mercredi 26 octobre 2016

Culture du viol et éducation des enfants

Ça parle beaucoup, dernièrement, de la culture du viol qui imprègne une partie (horriblement rétrograde) de notre société et qui consiste, en gros, à croire que les filles qui veulent vraiment éviter le viol arrivent à le faire et que certaines femmes mériteraient de se faire violer. Or, j'ai l'impression que le débat a connu certains dérapages.

Un ami me disait dernièrement qu'il ne sait plus comment élever ses deux garçons. Que doit-il leur dire? Ont-ils le droit de regarder les filles? De leur dire qu'elles sont jolies? Ou alors doivent-ils attendre que les filles fassent les premiers pas et/ou se baladent avec des écriteaux proclamant "aujourd'hui vous avez le droit de me cruiser"?

Bon, un moment donné, faut pas exagérer.

Un gars qui sourit à une fille et lui dit qu'elle est jolie ne commet pas une agression. Il vient de lui faire un compliment!

Si le gars n'est pas au goût de la fille ou que le compliment, pour toute autre raison, n'est pas le bienvenu, à elle de lui répondre avec un sourire distrait en passant son chemin ou de l'ignorer ou de détourner les yeux ou de lui adresser un refus poli pour qu'il comprenne qu'elle n'est pas intéressée.

Si, malgré l'absence de réponse positive de la fille à son compliment (ou en présence d'une remarque cinglante, voire d'une grimace de dégoût), le gars insiste, rentre dans son espace personnel, se fait collant ou, pire, essaie de la toucher, là ça devient une agression. Ça devient aussi une agression si la fille répond positivement et que le gars se met tout de suite à la tripoter! Ou alors si le supposé compliment a été hurlé d'un bord à l'autre de la rue avec des termes élégants du genre "Heille, t'en a une crisse de belle paire!".

Bref, je pense que les gars qui savent vivre devraient avoir encore le droit d'aborder les filles de manière polie et respectueuse sans craindre d'être associés à la culture du viol.

L'autre chose, c'est que je lis de plus en plus souvent qu'il faut "apprendre aux gars à ne pas être un danger au lieu d'apprendre aux filles à fuir le danger".

Hum. Oui et non.

Oui, il faut bannir les réponses fatalistes du genre "Boys will be boys" (variante franco-québécoise : "C't'un gars, c'est faitte de même") quand on voit un garçon adopter un comportement inacceptable. Il faut apprendre aux hommes qui ne le savent pas que quand une fille dit "Non, merci", le mot important c'est "non", pas "merci"!

Mais non, je ne pense pas qu'on peut se permettre de ne plus apprendre aux filles à fuir le danger. Il est vrai que toutes les mesures de prudence du monde n'élimineront pas le risque d'agression. Et qu'en cas d'agression, la victime, peu importe les risques qu'elle aura encourus, ne sera pas à blâmer (après tout d'autres femmes auront couru les mêmes risques sans conséquences fâcheuses, puisqu'elles ne seront pas tombées sur un prédateur humain). Cependant, je préfère qu'on continue d'informer les filles sur les mesures de protection à leur disposition et qu'on leur laisse évaluer les risques auxquels elles veulent faire face au lieu de se cacher la tête dans le sable et de clamer qu'une fille devrait "pouvoir se promener nue et saoule dans la rue sans risquer de se faire violer".

J'suis d'accord, elle devrait pouvoir. (Quoique j'aimerais mieux que le nudisme alcolisé ne deviennent pas un phénomène généralisé...)

Cependant, je vais enseigner à ma fille qu'elle ne le peut pas. Et je vais lui montrer à se défendre verbalement, physiquement et émotionnellement en cas d'agression. En croisant les doigts pour que ça suffise.

Mais je vais aussi lui dire de sourire au moins brièvement aux gars qui lui font des compliments. Parce que mon chum m'a appris que les gars respectueux et bien élevés ont souvent besoin de beaucoup de courage pour aborder une fille. Même si on est pas intéressées, ils méritent qu'on les repousse avec gentillesse.

