Le stagiaire du bureau (qui agit comme mon patron depuis quelques mois puisque j'ai perdu le mien... ce qui me vous donne une idée de la place de la secrétaire dans la hiérarchie d'un bureau d'avocats), le stagiaire, donc, m'a offert un livre pour Noël : La cité des jarres de Arnaldur Indridalson. On avait parlé littérature une fois ou deux et il m'avait dit qu'il aimait beaucoup le policier.
Je lui avais donné deux-trois noms de bons auteurs québécois de policier, puisque, comme la majorité des gens, il ne semblait pas savoir qu'il existait d'autres auteurs québécois que Marie Laberge et Danny Laferrière. Enfin, passons... Lui m'avait parlé d'Indridalson, un auteur islandais qui se veut une réponse au suédois Mankell. Comme j'avais manifesté mon intérêt, il m'a offert un des bouquins de cet auteur pour Noël. Le meilleur, selon lui.
Hum... Bon, si c'était le meilleur, je vais passer mon tour pour la suite. Pas que c'était mauvais, mais disons que c'était du niveau des moins bons Mankell. Il est d'ailleurs impossible de ne pas comparer les deux auteurs. L'inspecteur Erlendur de Indridalson ressemble à un clone du Wallander de Mankell : les deux sont dans la cinquantaine, pas en santé, pas en forme, adeptes des méthodes d'enquête peu orthodoxes, rebelles à l'autorité, célibataires, solitaires, bourrus, avec des relations familiales complexes et houleuses.
De plus, là où Mankell, tout en nous racontant une enquête policière, nous fait visiter la Suède et nous en fait comprendre les particularités, Indridalson nous donne l'impression que son intrigue se déroule dans un décor en carton. On est en Islande, puisqu'il nous le dit, mais on a l'impression que l'action pourrait se passer n'importe où ailleurs dans le monde. Il n'y aurait qu'à changer quelques noms. Mankell a eu le génie, pour se différencier du roman policier américain, d'asseoir ses intrigues sur l'actualité politique et les particularités de la Suède. Indridalson, lui, ne prend pas cette peine.
C'est dommage : cela aurait donné beaucoup de profondeur à son intrigue qui, en l'état des choses, semble banale au départ, puis inutilement emberlificotée. Le lecteur n'a aucune chance d'en saisir les éléments avant que l'inspecteur Erlendur ne les dévoile. L'exposition des faits est, heureusement, faite avec talent. Et Erlendur, comme Wallander, a un certain côté attachant, celui du vieux grincheux légèrement déphasé d'avec son époque.
Cela n'évite cependant pas au livre de sombrer dans l'oubli sitôt refermé. À réserver aux périodes où vous voulez vraiment lire pour vous détendre.
(Lecture 2011 #3)
20 commentaires:
Tu acceptes des cadeaux de ton patron, toi?!!
Ouais, mais paraît qu'il faut le lire en version originale pour apprécier le roman dans toute sa subtilité ;)
@ClaudeL : À date, dans tous les bureaux d'avocat où j'ai travaillé, les avocats font des petits cadeaux à leur secrétaire pour Noël et leur paient le lunch pour leur fête... quand on voit la façon dont certains avocats traitent leur secrétaire le reste de l'année, on comprend d'où est partie la coutume! :p
@Guillaume : lol! Bon, après le japonais, je vais me mettre à l'islandais... (ou est-ce le finnois?)
La Cité des Jarres n'est pas son meilleur.
J'ai de beaucoup préféré La femme en vert, qui mélange passé et présent de façon assez habile, même si j'ai trouvé la fin un peu trop prévisible...
@Yves : Bon, je réessaierai ptêt un de ces quatre alors...
@Gen : Et oui, Mankell est, selon moi, beaucoup supérieur à Indridason. :)
@Yves : J'vais être vache : c'est pas dur! :p
@Gen : En passant, le blogue MMA d'un ami, si ça t'intéresse : http://legrandclub.rds.ca/profils/PlaneteMMA/posts/101702
@Yves : Ton ami occupe ma job de rêve. J'aurais dû étudier en journalisme.
@Gen : Il n'est jamais trop tard! :P
@Yves : Heu, non, merci. Six ans à l'université, ça fait là!!! J'vais me contenter de rêver, de bloguer et d'écrire des romans!
Ah! Moi, je n'ai pas de cadeaux, mais mes boss me traitent hyper bien, alors ça compense amplement... :D J'aime mieux une belle relation à l'année longue qu'un cadeau une fois par an pour se faire pardonner l'enfer vécu à l'année longue! :D
@Isa : J'ai pratiquement le meilleur des deux mondes : les avocats ici sont plutôt gentils (j'ose pas dire qu'ils le sont tous : j'ai pas de patron encore...) et ils font des cadeaux ;)
Je suis en train de lire la Trilogie Berlinoise et ta description des enquêteurs correspond parfaitement à celle du détective privé Bernhard Gunther (sauf que lui a 38 ans).
Bon j'avoue ne pas tripper sur les polars alors je suis mal placé pour vraiment commenter, par contre, j'adore le fait que son histoire se passe dans le contexte du IIIème Reich à Berlin..., d'autant plus que la ville Allemande est très bien décrite (et comme j'ai eu la chance de la visiter cet été, je suis tout énervé chaque fois que je lis un nom que je reconnais...)
Faut croire que les détectives privés de par le monde ont tous la même "shape" (excusez l'anglicisme, mais bon ;o)
Et moi aussi j'ai des cadeaux de mon boss (suis secrétaire aussi ;o)
Indridalson est pas mal surestimé quant à moi. Y a le Gunther de Philipp Kerr, signaké par Pat, mais il y a aussi chez les Scandinaves, l'inspecteur Timo Harjunpää d'Helsinki de l'auteur Matti Joensuu, qui est vraiment très, très bien, glau que et social.
@Patrick : Gunther a par contre un aspect un peu coureur de jupons qui le rend plus sympathique selon mon souvenir... Et oui, Berlin y est très bien décrite! :)
@Lucille : Ah, une consoeur ;) Pour les détectives... mettons que les clichés ont la vie dure!
@Richard : Très surestimé j'ai trouvé. Joensuu, je note! :)
Ah? Il faut être coureur de jupon pour être sympatique aux yeux de mamzelle Gen :p
@Patrick : lolol! Fais-moi pas dire ce que j'ai pas dit! Tu vas donner des idées à mon chum! hihihihi
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