lundi 18 janvier 2016

Le problème avec le steampunk

Le steampunk est en train de revenir à la mode. C'est super le fun! J'adore l'idée derrière ce genre, qui mélange l'ambiance de la Révolution industrielle avec un genre de pseudo-science-fiction plus ou moins magique. Sauf que...

Sauf que j'ai l'impression que c'est pas facile d'écrire du bon steampunk.

Voyez vous, j'ai l'impression que le problème avec le steampunk (et les autres genres disons para-historiques, dont le plus connu est le médiéval-fantastique), c'est que vous devez déplacer votre lecteur de, disons, deux degrés de réalité.

Premier degré : vous l'amenez dans une Révolution industrielle fictive (ou un Moyen-Âge fictif).

Deuxième degré : vous rajoutez l'élément pseudo-scientifique du steampunk (ou la magie de la fantasy).

Cela signifique que, mine de rien, vous devez placer DEUX arrières-mondes.

En steampunk, si votre Révolution industrielle n'est pas assez présente, le lecteur, distrait par vos super bateaux volants à vapeur qui permettent de traverser l'Atlantique en une journée, s'étonnera et décrochera du texte lorsque vous mentionnerez l'absence de toilettes ou les femmes en corset.

Au contraire, si votre pseudo-science n'est pas assez présente, le lecteur aura l'impression de lire un roman historique et pensera que vous sortez un lapin de votre chapeau lorsque l'élément steampunk viendra dénouer un problème de l'intrigue.

Peut-être que c'est l'historienne en moi qui parle, mais j'ai souvent l'impression que les écrivains de steampunk ont de la misère avec le premier de ces deux éléments. Les lois et les coutumes de la fin du dix-neuvième siècle modelaient des rapports sociaux très différents de ceux d'aujourd'hui. Je comprends qu'un écrivain puisse décider d'évacuer disons le sexisme ou le racisme ambiant de l'époque, mais il devrait au moins conserver quelques éléments historiques, par exemple le régime de droit préférentiel appliqué aux nobles ou alors les dérives du capitalisme sauvage. Parce que ce sont ces éléments (notamment l'absence totale de lois du travail) qui ont permis, dans la réalité, des avancées techniques époustouflantes (pour l'époque, entk) et qui permettraient, dans une réalité alternative, de pousser encore davantage les inventions.

Si on évacue totalement le contexte historique réel de l'époque on n'écrit pas, à mon sens, un roman steampunk, mais un truc de science-fantasy avec des costumes cool.

Qu'est-ce que vous en dites?

7 commentaires:

Isabelle Lauzon a dit…

J'en dis qu'il serait temps, coudonc, que tu nous pondes une bonne histoire de steampunk bien faite... ;)

Parce qu'en effet, il y a parfois certains problèmes avec le steampunk, qui font que j'accroche plus ou moins à ce sous-genre. Ce que tu en dis dans ton billet m'aide à comprendre d'où ont pu venir mes problèmes avec certaines histoires... Ou alors, je n'aime peut-être juste pas ça? (je m'interroge encore)

Tsé, si tu as réussi à me faire aimer une histoire dans laquelle un bébé est mort de façon épouvantable, je n'ai aucun doute : si quelqu'un peut me faire aimer le steampunk, c'est bien toi! ;)

Nomadesse a dit…

Je suis bien d'accord avec Isabelle là-dessus. J'attends ton histoire! :)

Annie Bacon a dit…

Hihihi! Ça prend bien une historienne pour être aussi puriste! Personnellement, je n'ai rien contre l'idée d'une "science-fantasy avec des costumes cool"! L'importance, c'est que le monde soit cohérant avec lui-même, pas nécessairement avec l'Histoire.

Gen a dit…

@Isa et Nomadesse: Euh, c'est pas vraiment dans mes projets (la Révolution industrielle, c'est un peu loin de mon Antiquité chérie), mais je gharde en tête votre enthousiame! ;)

Gen a dit…

@Annie : Je sais, je sais, j'ai une déformation professionnelle! ;P Oui, en effet, la cohérence interne est la plus importante, mais des fois ça grince là aussi... Et la science-fantasy en costumes cool ça me va si on essaie pas de la faire passer pour du steampunk.

Guillaume Voisine a dit…

Outre la balance novum / crédibilité historique (qu'on retrouve aussi, sous une autre forme, dans l'uchronie), il y a au moins une autre manière de se planter avec le steampunk : quand la technologie présentée ne fonctionne juste pas, narrativement et esthétiquement parlant.

Je suis en train de lire un roman steampunk justement, et au détour d'une scène, le récit présente une invention SF. L'effet recherché était probablement un genre de sense of wonder. Ma réaction a plutôt été: "Voyons, c'est ben cave ça!" J'ai été un peu choqué par le fait que la technologie présentée détonnait avec l'atmosphère de la Révolution industrielle (c'est clairement un game changer culturel, et ça devrait être bien plus présent dans le récit), oui, mais surtout par le fait que la technologie en question était juste... n'importe quoi?

Bon, je sais que c'est plate de dire ça sans donner de détails, mais... on s'en reparlera après la parution de Brins 44 ;)

Gen a dit…

En effet, quand les inventions détonnent trop (parce qu'elles ont pas rapport ou parce qu'elles devraient influencer l'arrière-monde si l'auteur avait bien fait sa job), ça ne marche pas non plus.

Il y a des auteurs qui semblent penser que l'aspect parfois farfelu du steampunk les dédouane de toute crédibilité.

J'ai hâte d'avoir les détails sur ce cas précis! ;)