James Church est le pseudonyme d'un ancien agent du renseignement qui a été posté pendant des années en Corée du Nord. Un mort à l'hôtel Koryo, c'est son premier roman, qui raconte les aventures de l'inspecteur O de la police de Pyongyang. Le tout avait été recommandé par Norbert Spenher dans son article sur les polars en terre étrangère.
J'ai donc acheté. Après tout, la Corée du Nord est un pays mystérieux (complètement replié sur lui-même), berceau du taekwondo et où la délation et la corruption sont des modes de vie. J'avais donc vraiment envie de le visiter à travers un roman policier.
Le bouquin, intitulé, je le rappelle Un mort à l'hôtel Koryo, se présente avec le résumé suivant :
Guetter du haut d'une colline le passage d'une voiture et la prendre en photo. Des ordres à priori faciles à satisfaire pour l'inspecteur O. Sauf que l'appareil ne se déclenche pas. Et que la berline noire aux vitres teintées roulait sans plaque. Quand, de retour à Pyongyang, les membres de l'état-major nord-coréen lui demandent de s'expliquer sur l'échec de sa mission, O prend enfin la mesure du traquenard.
Bon, à la lecture de ce résumé, on se demande déjà : "Et le mort du Koryo dans tout ça?" Question qu'on se posera souvent en cours de lecture. Et question que l'inspecteur chargé d'élucier le décès dudit mort semblera se poser beaucoup moins souvent que nous!
Voyez-vous, l'inspecteur O n'est pas un mauvais policier. Par contre, ce n'est pas exactement le citoyen nord-coréen modèle. Alors il perd beaucoup de temps, qu'il devrait consacrer à ses enquêtes, à tenter de se dépêtrer des jeux d'influence entre les militaires et les services de renseignement, à chercher une bouilloire en état de marche pour se faire du thé, à semer des équipes de filature, à comprendre pourquoi on a retrouvé un cadavre au bord de la route où il a fait le guet, à deviner les conséquences à long terme de l'accusation d'un suspect, etc...
Toute cette histoire, très emberlificotée, nous est racontée par O, alors qu'il partage des renseignements avec un agent britannique. L'entretien, on le comprend, se déroule quelques temps après les événements. Et le Britannique pose rapidement la même question que le lecteur "Et votre enquête, dans tout ça?".
Ce à quoi O lui répond que, dans son pays, on ne résoud par les enquêtes et les problèmes. On s'assure simplement qu'ils ne nuiront à personne d'important.
Une fois prévenus qu'on n'assistera pas à un récit policier classique, il devient beaucoup plus facile d'apprécier ce roman kafkaïen, au rythme lent, qui nous plonge dans un univers alinéant où on s'étonne de voir fleurir de temps à autre un peu de chaleur humaine... et où on n'arrive jamais à la croire totalement sincère.
Bref, une expérience de lecture déstabilisante et dépaysante, à réserver aux curieux. Je ne sais pas encore si je poursuivrai la lecture de cette série.
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