lundi 28 janvier 2013

Django, un très bon Tarantino

C'est un peu à reculons que suis allée voir le dernier film de Tarantino, Django Unchained (Django déchaîné). Mais bon, mon papa avait lancé une invitation à l'accompagner pour souligner sa fête et on va pas souvent au cinéma en famille... Et puis la bande annonce avait l'air intrigante. Un western avec un cowboy Noir... Si le réalisateur n'avait pas été Tarantino, je me serais précipitée.

Sauf que Tarantino, depuis Pulp Fiction et Reservoir Dogs, il me semble qu'il fait toujours le même film : un peu d'humoir noir, une trame déconstruite, des gros plans sur des pieds (idéalement de femmes et nus), beaucoup de scènes de blabla et tous les personnages meurent à la fin dans un bain de sang. En prime, il nous fait un caméo pour nous prouver une fois de plus qu'il est un mauvais acteur.

Mais avec Django, oh, surprise! L'humoir noir touche au sublime (principalement grâce à Christoph Waltz... mais ne s'appelait-il pas Christopher avant?), la déconstruction de la trame est bien utilisée pour servir le récit, les plans montrant des pieds sont plus justifiés (de toute façon, y a-t-il plus classique qu'un gros plan sur des bottes à éperons dans un western?), les scènes reposant uniquement sur la discussion servent l'ambiance (Samuel L. Jackson en licheur de bottes est à voir), le caméo obligé se termine de façon hilarante et le bain de sang Tarantino-esque n'est pas la conclusion!

Bref, Tarantino semble bien avoir fait un nouveau film cette fois. Et quel film!

L'oeuvre a provoqué une polémique aux États-Unis. On la trouve trop violente. On se plaint que l'esclavage n'est pas dépeint avec suffisamment de réalisme. On s'insulte qu'on en rit...

Et pourtant, l'historienne en moi a trouvé que l'esclavage avait rarement été aussi finement montré au cinéma. On voit bien que c'était le mode de vie de l'époque. Que le mot "nègre" faisait partie du langage courant et désignait une couleur de peau. Que les esclaves pouvaient tomber sur de "bons" maîtres (selon leurs propres termes), qui les méprisaient un peu en les exploitant raisonnablement, ou sur des mauvais, qui les battaient, les traitaient comme du bétail, les tuaient à la tâche. On voit qu'il existait une hiérarchie chez les esclaves : il y avait les travailleurs des champs, les serviteurs de la maisonnée, plus éduqués, et enfin les esclaves "chouchou", intendants ou maîtresses, aussi durs envers leurs inférieurs que les Blancs pouvaient l'être. On comprend qu'un Blanc qui aurait aidé un Noir et l'aurait traité en égal aurait mis sa vie en danger.... Mine de rien, Tarantino, au milieu d'un film d'action, nous livre une bonne image de l'esclavage et de ses conséquences, sans nous imposer de jugement moral... mais, pourtant, je pense qu'il est impossible de sortir du film sans se dire que c'est horrible qu'il ait un jour été légal de traiter des gens ainsi!

Si le sang et la violence ne vous rebutent pas, le film est donc à voir. Ne serait-ce que pour le cowboy Noir en raquettes...

4 commentaires:

Prospéryne a dit…

J'ai vu le film, mais je l'aie trouvé verbieux, trop lent par moment et j'ai trouvé que Tanrantino a perdu son sens du rythme par rapport à Kill Bill (je n'ai pas vue ses films un peu plus vieux). Par contre, d'accord avec toi pour la représentation de l'esclavage, c'est pas poli, c'est méchant, mais c'est sans doute pas très différent de ce qui a dû se vivre à une certaine époque. Je pense en rigolant à la réaction du barman quand Schultz fait entrer Django dans un bar et que ça cause pratiquement une émeute en ville! Je suis sortie de la salle un peu déçue par contre, pas à la hauteur de ce que j'attendais, je trouve que plus ça va, plus Tarantino se perd dans les dialogues alors que ce n'est pas sa force. On a droit à combien de plans fixes durant le film où deux personnages discutent face à face et où on les voit de côté? Ça brise de rythme à mon goût. Par contre, beaucoup aimé le caméo de Tarantino! Ça dû être jouissif pour lui de tourner ça!

Gen a dit…

@Prospéryne : Ah, tu vois, moi ce genre de rythme lent ça ne me dérange pas quand ça raconte quelque chose.

Vincent a dit…

J'ai trouvé Django vraiment excellent! Avec des hauts et des bas, mais les scènes de discussion, je trouve qu'elles font partie des hauts. :)

Gen a dit…

@Vincent : Moi aussi! :) Comme je disais, elles participent à l'histoire. C'est pas comme l'interminable discussion sur "est-ce que tu donnes du pourboire ou pas" dans Reservoir Dogs.