L'analyse d'Élisabeth sur mes textes a été douloureuse à entendre, mais je dois lui donner raison (ce qui fait encore plus mal).
En gros, elle m'a dit que j'ai une belle plume, que je maîtrise très bien la technique, les structures, etc, mais que je fais des textes "plats" (ne pas confondre avec "plate", quoiqu'on en soit pas loin). Tout y est placé, calculé. Mes personnages ont des sensations et des émotions, mais pas de passé ni d'aspiration. Ils sont souvent au service de l'intrigue. Quand ce n'est pas le cas, c'est que l'intrigue, elle, est faible. Bref, j'ai tendance à me concentrer sur l'un ou l'autre des grands aspects du texte, pas sur les deux, ce qui donne des textes manquant de relief et de profondeur.
Les exercices qu'on a fait à l'atelier et la comparaison avec les textes des autres me permettent de voir en gros ce que je devrai faire pour corriger ce travers. En gros, dis-je. Pas sûre que j'arriverai à l'appliquer réellement.
La Grande Dame suggère aussi que je ne brainstorme probablement pas assez longtemps tous les éléments de mes plans. Que je devrais prendre plus de notes, histoire de me sauver du temps en ré-écriture. (Pour elle, voir les détails de l'intrigue et des dialogues se dessiner au fil de l'écriture relève du péché mortel! lol!).
Enfin, elle m'a dit que je devais apprendre à me déstructurer et à tricher. À sortir des cadres, à explorer mon subconscient. J'ai tendance à être très disciplinée et cela me bloque parfois. Par exemple, nous avions deux jours pour écrire une nouvelle sur place. J'ai donc aussitôt imaginé une nouvelle que je pouvais écrire en deux jours, avec peu de personnages et une intrigue simple, plutôt que de fouiller à fond les mots que j'avais pigé, quitte à ce que ça m'entraîne dans un projet d'envergure que je ne pourrais pas terminer. Résultat : la nouvelle produite sur place souffre pas mal des mêmes défauts que celle produite avant l'atelier. Misère!!!
Bref, je reviens du Saguenay un peu déprimée. Ça va me passer, bien sûr, mais pour l'instant je regarde le chemin que j'ai à faire et ça me décourage un peu. Je me demande si j'en serai capable.
Je m'ennuie aussi de l'ambiance de camaraderie qu'on avait à l'atelier, de nos déconnages, de nos échanges constants. Là je suis de retour dans mon quotidien, je recommence à écrire en solitaire. Pas facile.
Mais bon, heureusement vous êtes là! ;)
14 commentaires:
Ça a dû être une expérience quand même extraordinaire. Ce n'est pas n'importe quand que l'on est en mesure d'obtenir des commentaires d'une auteure aussi chevronnée, même si ces commentaires font un peu mal à l'égo. Mais c'est ce qui fait grandir en tant qu'auteur. Si seulement ce genre d'atelier pouvait se donner plus près de Montréal : )
Pêché mortelle que de se laisser aller au gré de l'écriture...faudrait qu'elle en parle à Stephen King : ) Lui c'est tout le contraire. Mais j'imagine qu'il y a un juste milieu à tout ça où chacun peut se sentir confortable.
@François : Ce fut une expérience extraordinaire en effet :) Surtout qu'Élisabeth a vraiment concentré ses commentaires sur nos faiblesses propres, pas sur des généralités. Et je plaisante quand je parle des blessures d'égo ;) Je ris suffisamment facilement de moi-même pour accepter les critiques sans trop de larmes! lol! (Passé le premier moment de découragement)
Et Élisabeth donne un atelier court chaque année à Montréal. Tu es trop tard pour cette année (c'est la fin de semaine prochaine), mais si ça t'intéresse, tu peux communiquer avec Élisabeth Vonarburg via son site web.
Pour ce qui est de la méthode, c'est sûr que chacun a la sienne. Par contre, explorer celle d'Élisabeth me permettrait probablement de combler certains de mes défauts, donc l'expérience mérite d'être faite! :)
Tu as l'air d'avoir assisté à un vrai atelier, de ceux qui sont profitables. Je suis contente pour toi. Surtout, ne doute pas, tu vas progresser. S'il le faut, évite de regarder le chemin à parcourir devant toi. C'est vrai que ça peut donner le vertige ;)
@Karuna : Il en existe des pas vrais? Entk, oui, je vais progresser, c'est sûr! :)
Oh que oui, il en existe des «pas vrais»!!!!! Je ne m'étendrai pas sur le sujet parce que ça pourrait froisser certaines personnes très en vue, mais j'ai assisté à l'un d'eux et l'atelier n'avait d'atelier que le nom...
