... ou l'art d'écrire un billet explicatif plus long que le texte! lol!
Bon, le point de départ de "De Dragonis Gesta" a été la question suivante : Pourquoi, dans les histoires classiques de dragons, ceux-ci veulent-ils qu’on leur offre de jeunes vierges, idéalement de sang royal, en sacrifice?
Mon cerveau tordu est arrivé à la conclusion suivante : Et si le dragon avait plus d’un usage potentiel pour lesdites jeunes vierges? Et s’il y avait un lien entre la lignée royale et les dragons? Un lien d’interdépendance. Les dragons naîtraient du ventre des princesses et certains rois viendraient d'œufs de dragon.
Au début, j’ai pensé en faire une histoire pour enfants, qui ferait un bel album avec des dessins de dragons. Puis, en l’écrivant, j’ai réalisé qu’entre la princesse à la peau brûlée qui devenait enceinte du dragon, l’accouchement sanglant et la guerre, j’avais quelque chose d’un peu trop violent pour le transformer en album pour enfant acceptable dans notre monde surcouvé et politiquement correct. Quelque chose de beaucoup plus proche des contes traditionnels…
C’est alors que le déclic s’est fait. J’avais déjà écrit, pour une partie de jeux de rôles où intervenait un personnage de scalde, une histoire sur le ton d’une saga islandaise, en forme de couplets et de refrains, avec des répétitions d’épithètes qui faisaient très homérique.
J’ai donc pris mon histoire de dragons, qui faisait un bon 2500 mots, et je l’ai mise sous cette forme, les «refrains» me permettant de couper des détails. Le résultat faisait encore 1500 mots. J’ai donc coupé encore et encore, simplifié mes phrases, fouillé pour trouver des mots plus évocateurs, relu quelques passages de l’Illiade pour me remettre le ton en mémoire…
Un mot sur le titre : il est passé de «La geste des dragons» à «De Dragonis Gesta», parce que ce latin de cuisine me faisait économiser un mot! (Je dis latin de cuisine, parce que «des dragons» aurait dû être «draconis» et non «dragonis» comme je l’ai écrit par erreur au début, mais ce genre d’approximation étant dans le ton des chansons de geste du Moyen Âge, j’ai décidé de la garder! :)
Et voilà, le résultat final, vous pouvez le lire sur le site de l’Ermite. J’en suis vraiment contente.
Après le style «à l’infinitif» utilisé l’an dernier, voilà que j’ajoute le style «chanson de geste» dans ma boîte à outils d’écrivaine. C’est ce que j’aime des nouvelles : elles me permettent d’expérimenter! :)
13 commentaires:
De Dragonis Gesta... ou l'art d'avoir un talent exceptionnel !
L'excellence par le dégraissage :-)
Comme dit le dicton: "La perfection s'obtient lorsqu'on ne peut plus rien retirer." :)
@Lucille : Ben si le talent est exceptionnel, l'art a plus grand chose à y voir, non? ;) Et la technique ayant joué un grand rôle ici, j'pense que mon talent principal est de transpirer longtemps sur un texte ;)
@Richard : Ouaip, plus de graisse et juste des petits os au final!
@Vincent : Ça va être dur de faire des gros romans parfaits alors! ;) Les premières versions seraient titanesques!
Dommage que mon commentaire chez M.Ermite se soit volatilisé, mais j'en répète l'essentiel ici: J'ai adoré :)
Et j'aime beaucoup tes making-of. Toujours très intéressants.
Pat : Je n'y suis pour rien. Blogger a déconné récemment. Je ne savais pas qu'il en manquant des bouts... Reposte stp !
@Pat : Pas grave, je l'avais lu! :) Et pour les making of, j'essaie d'écrire ce que j'aimerais souvent savoir chez les autres auteurs! :)
@Richard : Ouais, ça a été généralisé. Pas grave.
En passant, parce mon pig latin s'est perdu depuis longtemps, le G de gesta est dur ou doux ?
Encore félicitations, j'ai vraiment aimé ton texte !!
Félicitations Gen! J'ai beaucoup aimé ton texte, et aussi la description du processus pour y arriver. Magistral. Tu as bien mérité ton prix.
Très intéressante à lire cette explication !
J'aime bien que tu prennes le temps d'expliquer l'idée derrière tes textes, tes défis personnels, tes techniques. C'est très intéressant et... formateur!
Expérimenter, expérimenter... Je crois que c'est un des nombreux éléments qui t'ont permis de récolter coup sur coup tes 2 prix littéraires : tu es toujours à la recherche d'une nouvelle façon de faire, d'une nouvelle vision, d'un nouveau défi. Et on dirait bien que c'est payant! :D
@Richard : Dur le "g"
@La tête, Hélène et Phil : Merci :) J'adore lire les notes de mes auteurs préférés sur leur écriture, alors je partage les miennes dès que je peux :)
@Isa : Oui, je pense aussi qu'expérimenter est la clef. Ça permet d'affiner la technique, de sortir de notre zone de confort... et de surprendre un peu le lecteur! ;)
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