lundi 22 mars 2010

La folie des écrivains

La Presse publie un article très intéressant au sujet de recherches qui ont été faites et qui ont découvert qu'une proportion extrêmement forte d'écrivains souffrent ou ont souffert de maladies mentales diverses (à lire ici).

Je m'interroge. Il y a un certain historique de troubles mentaux dans ma famille. Je me sais moi-même fragile psychologiquement et émotionnellement. Parfois, j'ai l'impression que mon système nerveux n'est qu'une corde trop tendue. Les tensions autour de moi, les stress, font vibrer cette corde, menaçant de la rompre. Dans ces cas-là, j'ai deux alternatives : écrire frénétiquement ou m'engourdir l'esprit (par l'entraînement... ou un abus de télé).

Quand rien ne vient mettre mes nerfs à l'épreuve, l'écriture même s'en charge. Pour me glisser dans la peau d'un personnage, pour trouver le ton juste dans ses réactions, souvent je remue en moi des souvenirs sensibles ou alors j'essaie d'imaginer comment je réagirais si...

Au final, je me demande donc si l'écriture n'agit pas (chez moi et chez d'autres) comme un contrepoids qui garde l'écrivain toujours à la frontière de la santé mentale : le poussant vers le point de rupture quand il est en forme, l'empêchant de basculer lorsque la tension est à son comble.

Parce qu'il faut être un peu fou pour imaginer et faire vivre, à l'aide de simples mots, une dizaine de personnages ayant chacun leur personnalité propre, non?

9 commentaires:

Karuna a dit…

Non! Rien à voir. Il faut être sensible, oui. Est-ce que la sensibilité est devenue une maladie? T'as vu la longue liste d'écrivains malades sur laquelle l'article fini? Comme si c'était une preuve! J'peux t'en faire une bien plus longue avec des noms d'écrivains qui n'étaient pas malades. Et je peux te faire la même liste avec des mécaniciens bi-polaires, des infirmières borderlines,des professeurs avec troubles anxieux ... L'artiste tourmenté et atteint de maladie mentale est un concept un peu charié à mon avis. Il y en a, mais c'est parce que la maladie ne fait pas de distinction de métier avant de frapper. En tout cas, s'ils veulent me convaincre, ces auteurs ont besoin de statistiques plus sérieuses que ces rapprochements douteux et ces conclusions basées sur une expérience personnelle.
Pour terminer, je crois que l'écriture peut certainement être un exutoire pour nos émotions, mais pas un traitement pour une véritable maladie.

Gen a dit…

@Karuna : Voilà qui remet les pendules à l'heure ;) En effet, je suis d'accord : l'article est loin d'être convainquant. Comme souvent, il a simplement servi de point de départ à ma réflexion. ;)

Je ne me considère pas malade, mais plutôt hypersensible... je rajoute le "hyper", parce qu'il me semble que je me heurte souvent à la froideur et au manque d'empathie des gens qui m'entourent. Au point de me demander si c'est moi qui est normale.

Cela dit, la maladie mentale ayant tellement de degrés et de formes d'expression, je continue de me demander si l'écriture ne peut pas constituer une forme de traitement chez certaines personnes. Après tout, l'art-thérapie a déjà prouvé ses vertus.

Frédéric Raymond a dit…

J'ai toujours pensé que nous sommes tous un peu fêlés, chacun à notre manière. Si nous ne l'étions pas, nous serions des machines... C'est ce qui rend les gens intéressants.

Gen a dit…

@Fred : Bien d'accord! ;) Ma mère avait coutume de dire que le fou qui sait qu'il est fou est bien moins fou que le fou qui s'ignore! :D

Frédéric Raymond a dit…

Et le fou qui sait qu'il est fou s'amuse follement plus que le fou qui est fou sans lâcher son fou ;-)

Joe G a dit…

J'avancerais que la majorité des auteurs font plus d'introspection que la moyenne.

Quand l'écriture comme 'cure', je parlerais plus d'exutoire pour certain.

Ça semble avoir sorti l'humoriste Lewis Black de ses problème de drogue, je suis persuadé que le cartooniste Aaron Mcgrader serait viré violent sans ses comics puis je doute que J.D Salinger aurait survécu la mort de son frère sans l'écriture.

Faire vivre dix personages fictifs avec quelques mots, c'est du talent. Les inviter à souper par contre...

Pierre H.Charron a dit…

Ma mère est schizophrène, peut être que le personnages imaginaires qui me hantent sont le fruit de ma génétique.
C'est de l'ironie bien-sûr, je ne crois pas que la maladie elle même influence l'imagination d'un écrivain....les expériences et les conséquences, par contre, très certainement...j'en témoigne.

S@hée a dit…

L'idée n'est pas nouvelle et en effet, l'article en question souffre d'un cruel manque de contenu.

L'alliance folie-création s'applique dans tous les arts. Les artistes sont plus... sensibles que les autres peut-être. Ou ils l'expriment plus.

On dit aussi que les grands génies sont/étaient fous. Bref, dès que quelqu'un se distingue de la masse, il est catalogué.

Mais c'est une généralisation dangereuse.

Gen a dit…

@Joe : Oui, peut-être que l'artiste qui doit faire vivre plusieurs personnages est généralement plus conscient que les autres de ses failles et de ses faiblesses. lol! Je suis pas rendue au stade du souper en groupe... ;)

@Pierre : En effet, voir quelqu'un qui souffre de ce genre de trouble nous influence... durablement.

@Sahée : Je pense que c'est les deux : sensibilité + expression plus grande. C'est peut-être parce que j'ai autant l'impression de sortir de la norme que certains jours il me semble que je suis sur le point de rompre...