lundi 14 mai 2018

Hé, c'était lundi!

Hé, c'était lundi aujourd'hui! O.o

Pis c'était la Fête des Mères hier...

Mon chum ayant pogné la "grippe post-congrès" à ma place (faut le faire : il était même pas là!), j'ai un peu perdu la notion du temps.

Alors au lieu de vous pondre un billet en catastrophe, j'vous invite à aller lire celui-ci et celui-là d'Annie Bacon, particulièrement les commentaires à la suite du premier billet.

J'essaie d'y détruire deux mythes linguistico-historiques qui m'agacent :

1- Que le Français est devenu misogyne suite à une décision consciente d'une gang de perruques poudrées. (Qui ont éliminé les noms féminisés de métier et décrété que le masculin l'emporte sur le féminin en cas de genres grammaticaux mêlés).

Désolée, gang, mais les perruqués se donnaient probablement juste une excuse pour consacrer l'usage en place. Vous devriez lire un moment donné les discussions autour du genre des mots, c'est assez hilarant et la même explication peut servir tantôt à justifier un féminin, tantôt un masculin. Parce qu'à l'époque, l'usage avait fixé des règles avec lesquelles on est encore pognés aujourd'hui (ce mot en est un bon exemple!), peu importe leur illogisme.

Heureusement, l'Office Québécois de la Langue Française a réintroduit, il y a 30 ans, la féminisation des titres et noms de métier. Ce qui m'amène à...

2- Autrice, c'est la vraie forme féminine de "auteur", c'est d'ailleurs le mot qui existait à l'époque, contrairement à auteure (qui a été choisie il y a 30 ans par OQLF). 

Oui... et non. Dès qu'on remonte à avant la standardisation de la langue française, on se retrouve dans le chaos côté formes linguistiques. L'époque connaissait donc autrice et auteure, mais aussi auteuresse, aucteure, auctorice, sans compter oteure, hotrice et autres trucs du même genre!

A-t-on choisi "auteure" parce qu'il était invisible à l'oral et plus facile à faire entrer dans les moeurs? Peut-être. Toutefois, comme on dit "une auteure", ça finit par s'entendre, non?

Ah, pis troisième mythe qui me gosse :

3- En latin, y'avait un genre neutre et ça rendait tout beaucoup plus simple. 

Hihihihihi! Z'avez jamais fait de latin vous, hein?

En latin, les mots pouvaient être féminins et se décliner comme des mots de la deuxième déclinaison (généralement masculins), masculins et se décliner comme des mots de la première déclinaison (généralement féminins), notamment les noms d'arbres et de métiers. Il y avait, finalement, des mots neutres.

Cependant, les neutres empruntaient la même forme que le masculin dans 6 à 7 cas grammaticaux sur 12 pour les déclinaisons les plus courantes (soit la deuxième et les déclinaisons adjectivales). (Wikipédia peut vous saouler de tableaux de déclinaisons latines si vous êtes curieux de vous livrer à des études statistiques).

Donc, lorsqu'on a (enfin!) envoyé promener le neutre, il était logique que l'usage devienne d'utiliser le masculin en guise de neutre.

Bref, pour toutes ces raisons (et surtout parce que le Québec a été l'un des pionniers de la féminisation des titres de métier et que je ne veux pas renier ces efforts de la génération passée), je vais continuer à me désigner comme "auteure" et à encourager l'usage de ce mot. Que les Français m'appellent "autrice" si ça les amuse.

Un jour, ils auront ptêt aussi des mairesses et des présidentes... (Ou des mairettes et des présidentesses?)

2 commentaires:

myr_heille a dit…

Autrice/auteure: l'usage va finir par l'emporter sur la norme, une trampoline-style, et on verra bien à ce moment-là. :)

Gen a dit…

@myr_heille : Ce qui m'énerve, c'est que la France, après n'avoir pas eu de mot en usage pendant 30 ans, essaie maintenant de nous imposer le leur, weekend-style! (imagine ici un emoticône qui vomi!)