vendredi 26 janvier 2018

Lire ses textes à haute voix

Certains le savent, mais je donne depuis quelques mois une série d'ateliers d'écriture à un public d'Ainés (ce joli euphémisme pour "personnes âgées" lol!).

Pour plusieurs raisons, nous avons décidé d'un commun accord de travailler en mode "papier et crayon". Cela implique ensuite de lire nos créations à haute voix au lieu de nous les échanger par le wifi pour les lire chacun de notre côté, comme on le fait dans mes ateliers d'écriture habituels.

J'appréhendais un peu cette partie de l'exercice, mais finalement, je n'y vois que des avantages.

Premièrement, on entend tellement mieux la musicalité des phrases, leur rythme. Les répétitions et les syntaxes lourdes nous sautent aux oreilles (alors que des fois elles nous passent sous les yeux sans qu'on les note). C'était un moyen que j'utilisais déjà pour peaufiner mes propres textes, mais rarement ceux des autres.

Deuxièmement, lire un texte à haute voix, devant public, des fois ça génère des émotions surprises. On croit avoir écrit un texte de fiction, en mettant peut-être un tout petit quelque chose qui vient de nous, mais quand on commence à lire, à prêter voix à nos mots, soudain on se retrouve la gorge serrée, les yeux pleins d'eau et on peine à terminer la lecture. (Et oui, ça m'est arrivé à moi aussi!) Reste alors à comprendre pourquoi on a été boulversé ainsi. Parce que se comprendre soi-même, découvrir ce qui nous fait vibrer, rire, pleurer, ça fait partie de la démarche d'écriture.

Parfois aussi, c'est le texte d'une autre qui nous met dans tous nos états. Et je crois que tous les écrivains, même les plus débutants, sont un petit peu sadiques : ceux qui arrivent à faire pleurer les autres en éprouvent toujours une fierté qu'ils tentent de dissimuler. (Et oui, ça aussi ça m'arrive! hihihihihi!)

Je crois que je vais garder cela en tête pour tous mes ateliers, peu importe le public! :)

6 commentaires:

Nomadesse a dit…

Tout à fait! Ça fait partie de certaines thérapies aussi, d'écrire sur papier et de lire ensuite à voix haute! Ce n'est pas pour rien!

Gen a dit…

@Nomadesse : N'ayant pas trop fait d'art thérapie, je ne connaissais pas. Mais je remarque que lire à voix haute chez soi et lire à voix haute devant public, ça n'a pas le même effet.

Une femme libre a dit…

Comme c’est intéressant! J’aime beaucoup que tu saches adapter tes ateliers à tout type de clientèle. C’est drôle mais je suis certaine que tes élèves “âgés” doivent t’adorer!

Gen a dit…

@Femme libre : L'affection est partagée! C'est comique, parce qu'au début je m'imaginais avec une classe de dames de l'âge de ma grand-mère... ah ouais, reality check, les retraitées ont plutôt l'âge qu'aurait ma MÈRE! :P (Ou à peine 5 ans de plus) Ce n'est donc pas trop dur de tisser des liens et de trouver des références communes.

Alain a dit…

Je suis d'accord: lire le texte en groupe permet au ressenti de s'exprimer, tandis que c'est l'analytique qui aura tendance à prendre le dessus si les commentaires s'effectuent après une lecture individuelle.

(Tant que ce n'est pas moi qui décide de lire un texte en mode mauvais feuilleton quétaine. Tu sais très bien de quoi je parle.)

Anonyme a dit…

(Ici Gen en anonyme) @Alain : Oh oui, je sais de quoi tu parles. Ce ton-là ferait sonner n'importe quel texte comme un scénario de mauvais téléroman d'après-midi!!! O.o