Histoire de commencer l'année en beauté (et de me faire pardonner pour l'absence de billet de mercredi), voici une autre réflexion sur l'écriture...
Chaque milieu et chaque spécialité a son jargon, qu'il s'agisse des arts martiaux, de la cuisine, des immigrants d'origine marocaine, du milieu nautique, de la Rome Antique, de la conquête de l'Ouest et ses western, du théâtre, etc.
Donc, lorsqu'on écrit, il est fort utile d'être au courant des divers jargons (Google et Wikipédia sont des outils précieux dans ce domaine, de même que les forums de discussion ou les groupes Facebook). Parfois, cela servira dans la narration et l'action. À d'autres moments, des termes peu usités peupleront le parler d'un personnage au passé particulier.
Voilà pour les applications réalistes des jargons. Cependant, on l'oublie souvent (et je confesse que c'est Alain Ducharme qui me l'a rappelé dernièrement!), mais les termes inhabituels peuvent servir, particulièrement en science-fiction, à introduire une impression de décalage.
Si un personnage amène son ami à l'hôpital, cela ne donne pas la même impression que s'il conduit un compagnon au dispensaire ou s'il traîne un coreligionnaire jusque chez le guérisseur ou un concitoyen à l'automed. Un policier aura toujours l'air moins exotique qu'un shérif ou un gendarme, un garde moins impressionnant qu'un cerbère, un gorille ou un prétorien.
En science-fiction et en fantasy, remplacer certains termes courants par des noms plus évocateurs participe à la création d'un arrière-monde riche et original. Surtout si les termes utilisés collent si bien à nos idées qu'ils nous permettent d'économiser des explications. L'effet est particulièrement fort lorsqu'on écrit des nouvelles.
Je sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part je vais méditer là-dessus lors de ma prochaine séance d'écriture! :)
8 commentaires:
Autre utilisation possible: la transposition d'un terme d'un jargon existant à un autre contexte. Ça peut être assez utile en SF pour décrire un concept complexe (mais c'est aussi possible en fantastique). Par exemple, Charles Stross fait ça à fond (principalement avec du jargon informatique) dans Accelerando, un excellent roman sur le transhumanisme.
(Bon, quelques gorgées de thés plus tard, je réalise que j'ai surtout reformulé ce que t'as dit. Les matins sont durs!)
@Guillaume : Pas grave. ;) Je l'avais mentionné en passant, je ne m'étais pas appesantie sur cet aspect des choses. En effet, la transposition des jargons (par exemple tout le vocabulaire maritime qui a été utilisé avec les vaisseaux spatiaux) est un autre outil intéressant. :)
Je suis, sans surprise, totalement en accord avec le propos de ce billet. :-)
@Alain : Ah oui? Bizarre... :p
Tout à fait en accord aussi ; et j’ajouterais que jargon spécialisé, néologisme et termes inhabituels sont bien mieux pour introduire une impression de décalage, de distance ou d’étrangeté que les descriptifs uniques à lettre majuscule du genre : le Sage, la Cité l’Événement, etc. qui finissent par avoir l’effet contraire désiré en rendant tout générique.
Ah, les majuscules excessives, ça fait tellement 2017. Et lorsque rajouté dans des passages banals ça donne un peu ça:
« Il alla au Parc pour que son chien fasse sa Crotte, et en profita pour lire le Journal. »
@Luc : Tout à fait juste! Ah, la majusculite!
@Alain : Pwahahaha! Merci de me faire brailler de rire! :D
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