J'ai commencé ce bilan un peu par obligation, parce que j'en fais un à chaque année, en me disant que je n'avais pas grand chose à dire. Qu'en 2024, j'ai complété ma première année depuis longtemps comme employée et que c'est pas mal tout et que je ne comprends pas pourquoi je suis aussi fatiguée, aussi pressée d'arriver aux vacances des Fêtes...
Puis j'ai regardé en arrière et j'ai constaté qu'en fait cette année fut... étourdissante. Je m'étais promis, en décembre passé, de prendre soin. Soin de moi, de ma famille, mais aussi de mon écriture, de mon énergie, de mes rêves... Je crois que j'ai un peu trop bien réussi! (Bon, sauf pour ce qui est de l'énergie.)
C'était une année pivot, où j'ai troqué les multiples contrats de travailleuse autonome pour m'installer de plein pied dans mes tâches d'éditrice adjointe. Travailler chez Alire, c'est tout aussi prenant que le travail autonome, mais au moins je n'ai plus à envoyer des rappels de facture et à courir après le travail, car (constat doux-amer) la slush pile sera toujours là pour moi, hihihi! Ça m'a permis de mesurer tout le stress que je traînais depuis quelques années, à m'inquiéter continuellement de manquer d'ouvrage. Ne plus avoir à m'en soucier est tout un baume pour mes nerfs.
Ce fut aussi une année où j'ai pris soin de ma carrière littéraire en remettant pas mal de textes, pour préparer deux collectifs aux Six Brumes et mon recueil de fantasy. Oh et parce que, surprise imprévue, j'ai participé à un super projet de prospective. Avec quatre collèges écrivains de SF, je me suis retrouvée à imaginer de quoi pourrait avoir l'air le Québec en 2040. On m'a confié le scénario le plus hopepunk. J'espère qu'on y parviendra un jour. (Pour lire les résultats, faut demander le ebook ici.)
J'ai aussi fait le ménage dans mes projets de roman, définitivement mis de côté un manuscrit qui ne me disait plus rien, reparti le roman fantastique sur de nouvelles bases, commencé à rédiger un fantasy, avancé la recherche pour la suite du policier... Et j'ai découvert que j'étais intimidée par l'idée de me lancer pour vrai dans un nouveau roman. Mine de rien, ça fait des années que je n'ai pas fait ça. (Faut juste que je me rappelle que j'en suis capable et ça ira... j'espère!)
Je me disais aussi que l'année avait été tranquille côté publications, mais non, en fait, ce fut assez occupé : trois nouvelles dans Solaris, une traduction dans Ellery Queen Mystery Magazine et une nouvelle dans le collectif Automnales des Six Brumes! Je continue à entretenir ma plume de nouvelliste... d'autant plus sereinement que je n'ai plus autant à me préoccuper du fait que ce n'est pas payant.
À travers tout ça, j'ai vu l'adaptation de ma nouvelle La Barque, prendre forme. J'ai assisté à une partie du tournage, puis à des projections et maintenant le film poursuit son chemin, d'un festival à l'autre. Mon histoire voyage plus que je ne le ferai jamais, je pense... et c'est extraordinaire!
Côté personnel, j'ai fêté mes 42 ans cette année et j'ai décidé de m'offrir deux choses que je repoussais depuis longtemps, parce que ce n'était pas essentiel, parce que la logistique était compliquée, etc. J'ai d'abord participé à un atelier de danse-écriture d'une semaine qui m'a tellement sortie de ma zone de confort que j'ai mis un moment à la retrouver! Puis Luc et moi nous sommes offert un voyage à New York, sans la puce. Quelques jours d'insouciance, pour prendre soin de nous deux, pour se rappeler à quel point il y a des beaux coins chez nos voisins du Sud, à quel point la culture et l'art peuvent y vibrer.
Ce seront des souvenirs à chérir, car le triste résultat des élections américaines risque de nous porter à l'oublier par moment dans les prochaines années. Ces élections ont d'ailleurs participé à mon sentiment d'étourdissement général. Connaître tant d'espoir et tout voir s'effondrer en une soirée... Ce fut dur sur le moral. Il est difficile de détourner le regard de ce qui se passe de l'autre côté de la frontière, des gens (femmes et personnes lgbtq+ en particulier) qui y souffrent et meurt... Mais il faut que je me concentre sur ce qui se passe près de nous. Que je travaille comme je le peux à éviter que ces idées déshumanisantes se rendent chez nous. Faire barrage, un texte à la fois.
J'ai pas eu le choix, de toute manière. On a dû resserrer le cocon familial autour de la puce, le temps qu'elle se mue en dragonnette préado. Le processus n'est pas tout à fait achevé. Elle a par moment des éclairs de maturité qui me rendent très fière de l'adulte qu'on devine en elle... et à d'autres moments elle m'appelle en panique parce qu'elle a entendu un bruit étrange dans le noir. La parentalité est un paradoxe. Ça m'a guérie d'une bonne partie de mes impatiences en tout cas! Hihihihi!
Je n'ai pas participé à beaucoup d'événements littéraires cette année. Faut dire que je suis tombée malade pile au moment où je devais me joindre aux Sans Tavernes. Je me suis donc contentée du Boréal, du lancement collectif d'Alire (pour souligner les 50 ans de la revue Solaris et la nouvelle collection Mitan) et du Salon du Livre de Montréal... mais ce dernier, placé plus près des Fêtes que d'habitude, a sapé ce qui me restait d'énergie.
Me laissant juste ce qu'il fallait pour écrire ce billet! ;)
Pour la prochaine année, je vais continuer à m'offrir toutes ces choses immatérielles trop longtemps repoussées : du temps pour mes projets à long terme, pour les causes qui me tiennent à cœur et, surtout, pour ceux que j'aime.
Que les Fêtes vous soient douce. On se revoit en 2025.
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