mardi 7 mai 2019

Extrait de maltraitement de texte

Alors je ne vous ferai pas un récapitulatif du Boréal, parce que j'en serais bien incapable, sauf pour dire que ce fut génial! Je n'ai pas assisté à assez de table-ronde (parce que j'étais occupée à jaser ou à lire des textes pour l'écriture sur place), mais j'ai eu beaucoup de plaisir à animer la mienne et à participer à deux autres. À part ça, j'en suis arrivée au stade où je peux repérer sans peine les nouveaux venus au congrès (parce que ce sont ceux qui ne me sautent pas dessus en criant "Gen!!!!!!" pour me faire la bise) et où me semble que j'ai des sujets de conversation avec tous les anciens, alors je me sens comme un poisson dans l'eau! Ok, ça me donne aussi l'impression de faire partie des meubles et de recevoir un petit coup de vieux, mais c'est pas grave, c'est juste réconfortant d'être parmi "les miens" pendant toute une fin de semaine.

Puisque j'ai touché un mot au sujet des tables-rondes... L'une de celles où je participais était le maltraitement de texte. Le principe de ce panel est que Yves Meynard, notre animateur, envoie à quatre participants, quelques jours avant le congrès, des extraits de très mauvais livres publiés. Il nous demande d'écrire des continuités crédibles à ces extraits. Durant la table-ronde, l'extrait original est lu, ainsi que les continuités proposées par les participants et la continuité originale. Le public doit ensuite deviner quel est le morceau original. Tâche à laquelle il échoue toujours! Cette année, le public a cru que les textes de Francine Pelletier étaient les vrais.

De mon côté, je suis vraiment nulle à ce jeu, finissant année après année bonne dernière. Je crois qu'Yves me réinvite surtout parce qu'il finit par y avoir un moment (très comique) où je suis trop pliée en deux de rire pour continuer à lire l'extrait que je dois présenter.

Cette année, je pensais que j'avais joué un bon tour à un autre participant, car j'ai écrit un texte très loufoque... Malheur à moi : le hasard a voulu que je doive rire de mon propre texte!!! Et oui, je suis le genre de personne qui rit de ses propres jokes! :p (Ça fait toujours au moins une personne!)

Puisque personne n'a donc pu entendre ce texte correctement, je vous le mets ci-dessous. Imaginez-vous essayer de lire ça à haute voix, avec intonations appropriées, devant une salle déjà hilare des textes précédents, alors que vous avez vous-mêmes les larmes au yeux tellement vous riez depuis une heure... Ben c'est ça. J'ai pas pu.

La consigne était d'écrire une texte d'environ 200 mots, où tous les noms de personnages finiraient en -ar, et qui se terminerait avec les mots suivants : "... une sorte de poche métallique tressée. Horrible filet! Un nid? Une gigantesque nacelle grise? Montgolfière insolite! Résille catastrophique!" Ça m'a décidément trop bien inspirée...

* * *
Lorrenar, déboussolé, contempla son environnement. Qu'est-ce que c'était que ce tube à section carrée? Une prison ouverte aux deux bouts? Une ruelle intérieure? Débauche de murs! Alternance de portes! Un couloir, voilà, c'était un couloir.

— Ton implant cérébral s'embrouille encore? lui demanda Michelar.

Il avait deviné, en voyant Lorrenar tâter les murs avec effroi, que les connexions neurales artificielles de ce dernier lui avaient livré des interprétations erronées des stimuli captés par ses sens. Cela lui arrivait de plus en plus souvent, pauvre Lorrenar. Éventuellement, les pannes de lexique seraient permanentes.

— Il faut vraiment que tu te payes cette mise à jour! ajouta Michelar.

— Si on réussit notre coup, c'est la première chose que je ferai, je te le serment solennel, vœux séculier, promets.

— Ça s'arrange pas, ton affaire, Lorrenar.

— Ouvre la porte, Michelar, sinon ça n'ira jamais en s'améliorant, s'amieutant… ah non, s'améliorant c'était bon. Tu sais que c'est pire quand je suis nerveux.

Répondant à l'invitation de son compère voleur, Michelar se pencha sur ses crochets métalliques, ses électro-aimants et ses cadrans numériques, le tout accroché à la porte qu'ils essayaient d'ouvrir, car derrière ils espéraient trouver une cargaison de puces mnémoniques vierges, une denrée rare et précieuse.

— Je l'ai! Arrgggggg!

Une manipulation de Michelar avait provoqué un déclic encourageant, vite suivit par un bruit d'électricité et une odeur de cochon brûlé. Michelar cria et s'écroula, tandis que la porte s'ouvrait. Lorrenar, paniqué, se retrouva face au contenu de la pièce, une sorte de poche métallique tressée. Horrible filet! Un nid? Une gigantesque nacelle grise? Montgolfière insolite! Résille catastrophique!

4 commentaires:

Prospéryne a dit…

Ok, j'ai essayé de le lire sans rire, mais... échec total... ;P

P.S. Ceux qui t'ont sauté au cou en te criant GEN!!!! Je ne me reconnais pas du tout dans cette description... Mais pas du tout... :P

Gen a dit…

@Prospéryne : lolol! Merci, tu me rassures. Pour les cris, la palme revient à Kate St-Onge, qui a traversé le hall, les bras ouverts en criant "Gen!!!!"... DEUX FOIS pendant le congrès! (vendredi soir ET samedi matin!) lolololol! (Je l'adore, ai-je précisé? ;)

Prospéryne a dit…

Ok, je ne suis pas rendue à ce niveau.

CHALLENGE ACCEPTED! ;P

Gen a dit…

@Prospéryne : Lololol! C'est vraiment pas obligatoire! :p