lundi 9 septembre 2013

Le thème, ce fil essentiel

Plus j'écris, plus j'améliore ma manière de bâtir mes histoires et plus j'affine ma compréhension de mes propres mécanismes de réflexion. (Ce qui pousse sans doute certains d'entre vous à vous dire que je me pose trop de question! lol! ;)

Au début, je créais un univers, dans lequel évoluait des personnages, occupés à certaines actions.

Ensuite, j'ai constaté que mes histoires devenaient beaucoup plus intéressantes (et plus faciles à publier) si les personnages, en plus d'accomplir certains actions visant à résoudre un problème, externe à eux-mêmes, se retrouvaient à devoir affronter des dilemmes psychologiques.

Cependant, en écrivant le premier Hanaken, un moment donné, vers le premier tiers de l'écriture du manuscrit, j'ai constaté qu'il manquait encore quelque chose dans mon récit. J'avais des personnages, tous occupés avec leurs dilemmes et leurs problèmes, qui cheminaient, grosso modo, vers la résolution des intrigues. C'était cohérent, certes, mais rien n'empêchait le lecteur, à un moment où à un autre, de se dire "Qu'est-ce que j'en ai à foutre moi de ces personnages et de leurs problèmes?".

Avec les nouvelles, je n'avais jamais eu à considérer cette difficulté. Parce que la nouvelle, si elle est bien conçue, devrait débouler tellement vite (ou soulever tellement d'éléments intrigants) que le lecteur se rendra normalement jusqu'à la fin. Mais avec le roman, c'était moins facile de garder le rythme, surtout que j'écrivais une histoire qui ne se prêtait pas à la recette des suspenses systématiques de fin de chapitre.

Il me fallait donc un élément sous-jacent à mon histoire. Un thème qui relierait ensemble tous les morceaux disparates de l'intrigue, tous les questionnements individuels des personnages, un élément qui créerait un lien entre le lecteur et les personnages, quelque chose d'universel, qui ne dépendait ni de l'époque du récit, ni de l'histoire particulière des personnages et qui pousserait le lecteur à se demander "Et moi, dans leur situation, j'aurais fait quoi?" ou tout simplement à se dire "Ah oui, pauvre personnage, comme je le comprends" et qui, donc, le garderait accroché plus longtemps aux pages du livre, dans l'espoir de voir si les personnages, eux, réagiraient comme lui. (Enfin, c'est l'idée, hein, je dis pas que ça marche!)

Bref, je cherchais la réponse que je pourrais donner, sans avoir à résumer l'histoire, si on me demandait : "Ton roman, il parle de quoi?".

Pour Hanaken I, ce thème s'est finalement révélé être celui de la famille. La famille qu'on aime, la famille qui nous pousse en avant, la famille qu'on renie, celle qu'on protège, etc. Après l'avoir trouvé, j'ai repris le premier tiers de mon manuscrit et j'ai, par-ci par-là, disséminé de petites réflexions, quelques touches de questionnement, des gestes qui définissaient les personnages par rapport à la question de la famille. J'ai été délicate dans l'utilisation du procédé, parce que je voulais pas avoir l'air d'écrire une histoire "à message". En fait, je ne sais même pas si c'est apparent pour le lecteur dans la version finale, mais je sais que ça m'a guidée dans mon écriture et que ça m'a donné l'impression que j'allais quelque part.

Le thème d'Hanaken II, je l'ai constaté encore une fois alors que j'étais rendue à peu près au tiers de l'histoire, ce serait celui de la confiance. La confiance en soi, la confiance qu'on accorde aux autres, qu'on leur retire, la confiance qu'on trahit. Quand j'ai trouvé le thème, j'ai constaté à quel point il devait être inconsciemment présent dans ma tête lorsque je construisais mon intrigue puisque, une fois identifié, je n'avais absolument pas besoin de "forcer" l'écriture pour qu'il devienne apparent. Non, c'était plutôt comme si je trouvais finalement un interrupteur et que, en l'actionnant, je jetais sur toutes mes scènes l'éclairage qu'elles devaient recevoir. (J'espère que ça sonne pas trop métaphysique.)

Là, depuis le début d'Hanaken III, je galérais. J'avais l'impression que mon histoire n'allait nulle part, que rien ne rattachait mes scènes les unes aux autres, que rien ne donnerait envie à mon lecteur d'en savoir plus, de continuer sa lecture. (La routine habituelle, quoi!)

Et puis, cette semaine, alors que je rentrais du boulot, le thème m'est apparu. Tous les aspects de mon histoire parlent de la même chose. Et l'histoire elle-même se dirige vers une finale qui y sera reliée. Le thème est simple, c'est...

...