Vous savez, la plupart des gars sont des humains eux aussi.

20 commentaires:

Frédéric Raymond a dit…

J'aime la finale. Et je suis d'accord avec le reste.

(Cette fois, cocher "Je ne suis pas un robot" me fait tout bizarre...)

Gen a dit…

@Fred : Merci, je me demandais comment les gars percevraient ce billet. (Cela dit, je sais qu'il y a des femmes qui vont trouver que j'encourage la culture du viol en prônant l'éducation à la prudence, mais bon... Je préfère la lucidité craintive plutôt que l'optimisme irréaliste).

Vincent a dit…

Honnêtement, je serais complètement ébahis si quelqu'un te disais que de prôner la prudence et la sensibilisation est une mauvaise chose et encourage la "culture du viol". C'est complètement stupide. Éviter et empêcher les agressions, c'est la responsabilité de tout le monde. Faut travailler des deux côtés, éduquer les gars et les filles sur la bonne façon de se comporter, de ce qui est acceptable ou pas, de comment reconnaître une situation malsaine uo dangereuse et comment agir quand ça dérappe.

Vincent a dit…

En fait, pour faire une analogie boîteuse mais qui illustre bien la situation... Imaginons quelqu'un qui se promène avec des grosses liasses d'argent qui dépassent visiblement de ses poches et qui se promène dans des ruelles sombres dans un quartier pauvre. C'est évident que s'il se fait voler il n'est pas responsable du crime. Mais c'est également évident qu'il a prit des gros risques.

Dire que que cette personne devrait pouvoir se promener où elle veut avec ses grosses liasses de fric sous prétexte qu'on enseigne aux gens que c'est mal de voler, c'est vraiment naïf. Peu importe le degré d'éducation / sensibilisation, il y aura toujours des gens qui vont agir et aller contre cette éducation / sensibilisation et les raisons peuvent être nombreuses: opportunité et tentation trop grande, problème mental ou émotionnel, etc. Je vais pas dresser la liste de toutes les raisons.

Donc, la personne avec ses grosses liasses d'argent n'est pas responsable du crime, mais elle s'est placé dans une situation risqué et elle en a payé le prix. Si elle avait adopté un comportement plus prudent, elle n'aurait pas été une cible si évidente/facile, n'aurait probablement pas généré une telle tentation et aurait nettement diminué les chances qu'elle soit volé.

Il y aura toujours des criminels, des fous, des désespérés, des malheureux. Faut pas se voiler la face. Alors prenons les mesures efficaces pour éviter le pire, tout le monde est responsable de diminuer les agressions.

Nomadesse a dit…

Ta chronique est au contraire pleine de nuances, c'est loin d'être celle de Denise Bombardier qui condamne pratiquement les "inconscientes" qui se promènent toutes seules la nuit. Bon. Tsé. J'aurais bien aimé ne pas avoir peur de me revenir de mon cours de soir pendant ma marche de la faculté jusqu'aux résidences de mon université. Mais j'avais peur. J'étais prudente. Et je savais que je courrais un risque plus grand que si j'étais restée chez nous. Et vivre avec cette conscience-là, celle d'être plus menacée que la personne qui possède un pénis et qui finit son cours en même temps que moi, ça m'a servie de rappel: non, le combat pour l'égalité est loin d'être fini bonyenne!

Par rapport aux compliments, je pense que tous les exemples que tu donnes montrent bien à quel point on ne sait tellement pas ce qu'est le respect et qu'on confond tout. Un compliment vs un début d'agression. On s'entend que de se faire siffler en même temps que la tête de l'homme se penche pour tenter d'en voir un peu plus en-dessous de ma jupe, ce n'est pas un compliment, et c'est agressant (surtout que deux rues plus loin, ça peut m'arriver encore). Mais le commis du Couche-tard qui me dit, un peu gêné, qu'il me trouve jolie, ben oui, c'est très gentil (j'ai souri, je l'ai remercié et j'en garde un excellent souvenir). ;)

Bref, le respect, la gentillesse, être attentif, le consentement (c'est drôle, la fille elle ne dit plus rien et semble très mal à l'aise: t'es sûr que ça lui tente encore là?) On mélange et ça montre toute l'étendue de notre éducation (je n'ai jamais appris le consentement, j'ai appris avec le vidéo sur le thé!).

