En cette époque où on parle beaucoup d'appropriation culturelle, de place à laisser aux minorités, de culture du viol, de sexisme et racisme systémique, et du devoir des artistes de se documenter, de créer avec respect, d'établir un dialogue... Ben à cette époque-là, se retrouver à lire un manuscrit d'une personne qui n'a aucune de ces sensibilités sociologiques, ça fesse! O_o
Au menu : des personnages Noirs pauvres écrits par un Blanc bien nanti, qui se traitent de nègres à tour de bras, avec une fille supposément bagarreuse d'expérience, mais qui pleure sans arrêt et se fait sacrer une volée par le premier gars venu. Ouf!
Note à moi-même : faut encourager les futurs écrivains à lire, oui, mais pas juste des romans. Les journaux, une fois de temps en temps, ça ne nuirait pas!
Bon, là, faut que je trouve moyen de dire tout ça de manière diplomatique à l'auteur...
6 commentaires:
Ouch! Peut-être subtilement le pointer vers ton blogue?
Aux États-Unis, la pratique des "sensitivity readers" est en train de s'établir. Je ne suis pas certain que ceux qui y font appel sont ceux qui en auraient véritablement besoin... D'un côté, il y a des auteurs qui passent réellement à côté de la track. De l'autre, se trouve une conception selon laquelle *tout le monde* est fautif et mérite d'être "éduqué"...
Tu vas lui faire un peu de girlsplaining...? :O)
Ça existe encore ce genre de spécimen?
...
@Alain : Depuis le temps que je lui dis de venir lire tel ou tel article, je crois que c'est une cause désespérée.
Et pour les "sensitivity readers", c'est pas une mauvaise idée... mais si je me fie à ce que j'ai vu autour de SLAV, ceux qui auraient besoin de se poser des questions ne s'en posent pas et ceux qui veulent bien faire commencent à être écoeurés de se faire "éduquer" O.o
@Daniel : Pourquoi pas, hein? :p (Si j'étais une vraie militante, je te répondrais sans doute que ça existe pas, ça, on dit juste "expliquer" ;)
@Prospéryne : Semblerait que oui!!!
Mon problème avec cette utilisation du mot "éduquer", est qu'elle implique que la communication doit se faire dans une seule direction.
Quand je donne un cours sur la mécanique quantique, je peux légitiment prétendre en savoir plus sur le sujet que mes étudiants. On ne peut pas dire de même quand il s'agit de dynamiques sociales. Il existe de nombreuses perspectives différentes. C'est trop facile de tout réduire à une dichotomie entre oppresseurs (qui doivent être éduqués et renoncer à leurs privilèges) et opprimés (dont l'expérience personnelle est la vérité absolue).
Chez beaucoup d'opposants à SLAV, il y avait visiblement une méconnaissance complète de la question francophone au Québec. Et ils ne semblaient pas très ouverts à se faire éduquer...
@Alain : c'est pour ça que j'avais mis "éduquer" entre guillemets. Je comprends que certaines personnes vivent des réalités problématiques et veulent faire bouger les choses, mais faut aussi prendre conscience du contexte. On n'est pas aux USA....
Et j'ai ben de la misère avec la notion que "les Blancs ne peuvent pas savoir c'est quoi l'appropriation culturelle, parce qu'ils n'en vivent pas". Euh, avec cette logique-là, je ne peux pas non plus éviter d'en faire on dirait, puisque je suis condamnée à ne pas savoir c'est quoi!
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