lundi 18 novembre 2013

UFC 167 - Euh...

Faisait longtemps que je vous avais pas fait un billet sur le MMA, hein?

Ouais, ben, après le gala de samedi soir, vous m'excuserez, mais fallait que j'en parle.

On va passer rapidement sur les combats secondaires : j'ai été très heureuse de voir Koscheck et Sonnen se faire démolir par leurs adversaires respectifs. Ce sont deux combattants antipathiques, qui n'ont pas une technique assez époustouflantes pour racheter leur attitude de merde. Le gala me semblait débuter sous de bons auspices. Et même la défaite de MacDonald ne me dérangeait pas trop : il est bon le jeune, il va s'en remettre...

Puis le combat de St-Pierre et Hendricks a commencé. Après réflexion, je suis assez d'accord avec les gens qui ont donné le premier round à St-Pierre. Mais sur le coup, tout ce que j'ai vu, comme toutes les autres personnes présentes dans mon salon (échantillon d'amateurs hautement représentatif, lol! ;), c'est que le champion, pour la première fois depuis longtemps, ne dominait nullement son adversaire. Déjà, on a vu le spectre d'une défaite de St-Pierre se profiler à l'horizon.

Au deuxième round, notre impression s'est confirmée : Hendricks avait le dessus, le plan de match de St-Pierre semblait inapproprié, il venait de se faire salement secouer par des coups de poing... Bref : le champion allait perdre. Au troisième round, il a ouvert davantage la vapeur et le round a été serré, mais ça faisait quand même seulement deux rounds serrés, peut-être en faveur de St-Pierre (mais qui auraient aussi bien pu être attribué à son adversaire), contre un round indéniablement favorable à Hendricks.

Au quatrième round, on espérait un peu que Hendricks faiblirait. En effet, c'était la première fois que celui-ci combattait plus de trois rounds (les combats réguliers font trois rounds, mais les combats principaux d'un événement ou les combats de championnat en font cinq). Toutefois, il s'était visiblement bien entraîné : non seulement il n'a pas manqué d'énergie, mais il a encore une fois dominé St-Pierre.

Là, dans le meilleur des cas, on pouvait espérer deux rounds tièdes pour le champion, contre deux rounds francs pour le challenger. Et encore, il était bien possible que les juges aient attribué les quatre rounds à Hendricks. Fallait que St-Pierre fasse quelque chose de décisif dans le cinquième round. Surtout qu'il commençait à avoir la face qui ressemblait à une tranche de steak! (Il a porté autant de coups que Hendricks, mais il frappe moins fort que lui, en plus d'avoir une peau qui coupe facilement).

Au cinquième round, St-Pierre a donné tout ce qui lui restait d'énergie. Il a gagné le round, mais, encore une fois, sans dominer vraiment son adversaire, sans passer près de le finir par soumission ou par KO.

Dans mon salon, on était tous sûrs que St-Pierre avait perdu. On se disait que c'était vraiment la fin d'une époque : depuis des années qu'on voyait Georges St-Pierre et Anderson Silva, deux combattants de notre âge, régner sur leur catégorie de poids, voilà que les deux champions, à quelques mois d'intervalle, s'inclinaient devant des adversaires un poil plus jeunes qu'eux... et nous.

La décision des juges a été une surprise totale. On ne s'attendait pas à ce que tous les rounds serrés soient attribués à St-Pierre et qu'il garde son titre. On était assez d'accord avec la foule lorsqu'elle a hué la décision. Franchement, Hendricks avait mérité la victoire.

Après ça, l'annonce que St-Pierre pensait se retirer pour un temps est juste venue ajouter un élément anticlimatique à ce bizarre de combat. Ceux qui sont capables d'écouter St-Pierre en anglais (c'est-à-dire de le traduire littéralement et de décoder ainsi ce qu'il a pensé en français) auront compris qu'il était obnubilé par des problèmes personnels. On finira sans doute par en savoir plus. Pour moi, le plus important, c'est le fait qu'il n'a pas encore annoncé sa retraite. Se retirer définitivement sur une victoire aussi tiède et controversée, ce serait vraiment dommage.