Et ça donne des affaires comme des femmes qui se disent "non-féministes" parce qu'elles disent aimer "les hommes romantiques et galants". Eh ben! Moi aussi bonyenne (juste à voir les romans que j'écris, il me semble que c'est évident!)! Ça n'a rien à voir pantoute!

Nomadesse a dit…

Et pour poursuivre sur le même sujet: la chronique de Geneviève Pettersen m'a beaucoup émue.
http://fr.chatelaine.com/societe/je-vis-les-portes-debarrees/

L'éducation, la conscientisation, mais surtout le respect.

Bisous!

Gen a dit…

@Vincent : Tu serais surpris de ce qui s'écrit ces temps-ci... Des gens ayant fait des analogies semblables au vol d'argent se sont fait taper sur les doigts, sous prétexte que c'est pas pareil... Mais selon moi, la principale différence, c'est que les policiers ne refuseront pas d'enquêter sur un vol ou ne te diront pas "Te rends-tu compte des conséquences si tu portes plainte?" quand tu veux signaler un vol.

@Nomadesse : J'ai pas lu Denise Bombardier (je l'évite depuis les histoires de Charte!). Mais merci de reconnaître mes nuances. :)

Et en effet, les notions de respect et de consentement devraient être apprises à l'école. (Quoique... me semble que "dans mon temps", on avait des cours très clairs là-dessus).

La chronique de Geneviève Pettersen m'a fendu le cœur. Parce que vivre ça à 12 ans, ça te fuck ta perception des choses pour le reste de ta vie. J'veux dire, une adulte sait bien qu'en s'habillant sexy, elle va s'attirer des regards et, malheureusement, probablement quelques commentaires déplacés. Mais une adulte sait (ou devrait savoir) que s'habiller sexy ne justifie pas qu'on l'agresse. À 12 ans, la différence n'est pas aussi facile à comprendre.

Par contre, je me pose une question... Est-ce que c'est vraiment juste une question d'égalité des sexes qui fait qu'on a peur quand on se promène toute seule la nuit? J'veux dire, le gars qui fait 5 pieds et qui pèse 100 livres tout mouillé, lui aussi il a la chienne. Les chances de se faire violer sont moindres, mais il risque de se faire voler, tabasser, etc. Des fois j'ai l'impression qu'à réduire nos vulnérabilités d'humains à nos vulnérabilités de femmes, ça peut rendre les solutions évidentes (plus d'éclairage public, de meilleurs systèmes de transport en commun, plus de patrouilles autour des universités, etc) moins "politiquement payantes", parce que les gens ne se rendent pas compte qu'elles assureraient la sécurité de tous.

Vincent a dit…

J'ai lu la chronique aussi. C'est vraiment horrible ce qui lui ai arrivé. Je suis d'accord que la comparaison avec les poches pleines de fric ou la voiture est boiteuse (je le disais même au début) parce que le point principal est comment est-ce qu'on fait le parallèle? C'est quoi l'équivalent du "char débarré" quand t'es une fille? Y'a pas d'association claire. Mais dans le cas de la chronique, y'a deux choses qui sont évidentes:
1- elle avait douze ans donc on ne peut pas s'attendre à ce qu'elle évalue une situation avec autant de justesse que quelqu'un qui a plus d'expérience de vie
2- elle ne pouvait difficilement se défendre contre un gars de 21 ans
Bref, j'appelle pas ça un cas de "char débarré"...

