En revenant de ramasser le courrier du bureau, au rez-de-chaussée de l'immeuble, je sors de l'ascenseur et me retrouve face à un couple assis sur le fauteuil décoratif (vous savez celui que plusieurs entreprises se sentent obligées de mettre en avant des ascenseurs, mais où personne ne s'assoit jamais?) et très occupé à se bécoter allègrement. Sur les genoux de la femme, il y a un nuancier de peinture et un carnet d'échantillons de plancher flottant.
Je rentre dans mon bureau, troublée. Ma collègue accro aux potins arrive quelques secondes plus tard.
Collègue - Coudonc, c'est qui les deux qui se lèchent les amygdales en avant des ascenseurs?
Moi - Aucune idée, je les ai jamais vus avant.
Collègue - Penses-tu qu'ils sont nouveaux sur l'étage?
Moi - Je sais pas, je leur ai pas vraiment vu la face...
Collègue, me jetant un regard entendu - T'as pas du courrier à aller porter en bas?
Moi - J'en reviens... Pis no way que j'attends l'ascenseur à côté d'eux autres!
Mais bon, je peux quand même, discrètement, sortir du bureau et aller jeter un œil sur les tourtereaux (vous savez, la dépendance aux potins, je crois que c'est contagieux). Genre en allant à la salle de bain pis en les observant à la dérobée... Puis en revenant assez vite pour que ça ait l'air suspect, si toutefois ils n'étaient pas dans l'ignorance totale du fait que le monde continue de tourner!
Moi - Ça y est, je sais qui c'est!
Collègue - Pis, c'est qui?
Moi - Un homme et sa maîtresse, qui discutent de la décoration de l'appartement qu'il va lui payer.
Collègue - Hein!?! Comment tu sais ça? Arrête, t'invente là!
Moi, assez fière de mes observations - Il a un complet Armani sur le dos, on voit l'étiquette, et elle a le même chandail Jacob que moi.
Collègue - Bof...
Moi, sans me laisser abattre - Il porte une alliance et pas elle.
Collègue - Ça veut rien dire!
Moi - Non, le contraire voudrait rien dire, parce que des fois y'a des gars qui portent pas leur alliance parce qu'ils n'aiment pas les bijoux, mais c'est rare que la fille ne porte pas la sienne. Surtout que cette fille-là a des bagues aux autres doigts. Mais surtout, j'ai un argument massue...
Collègue, curiosité piquée malgré elle - Quoi quoi quoi?
Moi - Il est 10h30, pis c'est silencieux dans la cage d'escalier.
Et c'est ainsi que nous avons découvert l'identité de nos bruyants utilisateurs de la cage d'escalier!
12 commentaires:
Et moi qui croyait que Sherlock Holmes c'était du chiqué! Belles déductions!!!
@Annie : Merci! J'ai toujours adoré Sherlock Holmes! ;) (Si ça se trouve, je me goure complètement par contre, mais bon... ;)
Je suis de plus en plus convaincu que ta persona de secrétaire blogueuse n'est qu'une facade et qu'en fait, dans ta vraie vie, on t'appelle P.I. Blouin... ;0)
@Luc : Lololol! ;) Comme j'ai déjà écrit dans une bio : la différence entre l'historien et le policier, c'est que le policier (ou le détective) commence son enquête quand le sang est encore frais. ;) J'ai toujours aimé les énigmes.
C'est très bien pour vous qu'il lui paie un appartement. Dorénavant, vous serez tranquilles car ils n'auront plus besoin d'utiliser la cage d'escalier.
@Une femme libre : Lol! J'avais pas considéré cette implication-là! ;)
T'es pas pire... :-)
Joël Champetier
@Joël : Merci! ;) À force d'écrire des histoires policières, ça déteint! ;)
Déjà que j'adore les scènes de bureaux, mais en plus avec une énigme digne d'un roman policier, bravo!
@Gaby : Héhéhé! :) Merci, J'suis assez fière de moi!
Pas mal! Ouais, la cage d'escalier devrait se tranquilliser. Mais franchement s'ils sont amants ils viennent de faire leur sortie de la cage assez publiquement, le gars va peut-être perdre son alliance. À suivre sur planète potin.
@Hélène : Publiquement? Plus ou moins : ça fait déjà un bout de temps qu'ils se font des mamours dans la cage d'escalier et personne ne semble s'en apercevoir, alors se réunir sur un étage où on ne connaît personne pour se bécotter et faire des plans, je suppose que ce n'est pas plus risqué.
Enregistrer un commentaire