Bref, on était une gang d'amateurs perplexes dans mon salon après avoir écouté le gala! St-Pierre a perdu sans perdre et s'est retiré sans prendre sa retraite. Bizarre.

16 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

Oui, c'est drôle, justement j'ai vu ce weekend la scène où St-Pierre apprend qu'il gagne et où son adversaire se met à genoux devant la défaite (j'ai vu ça sur une télé dans un grand magasin, hihi!) Ça semblait surprendre pas mal de monde. Sa popularité aurait-elle joué dans la balance par hasard? (ce qui serait injuste, mais bon...)

Gen a dit…

@Isa : Pas nécessairement une question de popularité, mais il y a toujours un préjugé favorable au champion dans les cas où les combats sont serrés (on dit que pour battre le champion, faut vraiment le dominer). Mais, honnêtement, on pensait que GSP perdait.

Remarque, va falloir que je revoie le combat à tête reposée. C'était peut-être pas si pire que ça. On était peut-être juste surpris de voir GSP en mauvaise posture.

PS : J'ai commenté 1/3 du roman que tu m'as envoyé. Je finis ça avant le SLM! ;)

Vincent a dit…

@Isa: La règle dans un combat de championat est que si un round est serré, les juges vont donner le round au champion plutôt qu'à l'aspirant. Pour que l'aspirant devienne champion, il doit mettre le champion ko, le soumettre ou gagner au moins 3 rounds de façon clairement décisive.

C'est là que ça devient plus subjectif, un juge peut voir un round décisif alors qu'un autre peut trouver ça serré.

Donc, la popularité n'entre pas en ligne de compte... Mais qui sait ce qui se passe dans la tête d'un juge?

Si le combat avait été jugé sur l'ensemble plutôt que round par round, je crois que le combat aurait été donné à l'aspirant Hendricks sans l'ombre d'un doute. Il était pratiquement indemne et St-Pierre était complètement défiguré. Quand on compte round par round, c'est moins clair à cause des statistiques: nombre de coup portés, nombre de "takedowns", etc.

Je donnais le combat à Hendricks aussi.

Vincent a dit…

Ah! Tu m'as battue de quelques secondes. :p

Isabelle Lauzon a dit…

Ah! Je ne connaissais pas cette subtilité pour l'avantage conféré au champion dans ce genre de cas (évidemment, je ne connais à peu près rien au UFC! lolol). Mais c'est intéressant... et ça ne me semble pas juste, mais bon... ;)

J'écoutais le commentateur après coup et lui aussi semblait très surpris du résultat. C'est le genre de victoire qui fait bien dans les statistiques d'un champion, mais qui pourrait être discutable...

Isabelle Lauzon a dit…

Ah, et Gen : Stresse pas trop non plus avec ça! (mon roman). Prends le temps de manger et de dormir aussi... ;)

Gen a dit…

@Isa : Comme disaient les commentateurs environ une demi-heure après : quand on regarde un combat et qu'on est dedans, on est pas vraiment en position de le juger et de le noter. C'est vrai qu'avec du recul, la décision pouvait avoir l'air compréhensible. Injuste (le préjugé favorable au champion a vraiment trop joué ici), mais compréhensible.

Mais comme dit Vincent, c'est vraiment parce que le tout est jugé round par round que GSP s'en est tiré avec une victoire. Sur l'ensemble, Hendricks gagnait.

Cela dit, GSP a déjà failli perdre pour cause de "était canadien et se battait contre un américain" (à une époque où les juges du UFC étaient très chauvins), donc cette victoire-ci rachète le tout je suppose.

Nomadesse a dit…

Moi ce sont les commentaires de White qui m'ont le plus surpris...

Gen a dit…

@Nomadesse : Lololol! Non, quand on est habitués au personnage, y'avait rien d'étonnant dans sa sortie fulminante. D'ailleurs, dès qu'il a eu St-Pierre sous les yeux, il est passé du mode "Ado fâché contre son jouet brisé" en mode "maman ourse qui veut protéger son combattant".

