Récemment, en lisant un roman de littérature blanche, j'ai éprouvé un curieux sentiment d'absence.
Comme si, dans cette œuvre réaliste et stylée, il "manquait une couche" de créativité.
L'écriture était magnifique, les personnages étaient vrais, leurs drames étaient prenant, il y avait de la tension, mais...
Mais où était l'aventure? L'intrigue policière? La reconstruction historique dépaysante? L'arrière-monde original? Les interrogations profondes mises en lumière par le contexte inhabituel, le surnaturel ou la super-science?
C'est alors que j'ai compris ce qui explique mon attirance envers les littératures de genre (et certains romans historiques) : pour moi, un bon roman de genre contient tous les éléments d'une bonne œuvre de littérature blanche... avec une couche de créativité en plus.
Sans cette dose supplémentaire d'invention, j'ai tendance à trouver les histoires, écrites ou télévisées, un peu fades. Une mère qui éprouve des problèmes relationnels avec son adolescent, c'est pas que ça ne m'intéresse pas, mais si en plus ladite maman doit poursuivre des criminels ou s'accoster à la station spatiale, là j'aurai moins l'impression d'écouter les jérémiades de mes anciennes collègues de bureau.
Est-ce que je suis la seule à éprouver cette impression de manque devant des œuvres de littérature générale, même celles qui ont été acclamées?
10 commentaires:
C'est certain que je n'aurais pas apprécié autant "Nouvelle adresse" si Macha Grenon n'y avait pas été en phase terminale. Cette fin dramatique teintait tout le récit qui aurait été pas mal plus ordinaire sans cette issue fatale. La preuve en est que l'émission a tenté de perdurer après sa mort, sans réussir à maintenir l'intérêt des spectateurs.
J'aime aussi cependant les délicates nouvelles d'Alice Munro, qui décrit admirablement le quotidien et rien d'autre. Une dentelle littéraire remarquable.
@Femme libre : Je n'ai pas vu "Nouvelle adresse", mais en effet, ça me semble le genre de "couche" supplémentaire qui m'aurait plu.
Et pour Alice Munro, malgré son écriture magnifique, si je ne la lis pas à petites doses, un moment donné je me lasse. C'est bien beau le quotidien, mais c'est... quotidien! :p
Dis-toi, Geneviève, que quand Éliane sera propre, les couches te manqueront à toi aussi... :O/
@Daniel : Lolol! Je me disais que quelqu'un ferait un jeu de mots avec couche. :p Mais non, je ne pense pas qu'un parent se soit déjà ennuyé des couches (enfin, une fois la propreté installée, hein, parce que la transition entre les deux, c'est... euh... merdique! lololololol!)
Tellement d'accord avec toi! Bon, il y a quelques romans "blancs" qui ont su me plaire, mais il manque souvent cette "couche", cette transposition qui en fait une oeuvre qui vient me chercher. Et une histoire sans cette couche supplémentaire va souvent laisser un souvenir très périssable chez moi.
Je suis comme toi, Gen, la littérature blanche m'ennuie assez rapidement! S'il n'y a pas de genre de dans... Bof, ça va pour un temps, et puis je retourne assez vite aux littératures de l'imaginaire! (Pour le policier, c'est triste, mais il y a souvent une trop grosse dose de quotidien là-dedans... Faut que ce soit vraiment bon pour que j'accroche!)
Blanche ou noire ou fleur bleu, à ce que je vois, je dirais qu'il vous faut de l'action.
Pas juste du psychologique, pas seulement de la philosophie, pas juste des beaux mots. De l'action.
@Caro : Oui, c'est ça pour moi aussi : le souvenir des trucs "blancs" est souvent périssable.
@Isa : Le policier, j'accroche surtout quand il est bien noir, parce qu'arrivé à un point de noirceur, on dirait que ça se passe dans un univers parallèle!
@ClaudeL : Non, pas nécessairement de l'action. Mais il faut que l'histoire dépasse les personnages, qu'il se passe, autour d'eux, quelque chose de plus grand qu'eux. Qu'il nous amène ailleurs.
J'ai souvent le même sentiment, et j'ai fini par le résumé par le fait que :"la réalité m'intéresse très peu". Il y a toutes sortes de lecteurs et de spectateurs. J'imagine que certains aime voir un reflet de leur vie normale, ce qui leur permet de l'analyser, de comparer, de vivre à fond l'effet miroir. Je suis comme toi: cette réalité m'ennuie!
@Annie : Je ne dirais pas que la réalité m'intéresse peu, mais la mienne (ou celle de mes voisins), en effet, elle m'ennuie. Il faut une réalité qui me dépayse et me désoriente pour retenir mon intérêt.
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