Cela dit, je n'ai aucune idée de la façon donc Éric Duhaime a fait sa comparaison avec le char débarré. Jai l'impression que Geneviève Pettersen laisse entendre que dans la comparaison du char débarré, toutes les femmes qui se font agressées étaient des "chars débarrés". Comme si toutes les voitures qui sont volées étaient déverrouillées. Ben évidemment que non. oO Je comprends aussi que dans son cas, y'a beaucoup d'émotion, mais je ne trouve pas que la métaphore soit "de marde". L'idée de la métaphore, c'est d'aider à comprendre en transposant. Ça veut pas dire que les femmes sont des objets comme des "chars" ou des "liasses de fric".

Daniel Sernine a dit…

En tout cas, moi j'ai toujours dormi les portes barrées, et j'en ferais autant si j'étais une fille. Le simple bon sens ne devrait pas être un sujet de controverse.
Est-ce qu'on se brime soi-même à ce point en verrouillant sa porte?
Pensons-nous que les deux mecs seraient entrés dans 14 chambres cette nuit-là si les portes avaient été verrouillées?
Duh.

Gen a dit…

@Vincent : Éric Duhaime concluait sa métaphore en disant que si tu laisses tes portes débarrées et que tu te fais voler ton char, ton assureur va te dire que c'est de ta faute et ne voudra pas couvrir. Ok, c'est vrai. Mais les policiers vont enquêter quand même. C'est là que le bat blesse : les policiers (et, surtout, le public), dans les affaires de viol, réagissent comme s'ils étaient des assureurs!

Cela dit, je suis d'accord que les filles réagissent un peu fort à la métaphore. Je comprends que c'est émotif... mais, comme tu dis, c'est une métaphore! (J'aimais mieux la tienne, avec la liasse d'argent dans les poches, parce que, bon, au moins ça ne comparait pas des femmes avec des objets! ;)

@Daniel : Pour avoir passé une nuit dans les résidences de l'Université Laval pendant un Boréal, je faisais tellement pas confiance à la porte et à sa serrure branlante que j'avais coincé une chaise sous la poignée!!!

Cela dit, en effet, si les portes avaient été verrouillées, ou solides, une partie de ces agressions ne seraient pas arrivées. MAIS, c'est pas parce que les filles avaient oublié de barrer leur porte (j'suis parano là-dessus et ça m'est déjà arrivé quand même) que les gars qui les agressent ont raison de l'avoir fait.

Dire "Si les portes avaient été verrouillées, ce serait ptêt pas arrivé", c'est vrai.

Mais dire "Elles avaient juste à barrer leurs portes, elles peuvent pas se plaindre, elles ont couru après", là on glisse vers la culture du viol.

Le problème ces temps-ci, c'est que quand on dit la première affirmation, les gens entendent la seconde.

Daniel Sernine a dit…

En effet, Geneviève, ton avant-dernière phrase, je ne l'ai ni dite ni écrite...
Cela établi, sans connaître les mecs, je serais très surpris qu'ils se seraient promenés avec des haches ou des masses s'ils avaient trouvé toutes les portes verrouillées.
Même des intrusions à coup d'épaule à coup de pied (supposons des serrures pas très costaudes), il n'y en aurait pas eu 14 d'affilée...

Vincent a dit…

Ben là, le coup de l'assureur qui te couvre pas c'est n'importe quoi... Y'a pas grand chose comme business légale qui est plus immoral qu'une compagnie d'assurance. Elle est là pour faire du cash et la façon qu'elle a de faire du cash c'est de protéger officiellement le plus grand nombre de gens possible tout en protégeant officieusement le petit nombre de gens possible. C'est la différence entre les deux qui est payante. C'est la job de l'assureur de trouver n'importe quel prétexte pour ne pas payer. Heureusement, c'est pas les compagnies d'assurances qui mènent le monde: elles ont tout intérêt à ce que les crimes, les catastrophes et les accidents continuent. Sans ces trois éléments clefs, plus besoin d'assurance!
Bref, se comporter comme une compagnie d'assurance, c'est se comporter de façon immorale.

