mercredi 6 février 2013

1000 milliards de 1000... billets

Eh oui! Il aura fallu un peu plus de trois ans, mais voici le 1000e billet publié sur ce blogue!

Pour fêter ça, je voulais vous offrir une petite nouvelle, quelque chose de pas mal que j'aurais puisé dans mes fonds de tiroir...

Ouais, ben, savez-vous quoi? Les fonds de tiroir sont pas mal vides par chez nous!

Alors voici plutôt un petit cadeau, tout frais écrit pour l'occasion. S'il vous rappelle la forme de "De Dragonis Gesta" (l'histoire de dragons qui m'a valu un prix chez l'Ermite), c'est normal.  Un jour, quand j'écrirai le roman de fantasy auquel je pense depuis des années (oui, oui), l'un de mes personnages sera le barde qui récitera tous ces récits.

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Gesta de Ultimo Pluvia

Oyez ma geste, badauds, oyez les gémissements de ce vent violent, pareil à celui qui souffla pendant des lustres sur les plaines assoiffées du royaume de Targne!

Dans ce royaume de Targne, pays qu'on disait maudit, le ciel funestement bleu refusait depuis des années d’abreuver la terre. Dans les champs stériles, les paysans étaient fauchés par faute de récolte. Même les seigneurs en leurs belles demeures maigrissaient et souffraient, car les animaux d'élevage avaient péri en l'absence de fourrage et les bêtes des bois avaient fui les futaies desséchées.

Oyez l'idée qui vint alors au roi de Targne, monarque désespéré d'un pays moribond!

Selon les légendes, il vivait, dans les forêts du nord, des êtres qu'on nommait les elfes. Ils étaient, disait la fable, d'une beauté lumineuse, si semblable à celle des étoiles que le ciel versait des larmes lorsque le trépas les frappait, croyant qu'un de ses astres avait péri. Sombre était l'heure pour que les légendes servent de guide, mais le roi de Targne, ne supportant plus de voir son peuple s'étioler, confia à ses meilleurs guerriers une funeste mission.

Oyez la quête des guerriers de Targne, hommes durs et braves, aussi redoutés que des dragons!

Guerriers, mes braves, leur intima le roi, monarque inspiré, rendez-vous dans les forêts du nord. Là, trouvez un elfe, l’un de ces êtres dont la beauté est si semblable à celle des étoiles que les cieux pleurent leur trépas. Sous la voûte céleste, tuez-le, afin que le firmament, dans son deuil, nous abreuve enfin de ses larmes. Soyez miséricordieux : l'elfe mourra pour que nous puissions vivre.

Oyez les pas des guerriers résolus qui partirent en quête sur les routes craquelées du royaume!

Pendant des semaines et des mois, les guerriers de Targne, hommes durs et braves, parcoururent les forêts du nord, piétinant l'humus parcheminé des sous-bois, se frayant un chemin au milieu des arbres secs, cherchant les elfes. Pendant des semaines et des mois, les guerriers, aussi redoutés que des dragons, perdirent leur chemin, souillèrent leurs armures et usèrent leurs forces, mais d'elfes, ils ne virent point. Un à un, ils périrent, ces hommes aguerris, rattrapés par la soif et la faim.

Oyez les gémissements du dernier d'entre-eux, que la nuit noire trouva gisant dans une clairière!

Le guerrier savait que la chaleur du jour, bientôt, volerait à son corps ses derniers fluides. Il ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait connu la douceur de l'eau sur sa langue enflée. Ses yeux racornis voyaient trouble. Au cœur de l'obscurité, il cru apercevoir une lueur. Des feuilles bruissèrent et la lueur devient lumière, tandis qu'un elfe, chevelure de feu, teint de lune, vivante clarté, s'avançait dans la clairière.

Oyez le pas léger de cet être dont la beauté possédait l'éclat des étoiles!

L'elfe s'agenouilla auprès du guerrier. On ne sait s'il désirait lui prêter secours ou s'il était simplement curieux, désireux d'examiner cet être dépourvu de splendeur. On ne sait s'il avait déjà posé les yeux sur un homme auparavant. On devine, toutefois, qu'il ne connaissait pas les dangers de l'acier et que sa lumière dut jouer sur le fil de l'épée du guerrier, fascinant l'elfe un instant, tandis que l'homme frappait.

Oyez le tonnerre qui déchira le ciel et la pluie qui tomba en un sanglot!

Le sang de l'elfe se répandit sur la terre, tandis que sa lumière vacillait. Le guerrier tourna son visage vers les cieux et but les eaux du firmament endeuillé, en pleurant son soulagement. Sa quête était accomplie. Au loin, il le savait, le roi de Targne, monarque rassuré, souriait enfin. C'est alors que le guerrier entendit, auprès de son oreille, le dernier souffle de l'elfe. Il ne pleuvra plus à présent, confia l'être au seuil du trépas, car j'étais le dernier des miens.

Oyez, badauds, l'affliction du guerrier qui comprit que le royaume de Targne, pays qu'on disait maudit, redeviendrait bientôt aride!

Oyez, badauds, la geste de la dernière pluie!

6 commentaires:

ClaudeL a dit…

Wow! 1000 billets en trois ans, je suis évidemment allé voir si tu battais des records. Je crois bien que oui, si je me fie à mes quatre ans et 436 billets.
Bravo. Chapeau... mille fois.

Vincent a dit…

Bravo! :D C'est toute une aventure le blogue et ça te prends du temps pas mal, alors je salue ta persévérance. C'est rendu essentiel à ma routine le matin, alors j'en espère au moins 1000 autres. :)

Gen a dit…

@ClaudeL : Je sais pas si je bats des records, mais mettons que j'en reviens pas moi-même d'avoir écrit tout ça! (et de pas avoir dit trop de niaiserie! :p)

@Vincent : En effet, ça bouffe pas mal de temps, mais moi aussi ça fait partie de ma routine. Depuis que j'ai diminué, les mardis et jeudis sont pas mal plates! :p

Luc Dagenais a dit…

WoW! Bon 1000e et merci pour le texte! 8o)

Isabelle Lauzon a dit…

Wow de ce côté aussi! T'es vraiment la championne de la persévérance!

Et... quel texte! J'ai adoré! Excellent style. Et j'aime tellement les fins tragiques en plus... :D

Gen a dit…

@Luc : De rien! ;)

@Isa : Lol! Ça j'ai la tête dure, y'a pas de doute! Et j'ai écrire avec ce style-là! :)