lundi 26 mars 2012

Ado qui ne veut pas travailler

Une collègue découragée me confiait que son adolescent de 16 ans refuse d'essayer de se trouver un boulot d'été. Étonnée, parce que je me rappelle très bien à quel point j'étais heureuse de pouvoir commencer à gagner de l'argent au même âge, j'ai commencé à lui poser quelques questions.

Son fils a-t-il un cellulaire payé par papa et maman? Ah oui, son père lui a payé un Iphone. Avec contrat pour accès internet.

A-t-il tout l'argent qu'il veut pour s'acheter des vêtements? Il est pas très préoccupé par ses vêtements, alors oui.

A-t-il de l'argent de poche? Oui, mais pas beaucoup, dit-elle.

Ces trois question m'ont suffi pour que j'en vienne à une conclusion simple : son fils ne veut pas se trouver une job parce qu'il n'a pas de motivation à le faire! Pourquoi se faire suer à travailler quand tous ses besoins sont comblés?

La collègue s'est récriée : non, non, elle ne paie pas grand chose à son ado et son père non plus. J'avais juste posé les mauvaises questions.

J'ai laissé tomber le sujet, mais disons que j'étais sceptique. De fait, trois jours plus tard, je l'ai entendue parler du fait que son fils faisait du ski alpin à tous les hivers, ce qui lui coûtait une fortune en équipement et en cours, qu'elle lui payait ses cours de conduite, que son père lui avait acheté un ordinateur... Et que c'était donc dommage qu'il soit si peu travaillant!

Mouais...

12 commentaires:

idmuse a dit…

Je partage ton avis à 100%

Isabelle Lauzon a dit…

Mouais... Effectivement, il n'a pas tellement besoin d'être motivé, ses parents se chargent de tout...

C'est pour ça que je dis souvent à mon chum qu'il vaut mieux ne jamais gagner un gros montant à la loterie. Tu imagines un peu, à quel point on les gâterait, nos enfants? On aurait les moyens... mais ce ne serait pas nécessairement une bonne idée. Quel serait leur but? Leur motivation à suivre des études, à se trouver un métier?

Quand tu sais que tes parents vont toujours être là pour te ramasser, tu peux t'asseoir sur tes lauriers, c'est pas grave... :(

Ben, c'était pas comme ça "dans mon temps" en tout cas! ;)

Prospéryne a dit…

Oups, voilà une maman qui a besoin de regarder un peu son propre comportement avant de critiquer celui de son fils... Parfois de se regarder dans le miroir aide beaucoup!

Philippe-Aubert Côté a dit…

Cette anecdote me rappelle ce qu'une collègue me racontait l'autre fois au sujet d'une étude sur les écoles secondaires privées -- elle m'a montré l'article parlant de l'étude (pas d'inquiétude, il y a un rapport avec ce que vous venez de dire :-))

L'étude en question visait à vérifier l'affirmation selon laquelle si les écoles privées produisaient des étudiants avec de meilleurs notes, c'était lié au fait que ces étudiants proviennent d'un milieu aisé financièrement.

Il s'été avéré que si les écoles privées avaient des élèves avec de meilleures notes, c'est qu'elles pratiquaient un écrémage pendant le cursus secondaire : les moins bons élèves, à chaque année, finissaient dans le système public -- renvoyés ou bien ils choisissaient eux-mêmes de changer, je me souviens plus. Mais à la grande surprise des enquêteurs, ceux qui étaient éjectés étaient souvent les élèves provenant des familles les plus riches. Ces élèves, en général, avaient tout cuit dans le bec et ne réalisaient pas que pour avoir de bonnes notes, il fallait travailler! Ceux qui avaient les meilleures notes et se rendaient au bout du cursus étaient issus de la classe moyenne.

Mais bon, ça empêche sûrement pas certaines écoles de garder quelques fils de riche pour avoir les sous de papa et maman :-D Ni beaucoup d'étudiants qui entre au baccalauréat de penser que pour avoir une bonne note, ils ont juste besoin de payer.

Dominic Bellavance a dit…

On en discutait justement il y a quelques jours, Mireille et moi. Quel est l'équilibre idéal? Car on veut bien éviter de gâter notre enfant, mais en même temps, on ne veut pas ne rien lui fournir non plus.

Une chose est sûre : le iPhone, je vais le payer pour moi-même avant d'en acheter pour d'autres ;)

Isabelle Lauzon a dit…

L'équilibre idéal, on le cherche sans arrêt... Et d'après mon expérience, il est directement lié au milieu dans lequel on vit.

Exemple : je ne voulais pas acheter de console Wii lorsque mes enfants étaient plus jeunes. J'étais contre. Puis, à force de voir que tous les amis de mon fils en avaient une... et qu'il passait pour le pauvre de la rue... nous avons acheté une console Wii. Même chose pour le DS.

