mercredi 21 juin 2017

Meuhnon, y'a pas de recul

J'ai souvent dit (et encore plus souvent pensé) que la génération qui suit la mienne (disons ceux nés après 1990) sont plus "genrés" que les gens de mon âge. C'est sans doute la génération qui gueule le plus fort au sujet de la culture du viol, de l'égalité des sexes et tout le tintouin, mais en même temps, ce sont les femmes les moins à l'aise avec leur corps que j'ai vues, toujours préoccupées par leur image, par le jugement des autres, gênées de sacrer une bonne gifle (verbale ou réelle) au malotru qui se permet de leur pogner une fesse, rouges tomates lorsqu'elles doivent demander une serviette sanitaire à une collègue.

Plusieurs personnes m'ont dit que, meuhnon, je me faisais des idées. Que les filles de ma génération étaient juste tellement habituées au sexisme ambiant qu'elles ne le remarquaient pas.

Ah bon. Pourtant, j'ai pas l'impression d'avoir grandi avec beaucoup de sexisme. Petite fille, je lisais des bandes dessinées (créées dans les années 1970) de Yoko Tsuno et Valérian et Laureline (série qui s'appelait juste Valérian à l'époque, mais je l'avais même pas remarqué, parce que Laureline bottait des culs autant sinon plus que le héros éponyme! d'ailleurs, la série a été rebaptisée en 2007). Ces bandes dessinées mettaient en scène des filles à la fois féminines et badass, qui savaient user de charme et d'astuce autant que de force.

D'accord, d'un point de vue mathématique, il n'y avait pas encore énormément de personnages féminins dans les produits culturels. Cependant, ceux qui existaient déplaçaient de l'air. Et personne ne m'ayant dit que je n'avais pas le droit de m'identifier à un personnage masculin (après tout, je portais quasiment le même linge et j'avais les mêmes jouets que mes amis-pas-de-e), les héros masculins des autres bandes dessinées ne me posaient pas problème. Dans ma tête, je pouvais très bien taper sur des Romains en compagnie d'Astérix ou découvrir l'Ouest avec Lucky Luke.

En grandissant, je suis tombées sur les romans d'Élisabeth Vonarburg, d'Ursula Le Guin, de Marion Zimmer Bradley... et voilà, mon éducation aux genres (dans le sens féminin ou masculin, quoique dans le sens littéraire aussi) était faite. À un point où mon chum, quand on a commencé à sortir ensemble, a dû me ramener vers des positions plus égalitaristes et moins axées sur la supériorité féminine.

Valérian et Laureline vient d'être adapté au cinéma. Sous le titre Valérian.

Meuhnon, y'a pas de recul.

À quand "Vic et Pol", avec Yoko Tsuno comme personnage secondaire?

4 commentaires:

Nomadesse a dit…

Oh oh oh! Chute brutale, mais qui expose tout à fait ton point.

Bref oui... C'est pas gagné. Soupir.

Gen a dit…

@Nomadesse : Mon chum m'oppose que "Laureline" c'est compliqué à dire pour un anglophone et que c'est ptêt juste une raison marketing... mais en même temps, comme les anglos connaissent pas cette BD, ils auraient pu appeler ça d'un autre nom, qui n'aurait pas fait grincer des dents le public féminin, alors...

Je continue encore à essayer de comprendre ce phénomène de recul. Ça ne peut quand même pas seulement s'expliquer par la montée en force des jouets roses-ou-bleu-mais-pas-unisexe...

Michèle a dit…

Le film me semble un mix de "L'empire des 1000 planètes" et de "L'ambassadeur des ombres", mais ça a l'air riche en images.

Pour moi qui suis fan de la série de BD (Valerian ET Laureline, oui!), le choix des acteurs a pas d'allure: Valerian (l'air de 30-40 ans avec un nez fort dans la BD) a l'air d'un ado de 16 ans! Pis Besson est allé chercher une p'tite top modèle pour Laureline. Songeons avec une petite larme aux hordes d'actrices qui auraient pu assumer ce rôle d'action.

Grrrrrrrrrrrrrrrrrrrr!

Gen a dit…

@Michèle : Le scénario a effectivement l'air d'un mix intéressant.

Mais non, ne me part pas sur la question du choix des acteurs!!! Ça aurait dû être deux adultes (moi je voyais plutôt 25-30 ans, puisqu'ils se font souvent servir du "jeune homme" ou "jeune fille" par leurs supérieurs aux têtes grises). On nous sert deux ados. Et une Laureline qui n'a pas, mais pas du tout, l'allure nécessaire.

Bref, je partage ton Grrrrrrrrrrrrrrrrr!