De toute façon, la métaphore sert uniquement à une chose: la prévention. C'est à dire: "essaye ne pas de mettre dans une situation à risque, soit prudent(e)". Une fois le crime commit, l'agression subie, on s'en fout complètement de savoir si la victime était dans une situation à risque ou pas. C'est une victime et l'agresseur ne devrait pas être excusé. L'agresseur devrait être poursuivi et puni dans tous les cas.

Nomadesse a dit…

Oui Geneviève dans ta nuance: "Dire "Si les portes avaient été verrouillées, ce serait ptêt pas arrivé", c'est vrai.
Mais dire "Elles avaient juste à barrer leurs portes, elles peuvent pas se plaindre, elles ont couru après", là on glisse vers la culture du viol."

Mais MAIS n'est-ce pas exactement le discours qui justifie le port du voile et, à l'extrême, de la burqa? Ne dit-on pas que ça permet d'éviter "d'ouvrir la porte", la laissant aux yeux de sa seule famille, et de son mari?

C'est ça qui m'inquiète dans ce reproche. Il me semble qu'il peut mener très loin. Qu'il a déjà mené très loin. Et c'est pourquoi je le refuse et le trouve plus que bancal, inadmissible. Justement parce la police n'est pas un assureur, comme tu le soulignes si bien! Si j'oublie de barrer la porte de ma maison et que je me fais voler mon ordi, la personne qui est entrée pendant mon sommeil est quand même un voleur!

On en vient à menacer des droits basiques il me semble. Parce que l'un est un gars, il peut plus que l'autre qui est une fille. C'est comme plate en 2016, ça. Quand on plaide qu'il faudrait donc faire plus attention que jamais, que les filles étaient inconscientes, etc etc... Je trouve qu'on recule et ça me fait un peu peur. Bref, je vais être cynique, mais je dirais que s'habiller "pudiquement", barrer les portes à double tour et ne plus dormir serait la solution, à mon humble avis. *cynisme* ;)

Oui, le garçon qui ne pèse pas lourd a des risques aussi. Mais on s'entend qu'il a des risques vraiment moins marqués de se faire viser. Parce que tu peux être petit, mais tu as les muscles d'un gars. Mon chum n'est pas grand, mais ce serait mal avisé de l'attaquer je pense.
Si on prend ta proposition et on l'inverse: une fille grande et musclée ne sera pas tellement plus en sécurité que la petite. Et c'est là qu'on voit que c'est une différence genrée très importante. Mais bon, je suis pour la sécurité de tous, évidemment. Ce qui peut servir aux filles servira le petit homme aussi! ;)

Nomadesse a dit…

"C'est ça qui m'inquiète dans ce reproche." (ce reproche général sociétal, pas ta chronique, je précise)

Vincent a dit…

@Nomadesse: Personnellement, dire à quelqu'un (ou quelqu'une) qu'il vaut mieux être prudent, je ne pense pas que c'est un recul. Par contre, je tiens à spécifier que peu importe comment une fille est habillée, je ne pense pas que ce soit un risque / une provocation. (à moins qu'elle se promène littéralement avec une pancarte marquée "violez moi svp", mais là c'est un extrême).

Agir prudemment c'est être en groupe avec des gens en qui on a confiance, dans des endroits passants et éclairés, avoir l'air sûr de soi, verrouiller ses portes, etc. À la limite, la seule chose que je considèrerais très prudent côté vestimentaire, c'est une tenue qui ne nuit ni déplacement ni au champ de vision et des souliers de course! :p Sérieusement, ce sont des consignes de sécurité qui sont aussi valables pour les filles que pour les gars. Alors je pense que la burka, etc, c'est un discours extrême.

Gen a dit…

@Nomadesse : Oui, c'est vrai, le discours de "prudence" est parfois utilisé pour justifier la burka (et autres voiles). Mais comme tu l'illustres, il y a la prudence de base (Ne pas rentrer seule si on peut l'éviter) et la prudence exagérée qui devient une brimade (Ne plus sortir). Je pense qu'on peut prôner la prudence de base sans tomber dans l'exagération.

