jeunes enfants à la garderie, pour qui une grippe pourrait être mortelle et/ou entraîner des complications et 2- parce que je vois plus souvent un ami à la santé pulmonaire précaire (Luc pour ne pas le nommer).
Je suis historienne. Les statistiques de mortalité et de séquelle au sujet de la rougeole, de la rubéole, de la polio, de la scarlatine, des oreillons et de la variole, je les connais bien. Elles sont effrayantes. Beaucoup d'anti-vax, pour appuyer leur refus des vaccins, brandissent le fait que la mortalité avait diminué avec les mesures d'hygiène, avant l'entrée en scène des vaccins, et donc qu'on n'a pas besoin des vaccins.
Premièrement, ils ne prennent pas en compte l'inoculation (parce qu'ils ne savent pas c'est quoi) qui n'était pas un vaccin, mais fonctionnait de la même manière (en gros, on vous grattait la peau jusqu'au sang et on vous mettait un peu de virus atténué dans la plaie pour vous immuniser).
Deuxièmement, ils ne savent pas que la mortalité avait diminué, oui, mais que ça voulait souvent juste dire que plus de gens vivaient avec des séquelles permanentes.
Pour la rougeole, ça veut dire la perte de la vue ou la surdité ou d'autres affections neurologiques, pour la polio vous avez tout un assortiment de membres paralysés ou atrophiés, pour la variole y'a les défigurations, la perte de la vue encore, pour les oreillons c'est l'infertilité masculine... Bref, toutes des affaires qu'on veut pour nos enfants, non?
Non.
Je veux même pas que ma puce vive ce que j'ai vécu, c'est-à-dire de pogner la varicelle à 13 ans (alors qu'on pensait que je l'avais eue bébé), de devoir dormir avec des mitaines de four dans les mains pour ne pas se gratter, de passer la journée dans un bain remplit de calamine, de ne pas pouvoir manger parce qu'on a des boutons dans la bouche, d'avoir peur que mes yeux soient touchés... et maintenant que je suis plus vieille, de craindre qu'un jour j'aie des poussées de zona.
Bref, j'suis trop fatiguée pour l'écrire sur Facebook, mais croyez-en une historienne : les vaccins sont nécessaires et efficaces et bien moins risqués que les maladies contre lesquelles ils protègent. Faites vacciner vos enfants!
Ptêt pas contre la grippe (on le sait, il est pas toujours efficace ce vaccin-là) ou contre des maladies tropicales (pour lesquelles les vaccins ne sont pas toujours au point), mais au moins contre les fléaux des siècles passés qui n'attendent qu'une baisse de notre vigilance pour resurgir.
7 commentaires:
Je ne peux que donner deux pouces en l'air à ce billet!
Je sais pas toi, mais moi ces histoires d'anti-vaccin, ça me fait capoter!
Oui, ça me fait capoter! Surtout quand on parle des vaccins de base qui existe depuis des décennies et sont sûrs. Les vaccins plus récents peuvent être soumis à notre esprit critique de façon saine: moi non plus, je n'avais pas pris le vaccin contre le fameux H1N1 il y a quelques années. Ça ne veut pas dire que je sois anti-vaccin pour autant. Ni que tous les vaccins sont un danger pour la santé. Au contraire, les bienfaits dépassent de loin les inconvénients.
Moi je l'avais reçu, le vaccin contre la H1N1, à la clinique ad hoc ouverte au Palais des Congrès.
Pour l'anecdote: en même temps que PKP (probablement venu à pied de l'immeuble de Québécor tout proche...) :O/
(Ici Gen)
@Prospéryne : En effet, les vaccins récents, donnons-leur le temps de faire leurs preuves, mais les plus anciens, pitié! C'est pas pour rien qu'on les a développés : ces maladies-là sont tellement dangereuses!!! Tsé quand on parle de 1 séquelle sur 1000 cas de rougeole et 1 décès sur 3000, les gens ne réalisent pas que c'est dans de bonnes conditions sanitaires. En pleine épidémie, dans des hôpitaux surpeuplés de malades, ça chûterait vite en maudit! :(
@Daniel : lol! Un nouvel argument pro-vaccination : "Les vaccins, une occasion de frayer avec le jet set" :p
Il y a un vaccin contre le zona.
@Femme libre : Hé! Bonjour! Ça faisait longtemps qu'on t'avait pas vue!!!
Et oui, je sais pour le vaccin. Pour le moment, je suis trop jeune pour le recevoir (c'est un moindre mal : les effets secondaires sont encore violents). Certaines études disent aussi que le bon côté d'avoir une varicelle tardive, c'est que ça pourrait immuniser contre le zona... mais ils sont pas sûrs! O.o
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