Comme d'habitude, je vous le dis d'entrée de jeu : je donne des conseils d'écriture des fois, mais ça veut pas dire que j'ai la science infuse. Bon, avertissement d'usage donné, aujourd'hui je vais parler des descriptions.
Là vous pensez déjà "Mais pour qui elle se prend? Elle en fait pas de description! Dans tout Hanaken, si on a deux lignes utilisées pour décrire un lieu, on est déjà chanceux".
Ben ouais, dans le domaine de la description, mon approche est plutôt minimaliste. C'est pas ma faute : à force de lire de la fantasy post-Tolkienienne, j'ai été échaudée. Parce que ces bouquins présentaient une constante : des descriptions interminables et touffues, remplies de tellement de détails qu'après quelques lignes mon cerveau me criait "Stop! C'est trop d'informations! Je n'arrive pas à m'imaginer la scène, parce que même si je l'avais sous les yeux, je ne remarquerais pas tout ça!".
Et c'est ce cri d'alarme de mes neurones qui m'a donné l'idée, quand j'ai commencé à écrire, de me livrer à un exercice, que j'ai surnommé "l'exercice du coup d'œil".
Essentiellement, l'idée est simple. Vous demandez à quelqu'un, après avoir vu un film ou après que cette personne vous ait montré des photos, de vous poser des questions comme "Décris-moi la robe de telle actrice dans telle scène" ou "Décris-moi le décor de telle photo".
(Vous pouvez aussi essayer de faire l'exercice par vous-même : contemplez une image que vous n'aviez jamais vu auparavant pendant quelque seconde, cachez-la, puis décrivez-la rapidement. Attention, pas de triche!)
Comme vous ne saviez pas à quoi vous attarder, vous aller commencer par bredouiller, puis vous allez sortir quelques adjectifs "Euh, la robe était courte et noire... ou foncée" ou alors "Le décor était en vieille pierre, y'avait pas aussi un chien blanc à l'arrière-plan?". Et voilà, deux ou trois caractéristiques, c'est le maximum que votre cerveau a retenu, en un coup d'œil, à propos d'un élément plus ou moins significatif.
Tant qu'à moi, cela veut dire que lorsque vous écrivez un texte, vous ne devriez pas donner plus de deux ou trois caractéristiques à propos des vêtements, objets ou décors plus ou moins signifiants. Si vous choisissez bien vos mots, cela devrait suffire à créer une impression ou une ambiance forte. Votre lecteur aura l'impression que son œil "glisse" naturellement sur les éléments évoqués.
Et lorsque vous voudrez mettre en lumière un élément significatif pour votre histoire, une description un brin plus longue suffira à attirer l'attention du lecteur (ou à "arrêter son regard").
Maintenant, bon, ce sont mes trucs à moi ça. Élisabeth Vonarburg me dirait sans doute que je n'apprécie pas les longues descriptions à cause de mon déficit d'attention générationnel causé par l'usage abusif d'Internet, mais j'suis sans doute pas la seule dans ce cas-là!
Oh et si vous voulez vous livrer à des comparaisons amusantes, faites faire l'exercice du coup d'œil simultanément à un gars et à une fille. Vous verrez que les deux sexes ne retiennent pas toujours les mêmes informations (surtout au sujet des vêtements).
12 commentaires:
Merci pour l'exercice. Moi non plus je n'aime pas les longue description à ne plus finir. Je sais très bien qu'un de mes blocages d'écriture est les descriptions.
@Gaby : Ça me fait plaisir! :) Pour les descriptions, tant qu'à moi moins vaut mieux que trop. Mais je sais que c'est une question de goût.
Haha, j'aurais l'exact même commentaire venant de la Grande Dame (et elle aurait bien raison, malheureusement). La lectrice en moi espère que tout le monde va suivre ton conseil! ;)
@myr_heille : Je reconnais qu'une longue description bien faite peut ajouter beaucoup à l'histoire, mais disons que des fois on sent que l'auteur avait juste envie de décrire la maison de ses rêves ou le linge qu'il aimerait avoir ou la fille avec laquelle il voudrait coucher et ça, ça m'énarve!!!
"It was a dark and stormy night."
@Joe : Je parlerai des clichés un moment donné! ;) (mais pour celui-là, au moins en deux qualificatifs, il est expédié vite! ;)
Et puis, une courte description, ça permet aussi au lecteur de s'imaginer la suite, si ça lui plaît. Il dessine ainsi l'image dans sa tête. Je fais beaucoup confiance au lecteur, quant à moi. Je suis plus dans l'action que la description!
Je trouve aussi que ça laisse de la place au lecteur pour ajouter les détails qu'il aimerait, pour piger dans son vécu. :)
J'ai poussé ça jusqu'à ne pas nommer ce fameux parc qui prend tant de place dans toute la première partie de la Pomme de Justine. Moi j'avais une idée où je le situais (je m'inspirais de mon vécu, comme tu dis). Et ça m'amuse infiniment de demander aux gens où ils se sont vus: on me nomme toutes sortes de place au Québec! Fascinant!
Ah, je m'étais justement dit que tu ne l'avais pas nommé pour laisser les gens le situer où ils voulaient. Je trouvais ça bien! :)
Le trajet de métro est magique pour ça. Et il m'a permis de me rendre compte de ma lacune principale: le vocabulaire. Il y a les lieux communs, mais aussi des mots spécifiques à certaines parties d'anatomie - un nez en pied de chaudron, ça semble assez laid - qui nous permettent de varier et de préciser la descriptions en limitant le nombre de mots.
@Josée : En effet, il y a des mots spécifiques et ça vaut la peine de les apprendre. Par contre, faut faire attention à ne pas tomber dans le tellement spécifique que les lecteurs comprendront pas. "Légèrement prognate", pour moi c'est limpide, mais si mon lecteur a jamais fait de cours d'anthropologie, de paléontologie et/ou pas écouté suffisamment de "Bones", il n'aura aucune image mentale de mon personnage. ;)
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