Et sans blâmer la personne qui, de temps en temps, oublie (ou ignore) une mesure de prudence. Après tout, ne pas être constamment vigilant, c'est pas un crime!

Et c'est pour ça que dans mon billet je parlais "d'informer sur les risques et les mesures de prévention". Dans la vie, je crois qu'on est toujours en train de gérer des risques. En tant que fille, c'est vrai, on en cours plus que les gars.

C'est dommage, mais c'est de même pour le moment. Oui, c'est plate "en 2016". Mais on a fait du chemin, malgré les gens qui disent qu'on doit être "plus prudentes que jamais". Non, on doit pas être plus prudentes. On doit juste commencer à dénoncer davantage les agressions. Pour qu'en 2036, on n'ait plus à être plus vigilantes que les gars.

(Cela dit, je pense que c'est un rêve irréaliste, parce qu'on sera toujours moins musclées que les gars et donc toujours plus facile à agresser pour les désaxés de ce monde).

@Vincent : Je pense aussi que la prudence est toujours un bon conseil et que non, c'est pas un recul (recul par rapport à quoi? nos grand-mères ne sortaient pas le soir, alors encore moins seules!)... Mais bon, je portais toujours des souliers plats quand je devais revenir seule de l'université le soir, alors... ;)

Une femme libre a dit…

Wow! Je te trouve courageuse de te mouiller à donner ton opinion sur un sujet d'actualité qui déclenche les passions!

Pour ce qui est de la prudence... bon, on imagine que le danger rôde dans la nuit et que la femme qui ose s'y aventurer seule et court vêtue court à sa perte.

Or, 7 victimes sur 10 sont agressées dans une résidence privée et 8 victimes sur 10 connaissent leur agresseur.

Deux victimes sur trois ont moins de dix-huit ans et une femme sur trois de plus de 16 ans a subi au moins une agression sexuelle dans sa vie.

Ces statistiques sont faciles à trouver sur le site de la santé publique du Québec.

On peut faire quoi?

En parler, en parler beaucoup. C'est ce qu' on est en train de faire et c'est très bien.

Gen a dit…

@Femme libre : Je trouve important d'en parler, surtout parce que mon opinion n'est pas exactement celle qu'on entend le plus ces temps-ci.

Et les statistiques ne m'étonnent malheureusement pas (je les avais déjà vues).

La situation propice à l'agression, c'est l'isolement de la cible. Et bien des gens ne semblent pas se rendre compte qu'on est beaucoup plus isolé quand on accepte d'entrer dans la demeure de quelqu'un que quand on est au milieu d'une rue. On est également beaucoup plus vulnérable quand on fait une confiance démesurée à la personne qui nous accompagne.

La mesure de prudence pour contrer ces statistiques, c'est simplement de continuer à faire ce qu'on fait depuis des jours : il faut en parler. Il faut que les enfants sachent, dès leur plus jeune âge, c'est quoi une agression, que ce n'est pas banal, que ce n'est jamais de leur faute et qu'il faut qu'ils dénoncent leur agresseur.

En éduquant les filles autant que les garçons, on va se rendre quelque part!

Nomadesse a dit…

Je suis d'accord avec Femme libre: le hic, c'est ce que ce discours sur la prudence ne s'applique qu'à une minorité de cas de viols et d'agressions, car la plupart concerne quelqu'un qu'on connaît et qui semblait bien gentil à la base...

Gen a dit…

@Nomadesse : Comme je disais à Femme libre, le simple fait de parler des agressions, d'informer les filles, fait aussi partie de la prudence. Mais sinon, en effet, les "mesures de prudence" dont on entend parler le plus ne sont pas toujours utiles. Et c'est pour ça que je disais dans le billet que malgré toutes les mesures de prudence prises, ou pas, la victime n'est jamais à blâmer.