(Ce billet est commandité par une obligation bien connue du temps des Fêtes, j'ai nommé le "party de bureau", aussi connu comme "l'art d'écouter parler ses patrons et de découvrir pourquoi, le reste de l'année, c'est sans doute aussi bien qu'ils restent dans leur coin et ne parlent qu'aux gens qui gagnent le même salaire qu'eux").
Des fois, quand je jase avec des gens autour de moi, je me dis que c'est aussi bien que, en tant qu'écrivaine, j'aie peu de chances de devenir riche. Parce que, franchement, je ne saurais pas comment faire.
Faudrait que j'apprenne à prendre des rendez-vous chez le coiffeur et le pédicure. Que je découvre l'art de me vernir les ongles (ou que je prenne rendez-vous pour ça aussi). Paraît que les riches n'endurent pas les ongles naturels et les cheveux gris.
Faudrait que j'accepte d'acheter des souliers à plein prix, alors qu'ils seront en solde deux mois plus tard. Que je dépense sans sourciller des fortunes sur des vêtements faits en Chine ou au Bangladesh dans des conditions épouvantables, sous prétexte qu'ils sont à la mode. Faudrait aussi que je suive la mode. Ouf, ça serait pas évident : ça change tout le temps!
Je pourrais pas passer mes vacances écrasées sur mon sofa, avec un café glacé dans une main et un roman dans l'autre. Les riches, ça ne se détend pas chez soi. Ça va en Europe, en Asie ou dans le Sud. À la limite, ça peut aller dans un spa. Tout ça, en sirotant un verre d'alcool... Ah ça j'y prendrais goût, je pense, mais je suppose qu'une dame riche est pas supposée boire du whiskey, lui préférant des cocktails compliqués avec des fruits pis des parasols en papier... Et les riches, ça ne lit pas des romans obscurs de science-fiction achetés usagés dans une bouquinerie. Ça joue sur son téléphone intelligent. Ça tweet. À la limite, ça peut parcourir distraitement un ebook à la mode. Oh oh, je m'en sors pas : où est-ce qu'on apprend ça, la mode?
Ah oui, faudrait aussi que je change d'auto. Parce qu'il semblerait que rouler en Hyundai Accent ultra économique en essence, ça fait pauvre. Non, il me faudrait un modèle qui consomme du pétrole comme si c'était de l'eau. Un véhicule tout terrain fait pour les routes de terre, que je frotterais (non, que je ferais frotter, voyez, j'ai vraiment pas le tour!) jusqu'à ce que les aménagements paysagers de ma banlieue proprette se reflètent dedans. Oh et zut, j'y pense, je devrais carrément me remettre à conduire! Pas question de prendre le métro et le bus quand on est riche. Même si ça permet de lire dans le trafic... Ah, c'est vrai, j'serais pas supposée lire.
Chez moi, je ne pourrais pas conserver les chaises en bois de ma grand-mère qui sont dues pour être revernies, mais qui sont solides et donnent une impression chaleureuse. Non, pour ma salle à dîner, faudrait que je me procure des meubles de designer qui seraient démodés dans deux ans et, de toute façon, inconfortables dès le moment de l'achat. Et là, je ne parle même pas du coût prohibitif qui s'attacherait à tous mes projets de rénovation. J'veux dire, quand vous êtes riches, semblerait que vous êtes pas supposés acheter une toilette écologique à double chasse chez Réno-Dépôt. Vous êtes supposés aller dans un magasin spécialisé et tomber en amour avec une toilette Toto à 800$.
Moi, j'me souviens pas être déjà tombée en amour avec une toilette dans ma vie...
Non, décidément, je ne saurais pas être riche. C'est aussi bien, hein? Si je savais comment faire, je voudrais ptêt essayer et j'aurais l'impression de manquer d'argent.
Là, en l'occurrence, quand j'arrive à la fin du mois, il m'en reste toujours un peu. ;)
8 commentaires:
D'autant plus que tu devrais ensuite être snob et ne plus parler au bas peuple que nous sommes... Heureux sommes-nous que tu ne sois pas faite pour être riche! Ceci dit, je te souhaite quand même de gagner à la loto que tu puisses enfin te consacrer à ta carrière d'écrivaine à temps plein. Te connaissant, tu ne perdrais pas de temps à suivre la mode, tu nous pondrais de bons romans à la place! :D
@Prospéryne : Ah oui, t'as raison, j'ai oublié que je ne pourrais plus parler à mes amis "pauvres"! T'as raison : si je gagne à la loto, je garderai ma richesse secrète et je m'en servirai juste pour écrire. :p
Il te faudrait un condo quelque part au bord d'une mer. Un chalet, que dis-je une maison en bois rond, au bord d'un lac peu fréquenté. Et... et...
Veux-tu bien me dire pour qui tu travailles? J'en connais pas des comme ça! Juste à tivi.
Peut-être que tu aurais un chauffeur: çà te permettrait de lire dans les embouteillages!!
Irène
@ClaudeL : Hé non, c'est pas juste à la tivi. Je travaille pour des gens qui pensent que 45 000$ par an, c'est le seuil de la pauvreté. Quand je leur ai dit que 1- je gagnais moins que ça dans leur superbe entreprise et que 2- c'était le salaire canadien moyen, ils ont attrapé l'air bête! lolol!
@Irène : Ah ouais, j'ai pas pensé au chauffeur. Ok, je pourrais me faire à ce côté de la richesse! ;)
Un chauffeur, c'est ça l'idée! Et quels embouteillages? Quand t'es riche, tu sors quand ça te tente et t'es pas obligée d'aller travailler...
Ouaip, comme je dis toujours à mon chum : C'est trop compliqué d'être riche! Et en plus, on risque de moins apprécier la vie si c'est trop facile.
Ça va bien, là? On reste de même! ;)
Mine de rien, tu viens de décrire une grande partie de ce qu'on appelle "la classe moyenne supérieure" disons, en incluant les riches, mais les premiers se paient tout ces trucs à crédit. C'est ça l'idéal de vie? Hier encore je disais à mon chum qu'on n'a pas besoin d'une nouvelle télé, l'autre fonctionne très bien. Maudite consommation.
@Isa : Ouaip, ça va bien, alors on change rien! ;)
@Hélène : En effet, je viens de décrire la "classe moyenne supérieure" ce qui est un bel euphémisme pour dire : le monde plus riche que 90% de la population, mais qui veulent pas qu'on dise qu'ils sont riches parce qu'ils font pas partie du 1%... et qu'ils ont des dettes.
En tout cas, moi c'est pas mon idéal de vie. Bravo si tu résistes toi aussi aux sirènes du "achetez maintenant, payez longtemps". ;)
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