Dans "Écrivain, mémoire d'un métier", Stephen King dit que vous devriez être capable de résumer l'essence de votre texte en une seule phrase.
À l'époque où j'ai lu ça, ça m'avait semblé niaiseux. N'importe qui peut, avec un peu d'esprit de synthèse, résumer n'importe quel texte en une seule phrase! (Vous parlez à une fille qui a fait un nombre incalculable de fiches de lecture durant ses études universitaires, d'où ma vision un peu biaisée).
Mais depuis que j'ai commencé à donner des ateliers d'écriture et à faire un peu de direction littéraire, j'ai compris la sagesse de ce conseil.
Premièrement, je fais désormais la différence entre "le texte" et "l'essence du texte". Résumer le texte, c'est résumer les actions qui s'y retrouvent. Cerner l'essence du texte, c'est mettre le doigt sur ce qui dépasse le particulier du texte et permet, en faisant appel à des émotions plus généralement partagées, de toucher le lecteur (bref, ce sont les conflits intérieurs ou les évolutions des personnages). Le problème? Cette essence n'est pas toujours présente. Ou à tout le moins, pas toujours visible.
Dernièrement, j'ai donc acquis un nouveau réflexe quand je lis un texte. Celui de demander à l'auteur : "Qu'est-ce tu me racontes exactement avec cette histoire? Dis-moi ça en une phrase."
(Excusez la taille du cliché dans l'exemple qui suit).
Et là, si l'auteur se perd en détails, en description de la quête des huit parties de l'épée des héros de jadis, j'essaie de le remettre sur les rails. "Ok, mais qu'est-ce qui motive les personnages, quel est l'enjeu?"
Encore là, l'auteur risque de s'égarer, de me raconter les motifs de l'un, qui a perdu ses parents, de l'autre qui veut marier la princesse... Des raisons extérieures, particulières à chacun. Je ne lâche pas mon bout, je veux une réponse vaste, englobante.
Quand l'auteur finit par balbutier "C'est l'histoire de quatre personnages qui partent en quête d'une épée capable de sauver leur monde et qui découvrent, en cours de route, que ce n'est pas l'épée qui permettra le sauvetage, mais plutôt leur capacité à s'entraider", là, enfin, on tient le bon filon.
Le bon filon pour quoi? Pour la réécriture!
Une fois qu'on a réussi à résumer en une seule phrase l'essence du texte, je crois qu'on peut réécrire beaucoup plus efficacement. La phrase-résumé devient le guide qui permet repérer ce qui est important ou pas, ce qu'on doit mettre en lumière et ce qu'on doit cacher.
Enfin, à date c'est la méthode que j'applique. Qu'est-ce que vous en pensez?
6 commentaires:
J'en pense que c'est un autre de tes billets de blogue que je vais copier/coller dans Word (avec la référence bien sûr), et me mettre dans mon super cartable de notes. Décidément, tu n'as pas fini de m'inspirer, ma chère! :D
Je vais voir comment ça s'applique à certains de mes projets, cette méthode-là... Question de voir ce que ça donne! :)
On peut tellement résumé de trucs en saisissant l'essence d'un texte. On se rend alors compte que les grandes histoires se ressemblent toutes au fond, mais que c'est la forme pour la présenter qui est infiniment variable.
@Isa : Merci, c'est gentil! :) Dans le fond, j'ai juste l'impression qu'en préparant mes ateliers, je systématise peu à peu ma méthode.
@Prospéryne : Ouaip, tout a été écrit. Mais y'a une raison pour laquelle on aime les lire à nouveau, sous de nouveaux habits.
Et quelle est cette raison? :P
@Prospéryne : Ben parce que ces histoires résonnent quand même en nous, parce que l'élément "émotion humaine" nous rejoint.
Tellement d'accord! :D
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