Cela dit, ce n'est pas la première fois qu'il se plaint d'une décision des juges. Lui, il veut du spectacle (et c'est normal) alors les décisions, surtout tiédasse comme celle-ci, il n'aime pas (si c'était juste de lui, je pense que les gars se battraient jusqu'à tomber, de KO ou de fatigue! lol! Sa devise est "Don't fucking leave it in the hand of the judges".)

Une femme libre a dit…

C'est pas dangereux d'être "complètement défiguré"? Si c'est pas dangereux, ce n'est certainement pas très bon pour la santé. Bon, je suis plate, je sais, mais je me questionne sur l'encouragement massif que reçoit un sport où on risque de se retrouver "complètement défiguré". Les toréros frôlent la mort à chaque combat avec le taureau et certains en meurent pour vrai, vous me direz, et les gradins sont pleins. Mais me semble qu'en tennis, natation ou même judo, les participants ne risquent pas leur vie à chaque match ou compétition.

Gen a dit…

Lolol! ;) Promis! ;) (Mais j'suis en retard que ça a pas d'allure! J'ai honte!)

Vincent a dit…

@Une femme libre: St-Pierre était défiguré, mais il n'y a pas de dommages permanents. Il a des coupures, des enflures, des ecchymoses. L'ensemble lui donne l'air défiguré, mais dans 2 semaines il n'y paraîtra plus. On ne meurt pas dans un combat de MMA.

De toute façon, l'intérêt du sport n'est pas dans les blessures et les dommages physiques, c'est dans les démonstrations athlétiques, la précision, le timing, l'intelligence des plans de match, la grande variété d'attaque et de défense, le courage et la persévérance qu'il faut montrer, le respect mutuel des combattants... bon je m'arrête ici parce que la liste n'en finira plus.

Et dans cette liste, il n'y aura jamais le sang, la violence, la colère ou autre démonstration sauvage.

Gen a dit…

@Femme libre : Tous les sports professionnels occasionnent des blessures d'usure (et le risque de chute sur la nuque, et donc de blessures graves et commotions cérébrales, est très grand en judo). Le MMA est simplement plus spectaculaire sur cet aspect.

La majorité des blessures au visage ne posent pas de problème. Ce sont des coupures mineures, qui font très peur à première vue parce qu'elles enflent et saignent, mais qui restent peu dangereuses. De plus, les combattants de MMA ne subissent pas plusieurs commotions cérébrales à répétition lors d'un même match (contrairement aux boxeurs) puisque, d'habitude, après la première c'est "Merci, bonsoir, dodo" car les gants très minces ne diffusent pas le choc (bref, ils "pardonnent pas").

Cela dit, oui, y'a des risques à ce sport. Mais contrairement au hockey ou au football où les athlètes ne savent pas ce qu'il les attend et risquent d'être frappés en traître, au MMA le tout est honnête : chacun sait qu'il est là pour frapper et être frappé.

En 20 ans de MMA, il y a eu un seul mort et ce n'était pas au UFC. Les athlètes qui ont pris leur retraite ont encore de bonnes santés et des capacités mentales aiguisés (entk, pas moins aiguisées qu'avant leur carrière! lol!). À date, il n'y a pas de Parkinson systématique chez les ex-combattants-mixtes, contrairement aux ex-boxeurs.

De plus, on peut très bien s'entraîner pour ce sport (qui est très complet et apprend à se défendre) sans compétitionner à un niveau où on risque des blessures sérieuses. Le UFC, c'est la ligue nationale du MMA. Les combattants se poussent à la limite. C'est sûr que ça multiplie les risques.

Gen a dit…

Bon point chéri. Le sang et les blessures, c'est des effets secondaires regrettables. Jamais le but recherché.

Une femme libre a dit…

Merci pour les explications. De savoir que les dommages sont superficiels et non-permanents est rassurant.

Gen a dit…

C'est sûr que c'est pas une cure beauté pour la peau, mais oui, la plupart des dommages sont temporaires. ;)