Par contre, ma soeur, qui habite dans une région plus rurale et moins portée sur les gadgets technos (d'après ce qu'elle m'en dit des amis de son fils), ne compte pas acheter de Wii. Et, de fait, elle subira sûrement moins de pressions de ce côté.

La morale de cette histoire? La job de parent, c'est aussi de se poser tout un tas de questions sur ses valeurs, sur les choix à faire pour rendre ses enfants heureux et sur les moyens pour leur assurer un certain équilibre mental... et social, parce que c'est quand même important, d'être accepté socialement. Même si parfois, ça passe par les gadgets technos... Dure réalité de notre époque! :S

J'ai tu déjà dit que la job de parent, c'était facile? Sûrement pas!!! ;)

Gen a dit…

@Idmuse : Ah ben merci! ;)

@Prospéryne : Hep, ce qui est triste, c'est de voir à quel point elle ne le réalise pas.

@Phil : Pour avoir enseigné à l'école privée, ce que tu dis est partiellement vrai : les meilleurs n'étaient souvent pas les plus riches. Mais à 250 000$ de revenu familiale moyen, on peut se demander s'ils provenaient vraiment de la classe "moyenne"! Et oui, l'école tolérait certains comportements de la part d'élèves très riches qui n'auraient pas été tolérés de plus pauvres.

@Dominique : Je pense que l'équilibre à tenir est de forcer l'enfant à faire des choix entre plusieurs trucs qu'il veut. Lui montrer qu'il ne peut pas tout avoir. Et, à mesure qu'il vieillit, le responsabiliser en le laissant gérer un petit budget, en lui confiant certaines dépenses, en fonction de son revenu. C'est ce que mes parents ont fait avec moi et je les en remercie aujourd'hui! :) (soit dit en passant, ils se sont remarquablement planté avec ma soeur par contre! lol!)

@Isa : Je pense que le mot clé, c'est l'adaptation (comme tu t'es adaptée à propos de la Wii, en voyant l'importance que ça avait). Et ne pas TOUT leur donner, juste parce qu'on en a les moyens.

Pat a dit…

Misère...

J'aime beaucoup ta réponse à Dominic: éduquer l'enfant à faire des choix.

Maintenant, on verra si je me souviendrai de cette discussion quand Gamin va exiger un nouvel abonnement d'Iphone 3000... ;)

Joe_G a dit…

oui mais si le jeune n'aura jamais besoin de travaillé, pourquoi devrait-il commencé maintenant?

Je suis toutefois d'accord qu'acheter une 2e console de jeux vidéo c'est pas absolument nécessaire.

Éléonore a dit…

Gen tu as fait une excellente analyse ! Pourquoi se faire suer, popa moman le font pour lui ! Mais qui est le plus coupable ?

Gen a dit…

@Pat : Je pense que l'important, c'est vraiment le concept du choix. Il faut réaliser qu'on ne peut jamais TOUT avoir dans la vie (à moins d'être milliardaire et encore), qu'il faut prioriser. Ah et faut aussi leur apprendre à faire la distinction entre un désir et un besoin (mais ça, bien des adultes ont de la misère à le comprendre, alors...)

Quand Gamin sera en âge, ptêt que les archives du blogue seront encore en ligne! ;)

@Joe : Si ses deux parents sont riches, mais travaillent, ça veut dire que le gamin devra, pour conserver le même niveau de vie, travailler à son tour un jour ou l'autre. Vaut mieux commencer quand ça fait pas trop mal! :p

@Éléonore : C'est sûr que je mets la faute sur les parents. Le jeune, on verra quand il aura 25 ans s'il a été capable de faire son bout de chemin ou pas! ;)

Nomadesse a dit…

Disons que ça aide de venir d'une famille qui n'a pas beaucoup d'argent. Je me souviens des deux années où mon père a fait des heures supplémentaires pour nous payer des billets de saison pour qu'on apprenne à faire du ski...

Évidemment, je travaille depuis que j'ai 15 ans. Et même avant si on compte les séances de gardiennage. Mais je crois que je ne conseillerai pas nécessairement à mes enfants d'en faire autant que moi. Je faisais du 50 heures par semaine l'été, avec deux jobs. J'ai failli par tomber malade. Mais je n'ai pas "allumé" que j'en faisais trop jusqu'après la fin de mes études, en ayant droit à mes premières "vacances". Ça faisait depuis mes 14 ans que je n'avais pas eu de temps libre... Sentiment bizarre.

Je dirais donc que tout est dans l'équilibre. On m'a montré l'importance du travail. J'ai réappris plus tard l'importance du temps, et même... du temps de l'ennui. ;)

Alors je tenterai de montrer à mon fils l'importance des deux. :) Et non, pas de iPhone avant qu'il puisse se le payer lui-même!