Alors que je réfléchissais sur le plan du tome II de mon roman jeunesse, j'ai constaté qu'il y a plusieurs façons de faire une suite à une histoire... mais pas beaucoup de méthode que j'apprécie. J'ai pensé notamment à...
1- L'histoire pas finie
Ça c'est de la triche. Vous écrivez une longue histoire et vous la découpez en tranche, en laissant votre lecteur en suspend à la fin de chaque tome, comme si ce n'était qu'une fin de chapitre de plus. Vous courrez alors deux dangers : premièrement, vos lecteurs risquent d'avoir l'impression que vos livres ne racontent rien en eux-mêmes. Deuxièmement, si votre histoire est vraiment prenante et que vous écrivez lentement, pleins de lecteurs avides de la suite viendront vous hanter... et ce sera bien fait pour vous!
2- L'ennemi qui revient toujours
Vous pensiez que les héros l'avaient tué dans le tome I? Puis le tome II? Puis le tome III? Mais non, il se rendra jusqu'à VII... ou pire. J'haïs ça!!!
3- "52 ramasse"
Il existe un seul truc ultime pour régler le sort du monde. Malheureusement, il est en 10 000 morceaux devant être retrouvés et rassemblés au prix de 1000 dangers. Quelque part autour du troisième morceau, qui coïncide normalement avec le troisième tome, j'abandonne.
4- La poursuite d'un objectif lointain
Ça peut être la Montagne du Destin, le Grand Amour, la Paix dans la Galaxie ou tout autre truc s'écrivant en majuscule. Pour moi, en tant que lectrice, c'est une recette qui fonctionne, à condition que ledit objectif ne soit jamais perdu de vue, qu'il soit suffisamment important et que chaque tome constitue une étape en vue de son achèvement, toujours incertain. Malheureusement pour l'auteure en moi, faut prévoir ce grand objectif dès le début de l'écriture du premier tome. Oups, manqué!
5- Pis avant ça, y'avait...
Des fois, c'est une bonne idée de faire un roman racontant le passé des personnages. La plupart du temps, le problème c'est pas le concept, c'est le résultat! Lever le voile sur tous leurs mystères, ça risque d'enlever beaucoup de charisme à vos personnages. Exemple typique du récit d'antécédants manqué : Star Wars I, II, III. Chef-d'oeuvre du genre (pour contrebalancer) : le tome IV de la Tour Sombre. On en redemande!
6- Pis le gars, là, dans le coin...
Raconter l'histoire d'un personnage secondaire, c'est rarement une bonne idée. Vous risquez de décevoir vos lecteurs, qui aimaient vos personnages principaux. En plus, il y a le danger de tomber dans les travers du récit d'antécédants et de transformer votre mystérieuse machine à tuer en pathétique lavette amnésique (qui a reconnu Wolverine : Origine?).
7- De toutes nouvelles aventures
C'est la recette des séries policières (et des interminables suites hollywoodiennes). L'histoire était finie, mais là des faits nouveaux se présentent et on repart. Ça marche bien si vos personnages sont intéressants et vos lecteurs peuvent prendre le train en marche à n'importe quel moment de la série. Malheureusement, ils peuvent aussi en descendre.
8- L'univers du récit s'élargit
Dans le premier tome, on vous racontait le sort d'une ville. Dans le second, c'est le pays qui est en danger. Dans le troisième, ce sera peut-être le monde. La réputation des personnages grandit avec leurs responsabilités, leur univers s'enrichit et le lecteur devient totalement accro. Ce n'est pas une méthode facile et elle n'est pas souvent utilisée, mais elle est séduisante en diable. C'est vers ça que je m'enligne pour le moment...
Est-ce que j'ai fait le tour? Est-ce que j'en ai oublié? Si vous en connaissez d'autre, je suis toute ouïe!