Ben là, vous le saurez quand le bouquin sera publié! lol! ;)

15 commentaires:

Prospéryne a dit…

Cruelle!!!!!!!! Tu nous dit pas c'est quoi!

Vincent a dit…

Ah ben là! T'as le don de nous intéresser. :)

Isabelle Simard a dit…

Zut... moi qui pensais que nous aurions droit à quelques infos croustillantes.

Gen a dit…

@Prospéryne : Je peux pas, si vous le lisiez avec le thème en tête, ça vous vendrait des punch.

@Vincent : Lol, j'suis pas pire, hein? ;)


@Isabelle : Héhéhé, plus tard peut-être! ;) (Donnez-moi une chance : j'en ai juste écrit le tiers! lol!)

Hélène a dit…

Très intéressant Gen. À la lecture du premier tome, la choix que devait faire Yukié à la fin est déchirant, tant son conflit est imbriqué dans le récit. Très bien mené. Et tu me fais réfléchir sur les "recettes"- même si elles n'ont pas réponse à tout, elles évitent tout de même certains pièges et omissions chez les débutants. C'est long parfois de trouver le déclic qui relie tous les morceaux de l'histoire. Hâte de lire la suite.

Gen a dit…

@Hélène : Je ne crois pas vraiment aux recettes, mais les ateliers d'Élisabeth m'ont amenée à réfléchir et à décortiquer mes récits déjà écrits. J'analyse ceux qui marchent (qu'on a publié et qui ont reçu des bons commentaires), ceux qui marchent moins, j'étudie les notes que je prends pendant que je travaille sur l'histoire...

Et à la longue, des schémas émergent, qui forment ma recette personnelle. Je la partage avec vous, mais je sais pas dans quelle mesure elle sera applicable.

Comme tu dis : ça peut servir au début.

Claude Lamarche a dit…

Merci de partager tes réflexions, ce qui nous faire retourner à nos propres histoires. Ai-je un thème, moi?

Gen a dit…

@ClaudeL : Je sais pas, je t'ai pas analysée. Et, dans une certaine mesure, je pense qu'il y a juste toi qui le fait. En un mot, Les têtes rousses, pour toi ça parle de quoi?

Philippe-Aubert Côté a dit…

Je seconde Prospéryne: vilaine!!! :-)

(Tentative de négociation) Et si tu faisais un petit concours avec indices pour qu'on devine le thème? ;-) (un gars s'essaie :-))

Blague à part, ça me rappelle notre échange l'autre jour sur Dumézil et les archétypes : partir d'un thème pour écrire peut artificialiser le récit mais en chercher un en cours de route peut débloquer l'écriture.

Bon, maintenant, quand est-ce qu'on va pouvoir lire ce troisième tome? ;-)

Gen a dit…

@Phil : Je vous dirai le thème de vive voix prochaine fois que je vous verrai. Mais là si je l'écris ça va provoquer des discussions je pense...

En effet, c'est suite à notre échange (et à ma découverte du thème d'Hanaken III) que j'ai décidé d'écrire ce billet. J'pense en effet qu'utiliser les archétypes et thèmes, s'analyser soi-même, un moment donné ça aide à avancer.

Pour ce qui est de "quand est-ce qu'on va pouvoir le lire" euh... D'ici 2015? Non, sans blague, je sais que je suis affreusement lente pour écrire ce tome, mais me semble que les contretemps me pleuvent dessus.

Et puis, je veux bien faire les tomes : c'est le dernier tome. Rien de pire qu'un dernier tome de série bâclé. On en perd tout le goût de recommander la série!

Isabelle Lauzon a dit…

Pwahahaha! Elle nous explique tout ça et nous laisse en plan à la toute fin... Agace! ;)

Gen a dit…

@Isa : Lol! ;) Allez, ne te plains pas trop fort : tu vas le lire avant tout le monde!

Nomadesse a dit…

Étonnamment, ce que tu nommes là en dit beaucoup sur toi aussi. C'est pourquoi je trouve ce genre de réflexions sur sa propre écriture tellement intéressantes: on en apprend autant sur les "techniques" que sur nos propres valeurs!

Isabelle Lauzon a dit…

Héhé! Je sais... En plus, moi, je sais de quel thème tu parles pour le tome 3... Mais je ne parlerai pas, même sous la torture! ;)

Gen a dit…

@Nomadesse : Bien sûr que ça en dit sur moi! :D C'est parce que le thème me parle que ça donne, pour moi, un sens à ce que j'écris.

J'aime effectivement beaucoup les découvertes qu'on fait sur soi via l'analyse de notre démarche d'écriture. C'est comme une thérapie gratuite et auto-administrée! ;)

@Isa : Chuttt! ;)