Le constat de mercredi me fait bien rire, surtout parce qu'à travers mes études en histoire et différents projets, j'ai étudié beaucoup le phénomène des chasses aux sorcières anciennes, ainsi que la résurgence des sorcières modernes.
Ce qui me fascine autour de la figure de la sorcière, c'est toute la notion du rituel.
Les sorcières de jadis n'étaient ni plus ni moins superstitieuses que les autres habitants de leur village. Parfois, elles étaient plus éduquées. Parfois, leurs remèdes étaient mieux faits. Mais la plupart du temps, la différence était que ces femmes dérangeaient, qu'elles croyaient peut-être un peu plus que la moyenne au pouvoir de leurs rituels.
Les sorcières modernes reprennent cette idée : il ne faut pas de pouvoir magique pour être une sorcière. Et même, il n'est pas nécessaire de formaliser les rituels ou d'utiliser des cristaux et des baguettes magiques. Ce qui différencie la sorcière de la personne normale, c'est l'intention. Lorsqu'une sorcière s'allume des chandelles et se fait couler un bain chaud parfumé au sel de lavande, elle a l'intention d'en faire un rituel destiné à se détendre. Lorsqu'elle prépare une tisane pour guérir un rhume, si elle ajoute une incantation, elle signale à son patient qu'elle croit à sa décoction, qu'elle a l'intention de le guérir... Et le patient est, de fait, déjà apaisé. (Ou alors il rigole, mais le rire c'est bon pour la santé!)
Si vous êtes en train de vous dire "c'est juste une affaire d'effet placebo et d'auto-hypnose"... Ben je suis tout à fait d'accord avec vous!
Mais je vois beaucoup de liens aussi avec la pleine conscience (le fait de s'arrêter, de devenir conscient de ses gestes), qui a déjà prouvé (et continue de prouver) ses bienfaits pour diminuer le stress et l'anxiété. Si la sorcière considère que se faire couler un bain est un rituel d'apaisement, chaque geste de ce rituel sera étudié, préparé... conscient. Pendant qu'elle fera une incantation de guérison sur une tasse de tisane, elle sera consciente de ses mots, présente pour son "patient", qui l'écoutera et, donc, sera pleinement conscient, lui aussi, du moment.
Bref, je ne crois pas me mettre de sitôt à assembler un grimoire, hihihihi! (Ne vous inquiétez pas pour moi.) Mais je vois des liens de parenté entre la résurgence de la sorcellerie et la montée de la popularité de la pleine conscience. Les deux phénomènes me semblent découler de la redécouverte de la force des rituels et du rôle de l'esprit dans notre santé générale. De la constatation aussi que nos ancêtres, même lorsqu'ils ne savaient pas trop pourquoi ils posaient tel ou tel geste ritualisé, n'étaient ni stupides, ni fous.
Et ça, l'historienne est toujours heureuse de pouvoir le démontrer.
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