17 commentaires:
Il me semble que les options 3 et 4, c'est realtivement lié. Normalement, si tu ramasses les 52 Cartes Perdues, c'est que tu as un objectif lointain dans la ligne de mire, non? Normalement, ça prend une raison pour motiver la récupération de ces 52 cossins.
@Vincent : Oui, mais pas nécessairement. La quête de l'anneau est un bon exemple : on passe trois livres à s'approcher de la Montagne sans ramasser quoique ce soit en route.
L'inverse du point 2 "villain of the week" n'est guère mieux.
Point 4, t'as vraiment du détester la conclusion de Rahan. ;)
Point 5 les "fabuleux" retcon.
Point 6, moi j'aime ça les spin-off... Wolverine et Punisher ont bien fonctionné.
Le point 8 me tape sur les nerfs généralement. Dans le sens que je trouve bizarre que personne ne connaissait l'ultime tyrant de la province dans le vilage du début.
@Joe : En effet, "villain of the week", c'est le point 7 au fond.
Je me souviens pas de la conclusion de Rahan ;)
Wolverine... Non, ne me part pas sur ce sujet! lol! C'était une bonne idée, ok? C'est le résultat le problème.
Pour le point 8, non, faut évidemment pas que ça soit une surprise cet élargissement de l'univers.
Eh que ça réfléchit, ce monde-là! :O)
@Daniel : Ça nous donne l'impression d'utiliser notre matière grise pour autre chose que parler avec nos amis imaginaires ;)
Il y a aussi le problème des formats de livres. Les éditeurs aiment bien que les tomes qui se suivent aient une apparente même épaisseur. Ce qui oblige l'auteur à couper quelque part en milieu d'intrigue, parfois, pour respecter la demande de l'éditeur.
On peut cependant tenter de créer une "pseudo" fin pour faire avaler la coupure plus facilement!
@M : Bon point. Aïe, ça va être à considérer.
Quoique y'a toujours la possibilité de pallier à ce problème en publiant les deux moitiés de l'intrigue d'un seul coup.
@Gen: Imagine maintenant que ton intrigue fasse l'équivalent d'un livre et demi? Tu produits une intrigue d'un demi-livre ou tu embarques pour un autre livre et demi? Donc tu publies trois livres en même temps? Oh la la, difficile décision!
@M : On en reparlera dans quelques tomes! ;) Mais pour l'instant, je suis une bonne petite fille : à date, quand j'évalue la longueur du projet, je m'en tire dans les 10 000 mots de l'évaluation. Alors ça devrait donner des tomes assez équivalents! ;)
Qui a vu le pré-montage de la couverture de ton livre?
MOI MOI!
Et c'est vraiment WOW!
Ceci dit, sans vouloir t'écoeurer! ;-)
@M : Non, non, tu m'écoeures pas du tout (dit-elle en faisant craquer ses jointures...) :p
Fort intéressant!
Mes préférences vont au 4 et au 8.
L'idée générale à respecter, à mon avis, reste que chaque livre doit se suffire à lui-même, peu importe on est en où dans le «grand arc».
@Pat : On se rejoint! ;) Oui, en effet, l'autosuffisance des tomes me semble essentielle à moi aussi. Sinon, le lecteur risque de se sentir volé.
Le truc du tome à peu près égal, ça peut être vrai par contre, la plus part des séries que j'ai adoré les tomes subséquents étaient toujours un peu plus gros plus la série avance. Exemple? Harry Potter.
Dans le type de suite que j'aime bien, c'est celui où l'auteur, dans ce qu'il accomplit dans le premier tôme déclenche autre chose sans le savoir... moi j'appelle ça la suite Domino. Je vois un peu comme les Charlaine Harris et Kitty Norville.
Notez que le Seigneur des anneaux n'est pas une série. C'est un roman complet coupé en 3 par l'éditeur. Pas pareil.
Joël Champetier
@Isabelle : Ah oui, la suite domino! :) Bon point.
@Joël : Bon point. Ça paraît d'ailleurs : impossible de prendre le train en marche au deuxième tome!
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