Je baigne dans un milieu où le contrôle de soi et le respect de l'autre est quasiment érigé en religion. Quand vous empilez régulièrement dans la même pièce une vingtaine de personnes capables de se blesser gravement en un mouvement ou deux, c'est souhaitable, mettons.
Les arts martiaux, surtout ceux axés sur le full contact, peuvent être dangereux, on ne se le cachera pas. Ce sont des armes. Une arme en elle-même n’est pas dangereuse. Cela peut être un objet d’art. Son maniement peut être un loisir. Mais dans de mauvaises mains, une arme peut blesser et tuer.
On apprend donc aux pratiquants d'arts martiaux à ne réagir qu'en cas d'attaque physique et, même dans ces cas-là, on nous enseigne à respecter l'adversaire, à ne réagir qu'en proportion de son attaque. On nous inculque qu'il faut ignorer la violence verbale, les piques, les insultes, les défis. Georges St-Pierre n'est pas le héros de toute une génération de pratiquants d'arts martiaux pour rien : il est sans doute le meilleur exemple qui puisse exister d'un combattant qui garde son sang froid sous les coups de gueule.
Sauf qu'un moment donné, il y en a qui, sachant que nous sommes tenus à un idéal de contrôle de nous-mêmes, poussent le bouchon un peu loin, testent les limites de notre contrôle. Ce faisant, ils font preuve de ce qui nous semble un irrespect profond pour nos capacités. Nous pourrions les démolir. Nous ne le faisons pas. Nous respectons la personne en face de nous en ne tentant pas de nous imposer par la violence. Souvent, nous restons posé et calme dans des circonstances où d’autres auraient gueulé ou frappé. Pourtant, la personne ne semble pas voir qu’elle exagère. Pourquoi tente-t-elle de nous pousser dans nos derniers retranchements? Pourquoi use-t-elle d’impolitesse, voire de violence verbale à notre égard?
Normalement, lorsque nous sentons que la personne dépasse les bornes, nous émettons un avertissement. Lui demandons de se taire ou de changer de ton.
Et là, soudain, on dirait que la menace que nous représentons, mais que nous tenons soigneusement en laisse, revient en tête. Quelqu’un de moins entraîné pourrait crier des insultes à l’impertinent, lui dire de fermer sa gueule, et ça passerait. Mais que nous lui disions calmement « s'il-te-plaît, tais-toi », cela passe pour la pire des menaces. Pour une perte de contrôle.
À ce moment-là, le contrôle n’est pas encore perdu. Mais à l’instant où on nous pointe d'un doigt accusateur en prenant l’avertissement pour une perte de contrôle, là il est à craindre qu’il y ait des dérapages.
Parce qu’un moment donné, il y a une limite à être calme et poli. Il y a des gens qui courent vraiment après le trouble!
8 commentaires:
Quel enfant, quel adolescent et même quel adulte n'essaie pas de voir où sont les limites de l'autre. Question d'éprouver ses propres limites ou d'affronter sa peur.
C'est le jeu du gagnant-perdant, le jeu de la victime et du bourreau.
Je déteste ce jeu parce que je n'ai jamais très bien su y jouer, peu importe de quel côté je me situe.
Mais on dit que c'est la vie où chacun se définit.
S'il s'agit de ce que je pense, c'était effectivement une drôle de conversation.
@ClaudeL : Ce que je déteste, c'est ceux qui jouent à ce jeu, puis font les innocents quand on leur indique que la limite a été franchie!!! Heille, tu testais, tu viens de trouver la limite, facque endure notre réaction. On est encore gentils...
@Pat : Ça ne vise malheureusement pas une seule conversation. Le temps des Fêtes est fertile en occasion du genre.
Il y a de ces gens qui n'aiment rien mieux que de "tester" les autres, leur résistance, leur sang-froid. Ils ont du temps à perdre, devraient plutôt se pencher sur eux-mêmes, chercher à comprendre.
GSP et les adeptes sérieux d'arts martiaux sont "centrés", "là", et j'imagine que ça dérange les "éparpillés"!
@Marico : Je sais pas si c'est le fait d'être centrés qui dérange les autres. J'ai plutôt l'impression qu'à force d'être gentils et de ne pas réagir avec violence, les autres ont l'impression (fausse) qu'on va se laisser marcher dessus.
Je comprends très bien de quoi tu parles, Gen. Le roman jeunesse sur lequel je travaille met justement en scène un jeune guerrier qui apprend que l'art du guerrier est justement d'être apte à ne jamais combattre.
C'est vrai que, parfois, il est difficile de garder son calme...
J'oubliais, il y a, je crois, une coquille dans cette phrase du second paragraphe : "Une arme en elle-même n’est dans dangereuse."
Tu peux effacer ce commentaire maintenant que tu l'as lu ;-)
@Carl : Je ne dirais pas être apte à ne jamais combattre, mais plutôt à combattre juste quand il le faut... Mais bon, même principe en effet ;)
Pour la coquille... coudonc, ça devait être clair pareil si t'es le premier à me la signaler! lolol!
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