J'arrive en retard avec ça, mais... Une étude, dont Patrick Lagacé a parlé dans La Presse, a récemment sacré une méchante claque à ceux qui crient depuis des années que c'est à cause de la féminisation de la profession enseignante que les garçons ne réussissent plus aussi bien que les filles à l'école.
Après avoir examiné toutes les données disponibles sur les systèmes scolaires (privés, publics, mixtes, non mixtes, etc) depuis le début du vingtième siècle, les chercheurs en sont venus à une conclusion : les filles ont toujours mieux réussi que les garçons en classe.
L'historienne en moi n'est pas surprise.
Imaginez : pendant des siècles, les filles n'ont pas eu accès à des systèmes d'éducation dignes que ce nom. Elles apprenaient à écrire auprès de maman ou de grand-maman, entre deux piles de lavage et la préparation du prochain repas, puis elles s'informaient des autres sujets en écoutant les cours donnés aux garçons, tout en époussetant le fond de la classe...
Et elles ont été nombreuses, dans ces conditions, à réussir quand même à s'instruire.
Alors quand, de nos jours, vous prenez la peine de les asseoir dans la classe et que vous leur fournissez un enseignement complet, évidemment qu'elles performent mieux que les garçons!
Parce qu'elles sont plus tranquilles? Plus concentrées? Plus calmes? Qu'elles résistent davantage à l'ennui et qu'elles ont moins besoin de bouger? Peut-être...
Cependant, je ne crois pas au déterminisme biologique. Ces qualités me semblent acquises. Peut-être sur plusieurs siècles, cela dit.
D'après moi, les filles sont tout aussi capables de bouger, de chahuter et de s'épivarder que les garçons (la mienne, entk, ne donne pas sa place quand on la laisse faire! et, quand on y pense, à l'époque où les filles aidaient aux tâches ménagères, elles faisaient sans doute autant sinon plus d'activité physique que les garçons dans leur journée). Toutefois, on apprend très tôt aux filles, et depuis des siècles, à se contrôler. À se concentrer sur ce qu'elles font, à rester tranquilles même lorsqu'elles s'ennuient. (Et quand vous devez coudre ou cuisiner, la concentration malgré l'emmerdement s'acquière assez vite si vous tenez à vos doigts...)
À côté de ça, quand les garçons s'agitent, la plupart des gens haussent les épaules en disant "Ouais, les petits gars, ça bouge, hein?".
Ouais, ça bouge. Pis l'école devient difficile.
Et vous, vous en pensez quoi?
5 commentaires:
Tout ce que j'ai à dire, c'est que l'attitude "Ouais, les petits gars, ça bouge, hein?" c'est réducteur et franchement moche. Ça ne rend service à personne.
Quant à savoir si les capacités de contrôle / concentration des filles soient acquises ou physiologiques, je ne peux pas me prononcer là-dessus: je n'ai pas les compétences et le savoir nécessaire pour émettre une opinion éclairée.
Je ne suis pas plus surprise que toi et je pense du côté de l'acquis plutôt que de l'inné. Par contre, je dois dire que je ne crois pas que personne aurait sincèrement pensé que cette façon de socialiser les filles auraient les effets que l'on remarque dans le domaine scolaire...
@Vincent, ce n'est pas tant que «les petits gars, ça bouge» qui est le problème. J'ai pas donné ma place en tant que petite fille qui bougeait! Je crois plutôt que c'est ce qui est derrière ce constat qui est plus présent: le seuil de tolérance envers le fait pour un enfant de gigoter. Ça va énormément varier selon les familles et selon la personnalité des enfants. Si c'est la socialisation qui fait la différence, et bien, on va voir une différence dans quelques générations, précisément parce qu'on se bat énormément contre les stéréotypes de nos jours :)
@Prospéryne: Seuil de tolérance en effet. C'est exactement ce que je voulais dire par "l'attitude". Ma fille bouge énormément aussi. Je n'ai pas dit que le problème c'est que les petits gars ça bouge, je veux dire que d'assumer que y'a rien à faire parce qu'un petit gars est bougeant, mais de réagir quand une petite fille est bougeante, c'est le problème. Si on éduque les filles à se contrôler, on doit aussi éduquer les gars à se contrôler. Bref, on dit la même chose.
@Vincent, en effet, je crois qu'on se rejoint! :)
@Prospéryne et Vincent : Je confirme que vous dîtes la même affaire! :p Le problème, c'est qu'on a toujours autorisé les gars à bouger, alors qu'on demandait aux filles de se contrôler.
@Prospéryne : Non, je pense pas qu'on ait jamais pensé que cette manière de socialiser les filles en feraient d'aussi bonnes étudiantes!!!
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