J'avais déjà lu quelques nouvelles et romans courts de Jonathan lorsque j'ai acheté "Silencieuses", son recueil de nouvelles. Mes lectures précédentes m'avaient donné l'impression que l'écriture de Jonathan est un peu inégale. Ses idées sont fines et bien amenées, il a l'art de créer des ambiances, mais ses dialogues manquent souvent de naturel et il lui arrive de précipiter l'action. Ces caractéristiques ne rendent jamais la lecture désagréable par contre. En fait, c'est presque le contraire : je commence toujours la lecture d'un texte de Reynolds en me demandant si cette fois sera la bonne et que j'aurai enfin le plaisir d'apprécier tout son talent.
Hé bien, avec "Silencieuses", je me considère gâtée : dans trois nouvelles sur huit, je me suis sentie complètement emportée par le texte! :) Et les autres n'étaient pas piquées des vers non plus. Je vous les résume rapidement :
"Deux solitudes" raconte le retour d'un homme dans son école secondaire, là où s'est produit un incident qui a déterminé le cours de sa vie. Sans contredit l'une des trois meilleures nouvelles du volume, judicieusement placée pour nous donner envie d'en continuer la lecture! :)
"Là où meurent les rails" m'a beaucoup plu, tant par son titre (j'adore les titres qui parlent de train et de route) que par son propos. Dans ce récit, trois adolescents partent pour une randonnée à vélo, se perdent et décident de monter dans le train qu'ils croisent... Malheureusement, une description un peu trop précipitée à un moment clef du récit m'a fait décrocher. La nouvelle, qui avait tout pour être excellente, se contente donc d'être bonne. C'est quand même pas si mal! ;)
"En silence" n'est pas la meilleure nouvelle du recueil. Un jeune homme aime une fille en secret et se fait manipuler à cause de ses sentiments, jusqu'à connaître un sort funeste. L'idée est un peu trop convenue et l'ambiance est heurtée (le fantastique semble surgir de nulle part).
"Scareman" nous présente un groupe d'amis fatigués de jouer à "Donjons et dragons" et qui décident d'essayer un autre jeu de rôle... Sans contredit une réussite sur le plan de l'écriture, j'ai toutefois eu l'impression que ce récit s'achevait alors qu'il venait de commencer. Cela dit, c'est peut-être juste parce que c'était si bon qu'on en voudrait plus! :)
"Oubliée" et "Après les larmes" tombent dans la catégorie des nouvelles de Jonathan que je n'arrive pas à apprécier, c'est-à-dire celles qui reprennent des thèmes et des manières de films d'horreur culte. Si vous aimez, c'est peut-être bien, mais pour ma part ça me laisse froide.
"Éphémère 11" est une nouvelle déconstruite et onirique où une jeune femme découvre qu'un homme utilise les rêves qu'elle lui raconte pour peindre des toiles... ou peut-être que ce n'est pas lui... peut-être est-il déjà mort? Et les toiles, où sont-elles exposées? Existent-elles? Déroutant et bien fait.
"13, chemin de l'Église" termine très bien le recueil. Une adolescente et sa soeur s'installent dans la vieille demeure dont ses parents viennent d'hériter, sans savoir que le quartier a un sombre passé. En parallèle, nous assistons au déroulement des événements sanglants de jadis. Cette nouvelle m'a donné l'impression d'être la plus étoffée du volume et laisse le lecteur sur une bonne note.
Bref, au final, "Silencieuses" est d'une lecture fort agréable et je le recommande aux amateurs de bon vieux fantastique traditionnel. Les clins d'oeil de Jonathan à la géographie lovecraftienne annoncent ses couleurs et ne déçoivent pas. :)
Publié par les Six Brumes.
(Lecture 2011 #14)
3 commentaires:
Référence?
Oups! Merci!
Publié aux Six Brumes.
Si vous voulez plus d'infos sur l'événement de la dernière nouvelle de ce recueil je vous suggère de lire Nocturne de Jonathan Reynolds! ^^
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