@Elisabeth : Ok, je t'accote dans un coin au prochain SLM et tu me raconteras ça! ;)
(C'est pas du potinage : c'est pour m'éviter de dépenser de précieux sous pour rien!)
J'aurai vraiment aimé assister à cet atelier. Certes, on peut s'en sortir avec des égratignures, mais avec une progression qui pourra qu'apporter du positif dans le futur.
J'aimerais me faire dire mes défauts d'écriture aussi,c'est un pas de géant accompli....après coup ;)
Ton témoignange me saisit et me force à encore m'auto-critiquer et développer de nouvelles pratiques.
@Pierre : Y'a toujours l'atelier court de l'an prochain si l'expérience te tente! ;)
Je dois dire que je parle d'égratignures et d'égo en miettes, mais c'est à la blague. J'ai plutôt une immense terreur en regardant le chemin à parcourir. Mais bon, je sais par où commencer là :)
Pour ce qui est de l'auto-critique et de l'expérimentation : l'auto-critique a malheureusement ses limites (un moment donné, faut qu'on nous dise ce qui cloche pour que ce soit évident). Par contre, les nouvelles pratiques, je pense que c'est une bonne idée. Faut expérimenter sans cesse pour créer! :)
Maintenant: quelles étaient les contraintes pour la nouvelle? :)
Pour ce qui est du chemin à faire... Il est aussi gratifiant sinon plus que la récompense, non? (à moins que ce ne soit qu'un autre mécanisme de défense que je m'suis façonné pour épargner mon petit ego malmené ;))
@Pat : Cinq mots pigés au hasard : deux lieux, un personnage, une situation et un "mouvement" devant se refléter dans notre écriture.
Je peux pas les dire, parce que je soupçonne Élisabeth de vouloir les recycler et je voudrais pas que quelqu'un puisse s'y préparer la prochaine fois ;)
Après tout, en effet, le chemin est gratifiant... mais je veux pas être la seule à souffrir! hihihihi
C'est drôle, parce que ma prof d'ateliers à moi, elle prônait justement la spontanéité à tout prix! Elle voulait qu'on plonge sans filet, sans savoir ce qui allait arriver, et qu'on découvre la fin... juste à la toute fin!
Faut dire que c'était un atelier de "création littéraire", un lieu d'expérimentation sur de très courts textes, donc on pouvait se permettre de travailler sans plan. Tandis qu'avec Elisabeth, ce doit être plus difficile. Les textes sont plus longs, les contraintes plus exigeantes...
Finalement, dans tout ça, je me dis que c'est à l'auteur de choisir son mode de fonctionnement. Des fois, je connais la fin, des fois non. Des fois, j'ai plusieurs finales en tête, mais je me décide juste à la réécriture.
Est-ce que c'est vraiment une mauvaise chose, la spontanéité, docteur?
@Isa : J'ai l'impression qu'Élisabeth considère qu'on est à un niveau où on a plus besoin de tout écrire pour créer et être spontanée. Elle, elle est spontanée dans son plan et ses notes, puis elle retravaille, mélange tout ça, prend d'autres notes.
Lorsqu'elle s'installe devant son écran, il ne lui reste qu'à écrire, avec le moins de surprise possible.
Ça doit aller pas mal plus vite que ma méthode de type : plan squelettique, allez, je plonge et on ré-écrira ensuite ;)
Mais oui, je pense que c'est chacun sa méthode :)
Effectivement, je pense comme toi Gen. On fini par arriver à un niveau où on apprend à mieux préparer nos choses, faire des tempêtes de cerveau efficace. Pour moi, c'est venu avec l'expérience... Mais il faut se poser des questions, parce que rien dans l'écriture n'est gratuit.
C'est drôle, je suis sortie de l'atelier l'année dernière avec un peu de désillusion, mais cette année... c'est fou ce que j'ai appris. Preuve que je ne suis déjà plus la même auteure que l'année dernière. Depuis, j'ai écrit un roman, réécrit un roman ado, un scénario... et d'autres nouvelles.
@Sahée : En effet, quelle expérience enrichissante! C'est de tout mettre en pratique qui me terrifie! lol!
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