Je sais pas si c'est parce que nous passons une bonne partie de nos journées dans les mondes imaginaires qui peuplent notre tête, mais des fois je trouve qu'en tant qu'écrivains, nous (ça veut dire "surtout moi") avons tendance à nous bercer d'illusions...
Première illusion : notre manuscrit est si bon, nos premiers lecteurs vont l'encenser et nous n'aurons plus qu'à l'envoyer tel quel à l'éditeur.
Ben non. Nos lecteurs vont lui trouver dix mille défauts, nous faire douter du projet lui-même et nous renvoyer à notre clavier pour une nouvelle version. Remarquez, c'est pour ça que nous avons choisi ces lecteurs-là : parce qu'ils sont critiques. Nous allons les haïr, nous allons avoir le goût de pleurer, d'aller nous rouler en boule dans un fond de garde-robe pour disparaître, nous allons même, pendant une minute ou deux, caresser l'idée d'arrêter d'écrire... puis nous allons nous remettre à l'ouvrage.
Deuxième illusion : notre roman, longuement retravaillé et enfin publié, est si bon, tout le monde va l'aimer.
Ben non. Il y aura des critiques négatives. Et elles nous donneront le goût de pleurer, d'aller nous rouler en boule dans un fond de garde-robe pour disparaître, nous allons même, pendant une minute ou deux, caresser l'idée d'arrêter d'écrire (ah tiens, je sens une tendance ici...)... Et ce, peu importe le nombre de critiques positives, prix, encouragements ou autres succès que nous aurons reçu avant. Parfois même 30 secondes avant.
Troisième illusion : nous avons déjà publié, alors l'ère des refus, c'est fini.
Ben non. Ça peut encore arriver. Parce que nous avons travaillé plus vite ou moins bien ou sur un sujet moins maîtrisé ou parce que l'éditeur n'était pas approprié, qu'il s'était levé du mauvais pied, qu'il venait de lire deux autres textes identiques, etc. Bref, ça nous arrivera probablement encore. Nous nous comparerons alors à Chose-Là, à qui ce n'est jamais arrivé (à ce qu'il prétend en tout cas). Et ça nous donnera envie de brailler et de... (ok, vous avez compris le principe).
Ayant pris conscience de mes propres illusions, j'ai récemment pris action pour les gérer.
J'ai mis une provision de kleenex dans le fond de mon garde-robe.
(Ben quoi, j'suis réaliste et j'ai dit "gérer", pas régler! ;)
12 commentaires:
Go go go! On lâche pas! :)
Ne pourrais-tu pas aussi mettre une machine à écrire à côté des kleenex? Tant qu'à avoir des émotions, autant en profiter pour écrire quelque chose de poignant. ;)
Hahaha! Vous me faites mourir vous deux ce matin! =8oD
@Vincent : LOLOLOL! Un carnet pis un stylo, ça sera plus pratique (une machine à écrire, c'est déjà bruyant, alors dans le fond d'un garde-robe, je la sens pas...)
@Luc : lol! Allez, brise mes illusions à ton tour : j'attends tes commentaires sur le roman policier. (Vincent m'a déjà donné les siens... j'écris ceci depuis le fond du garde-robe...)
Tellement!
C'est doublement utile quand on a des enfants en plus, avec l'hiver qui arrive! :)
Comme de fait, avoir déjà publié ne te mets pas à l'abris du refus... ça te permets simplement de recevoir ledit refus plus vite!
Les boîtes de mouchoirs devraient être déductibles d'impôts!!!
@Gen: t'as un garde-robe dans ton garde-robe? >:-)
@Nomadesse : Ah, j'avais même pas vu l'aspect pratique! :p
@Annie : Pour la vitesse, c'est encore drôle : j'ai vécu des situations où l'éditeur traînait parce qu'il était gêné de dire non à un auteur qu'il avait déjà publié! O.o (Et oui, tout à fait, les boîtes de mouchoirs devraient être déductibles d'impôt... ainsi que le chocolat et la crème glacée! hihihihi!)
@Luc : Y'a des valises assez grandes pour que j'y entre, ça compte? (je choisis un peu trop bien mes premiers lecteurs j'pense...)
@Gen : Non, non, ne t’en fais pas : si je traîne c’est que le SLE m’a mis à terre et qu’hier j’avais des RV à Montréal toute la journée. Aucun rapport avec la qualité de ton écriture. ;-)
En ce qui me concerne, la troisième illusion est la plus tenace.
Et tout ce qu'on peut inventer comme déni: l'éditeur a refusé pour bien d'autres raisons que celles évoquées (quand il en donne). Il t'en veut personnellement parce que tes livres ne se sont pas assez bien vendus, parce qu'il n'a pas eu assez de subventions, parce qu'il préfère publier des plus jeunes, des plus modernes et même que de la littérature jeunesse.
En revanche, plus besoin de kleenex, je ne pleure plus autant qu'à 30 ans!
@Luc : Pas de problème, repose-toi! J'ai pas le temps de m'y attaquer tout de suite anyway.
@Claude : Je dois dire que je ne suis pas tellement dans le déni. Plutôt à l'opposé : même quand on me dore la pilule, ma tête conclut "c'est non parce que t'es poche" lol! :p
Mais j'suis contente d'apprendre que je pleurerai peut-être moins avec le temps! ;)
Métier de l'avenir: vendeur de mouchoirs en porte-à-porte à des auteurs. Suffit de charger le coffre de sa voiture de boîtes de kleenex, de prendre la bottin de l'Uneq, et l'argent va se faire tout seul.
@Alain : Le malheur des uns...
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